vendredi 28 juin 2019

Le Graal des Humoristes

Paru aux Editions Riveneuve / Archimbaud
18 €

Un peu d'auto-promo parce que je ne suis pas mécontent de cet ouvrage. La plupart des personnes qui y ont témoigné à l'occasion du quarantième anniversaire du Point Virgule ont vraiment joué le jeu. Certains artistes - charme et candeur des débuts obligent - se sont même livrés à des confidences rares.
Pierre Palmade, qui a débuté dans cette "plus petite des grandes salles parisiennes" en 1989, nous raconte ses premières sensations.

mardi 25 juin 2019

Grévin


Grévin
10, boulevard Montmartre
75009 Paris
Tel : 01 47 70 85 05
Métro : Grands Boulevards

Depuis le début de l’année, le Grévin a fait peau neuve. Il s’est mis au goût du jour, d’abord en modifiant totalement son parcours, et ensuite en misant sur la modernité en jouant le jeu de l’animation, de la 3D, de la bande-son, de l’interaction. Aujourd’hui la visite est participative. C’est-à-dire que, tout au long du chemin, vous êtes amené à intégrer le décor, vous faites partie du show.
Le célèbre musée ne fait vraiment pas ses 137 ans ! Grâce à ce lifting efficace, esthétique et intelligent, ses personnages, bien que toujours de cire, ne sont plus figés.


La visite commence par l’incontournable Palais des Mirages. On entre tout de suite de plain-pied dans le monde de la magie. Le spectacle, à 360°, est féérique. Grâce à un jeu de miroirs l’horizon est démultiplié à l’infini. Personnellement, j’ai eu l’impression de me retrouver au cœur d’une mangrove. Le décor est enchanteur, onirique. Les lumières kaléidoscopiques, la musique envoûtante, les papillons qui volètent, la nature qui explose, tout contribue à nous émerveiller. Lorsqu’on en sort, on est sur un petit nuage, un nuage qui va d’ailleurs nous accompagner tout au long d’un parcours qui nous emmène se surprises en ravissements.

En toute logique, le tout premier personnage qui nous accueille n’est autre que la personnalité préférée de Français, Omar Sy. Il nous invite à découvrir cet écrin qu’est le Théâtre Grévin. Qui dit théâtre, dit artistes. Nous y sommes reçus par Benoît Poelvoorde et, disséminés ça et là dans la salle, nous tombons en présence d’autres stars de notre showbiz hexagonal dont je vous laisse le plaisir de la découverte.

Eric Antoine. Photo : Sylvain Cambon
 Ensuite, la visite proprement dite commence. On traverse d’abord un bar fréquenté entre autres par Gainsbourg ou Jean d’Ormesson ; puis on pénètre dans le quartier des dirigeants actuels, du Pape à Emmanuel Macron en passant par Trump et Poutine ; après quoi, nos pas nous entraînent dans l’univers de la cuisine ; celui des sciences, dominé par Einstein, lui succède… Le parcours, fléché et commenté, devient alors historique. Il est classé dans l’ordre chronologique et par thématiques. On entend des bruits bizarres, des sonorités étranges, les murs s’animent, les tableaux nous interpellent et, parfois, nous intègrent. Les rois et les grandes figures des arts et des lettres s’y succèdent. La période qui évoque la Révolution Française est superbement traitée. Pour la petite histoire, la baignoire sabot est celle, authentique, dans laquelle Marat a été assassiné en 1793…

Après cette pérégrination tout au long de notre Histoire, nous réintégrons le monde actuel. Au terme d’un couloir bordé des gigantesques tranches des livres de nos plus grands auteurs qui constitue en quelque sorte la bibliothèque idéale, à tout seigneur tout honneur, c’est Jules Verne lui-même qui nous introduit dans le monde virtuel de la BD et du dessin animé… Titeuf s’efface et, soudain, on se sent tout petit. C’est le double-mètre de Teddy Riner qui nous présente ses camarades de jeu(x) dont une triplette de rêve composée de Messi, Ronaldo et Mbappé…

Ronaldo, Messi, Mbappé. Photo : Sylvain Cambon
 On quitte alors le monde du sport pour se retrouver au milieu d’une pléiade de vedettes de la chanson. Le générique absolu ! Une vingtaine de stars intergénérationnelles y font le bœuf en toute amitié et confraternité. Lorsqu’on sort de ce paradis du music-hall, une musique familière, reconnaissable entre toutes, nous saisit les trompes d’Eustache. Le générique de The Voice nous interpelle et une pièce s’ouvre en grand devant nous, toute entière consacrée à l’émission de télévision. L’espace d’un instant, sous les regards bienveillants de Mika, Jenifer et M. Pokora, on peut s’installer dans les célèbres fauteuils rouges ou s’introduire dans une cabine d’enregistrement et jouer au chanteur.

C’est donc la tête encore emplie de musique que l’on débouche dans cette galerie qui clôture magistralement notre voyage pittoresque et fascinant : la magnifique Salle des Colonnes. C’est le bouquet final de ce feu d’artifices qui nous a éclaboussés de plaisir tout au long de notre périple. Inchangée depuis sa création en 1882, décorée du sol au plafond, cette salle se distingue par son style baroque. C’est dans ce décor hors du temps que nous attendent de nombreuses personnalités de tous les domaines. C’est un endroit où l’on ne peut que s’attarder car on en prend tellement plein les mirettes que l’on ne sait plus où donner de la tête.

Jules Verne. Photo : Sylvain Cambon
 Quand on quitte le Grévin et que l’on se retrouve brutalement confronté à la réalité tumultueuse du boulevard Montmartre. Le contraste est d’autant plus saisissant qu’on vient de vivre une déambulation intemporelle et fantasmatique en compagnie de plus de deux-cents personnages qui font partie de notre Histoire, de notre patrimoine et, aussi, qui émerveillent et enchantent notre quotidien.
Avec ce judicieux coup de jeune, le Grévin n’appartient plus au passé. S’adressant autant à notre Mémoire qu’à notre Présent, il est un temple d’aujourd’hui à la fois distrayant, ludique, onirique et éducatif. Ses effigies de cire n’ont jamais été aussi vivantes. Pour paraphraser Jules Verne, une visite au Grévin s’apparente à un « Voyage extraordinaire »…

Gilbert « Critikator » Jouin

samedi 22 juin 2019

Le Point Virgule fait l'Olympia


Pour le Point Virgule, l’Olympia est le point d’exclamation qui vient ponctuer toute une saison. Ce passage dans la célébrissime salle de spectacle, qui est régulièrement programmé à la fin du mois de juin, sonne comme la fin d’une année scolaire pour une douzaine de jeunes humoristes. C’est leur tableau d’honneur en quelque sorte ; une récompense qui constitue une reconnaissance de leur talent prometteur.

Le 20 juin dernier a eu lieu la douzième édition de ce rendez-vous devenu désormais incontournable pour tous les fidèles de la fameuse petite salle de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie.
Très sincèrement, le millésime 2019 du Point Virgule fait l’Olympia est un excellent cru.
Déjà, la présence en maître de cérémonie de l’inénarrable Arnaud Tsamère, champion de l’absurde, as de la digression, de la virevolte et du contre-pied, était un gage de qualité. C’est toujours un grand moment de plaisir que d’essayer de suivre les circonvolutions saugrenues du cerveau ingénieusement déstructuré de ce garçon.

Lamine Lezghad
 J’ai passé une très bonne soirée. Le spectacle s’est ouvert avec Les Décaféinés, un duo que je connaissais à travers leurs passages dans On n’ demande qu’à en rire. Ils ont leur univers propre basé sur des détournements et des parodies de chansons. J’ai trouvé très habile leur sketch façon débat politique dialogué avec des extraits de paroles de chansons et amusante leur adaptation de « Elle a les yeux révolver » de Marc Lavoine.
Parmi les artistes déjà connus, voire reconnus, la prestation de Lamine Lezghad s’est révélée d’un très haut niveau. Sa façon de bouger, son insolence, son sourire, les thèmes qu’il aborde et ses prises de position sont vraiment réjouissantes et emportent notre totale adhésion… Quant à Booder, excellent comédien, en s’érigeant « représentant des moches », il pratique l’autodérision avec énormément de talent.

Parmi les humoristes que j’ai vraiment découverts, ceux que je recommande, voici mes coups de cœur.
Marina Rollmann
Tout d’abord à Marina Rollmann. Cette jeune femme se montre très, très drôle avec un sujet délicat et qui pourrait s’avérer scabreux si elle ne le traitait pas avec beaucoup de finesse. C’est audacieux, bien écrit, bien joué.
Ensuite, j’ai vraiment apprécié Félix, un garçon très facile sur scène, vanneur et vachard, au langage très imagé. Et, ce qui est loin d’être négligeable, derrière la dérision il y a toujours beaucoup de sens et de fond. Paul Mirabel m’a également bien plu. Avec une logique imparable, il joue intelligemment avec son look, s’en sert pour créer des situations drolatiques. C’est léger et plaisant.

Félix
 Sinon, les autres artistes s’inscrivent, à mon goût, dans un registre plus conventionnel. Tous se sont révélés très à l’aise, souvent bons comédiens. Franjo, Tania Dutel, Tony Saint-Laurent, Paul Taylor, ont indéniablement un fort potentiel. Ils ont déjà une vraie présence, une façon d’être et un univers bien à eux.

En conclusion, avec cette jolie brochette de jeunes pousses, cette douzième édition du Point Virgule fait l’Olympia, a été une totale réussite. Il faut féliciter le travail d’Antoinette Colin qui a su les sélectionner, les entourer et les accompagner artistiquement car ce doit être très impressionnant que de passer du minuscule plateau du Point Virgule à la gigantesque scène de l’Olympia et, aussi, de passer de cent à trois mille spectateurs !

Gilbert "Critikator" Jouin

mercredi 12 juin 2019

Adieu Monsieur Haffmann


Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 35 32 31
Métro : Edgard Quinet / Gaîté

Jusqu’au 14 juillet 2019

Reprise le 16 octobre 2019

Une pièce de Jean-Philippe Daguerre
Mise en scène par Jean-Philippe Daguerre
Décors de Caroline Mexme
Lumières d’Aurélien Amsellem
Costumes de Virginie H
Musique d’Hervé Haine

Avec Grégori Baquet ou Charles Lelaure ou Benjamin Brenière (Pierre Vigneau), Alexandre Bonstein ou Marc Siemiatycki (Joseph Haffmann), Julie Cavanna ou Anne Plantey ou Pauline Caupenne (Isabelle Vigneau), Franck Desmedt ou Jean-Philippe Daguerre ou Benjamin Egner (Otto Abetz), Charlotte Matzneff ou Salomé Villiers ou Herrade Von Meier (Suzanne Abetz)

Présentation : Paris, 1942. Le port de l’étoile jaune pour les Juifs est décrété.
Au bord de la faillite, Joseph Haffmann, bijoutier juif, propose à son employé, Pierre Vigneau, de lui confier son magasin s’il accepte de le cacher en attendant que la situation s’améliore. Pierre prendra-t-il le risque d’héberger son « ancien » patron dans les murs de la boutique ? Et, si oui, à quelles conditions ?...

Mon avis : Pourquoi ai-je autant attendu avant d’aller voir Adieu Monsieur Haffmann ? En dépit de tout ce que j’avais lu ou entendu, je me faisais languir inconsciemment. Et, soudain le désir, irrépressible, s’est fait sentir. Et je ne le regrette pas !
J’y ai pris un plaisir fou. Cette pièce contient tout ce qu’un spectateur attend : une intrigue originale et prenante, une mise en scène inventive et alerte, des personnages forts et convaincants, des dialogues percutants…

Photo : Evelyne Desaux-Dumond
 Cette pièce est l’équivalent de ce qu’on appelle en littérature – particulièrement dans les thrillers – un « page turner ». On attend sans cesse la scène suivante… Dès le tout début, deux situations, vont se superposer. Ces deux arrangements, non pas entre amis mais entre un patron et son employé, vont conditionner un suspense absolument palpitant. A une condition somme toute plutôt conventionnelle au vu des événements extérieurs va se superposer une contrepartie. En gros, Monsieur Haffmann propose un contrat à Pierre Vigneau, lequel lui soumet en retour une sorte d’avenant pour le moins inattendu.

Photo : Evelyne Desaux-Dumond
 Toute de suite, on est happé par ces deux « marchandages » qui vont évoluer et grandir en parallèle. Quelle va être leur issue ? La tension ne cesse d’aller en crescendo. On ressent un délicieux sentiment d’angoisse. Jean-Philippe Daguerre, auteur et metteur en scène, s’est ingénié à faire monter inexorablement notre sentiment d’inquiétude. On s’attache tellement au destin des trois protagonistes de cette histoire. On passe notre temps à se demander comment tout cela va se terminer… Et puis, aux deux-tiers de la pièce, il nous assène un coup fatal ; il resserre encore plus l’étau qui nous étreint le cœur avec l’irruption à la table des Vigneau d’Otto Abetz, ambassadeur d’Allemagne et surtout dignitaire nazi zélé, un type redoutable, machiavélique et carrément sadique. Il ne faut pas en dévoiler plus. On peut juste révéler que ce repas est un grand moment d’anthologie théâtrale.

Photo : Evelyne Desaux-Dumond
 Adieu Monsieur Haffmann est un petit bijou. Jean-Philippe Daguerre, sans doute inspiré par la profession de son héros, l’a taillé et ciselé de façon à ce qu’il soit le plus pur possible. Aucune scorie, rien de superflu, rien de gratuit ; il ne va qu’à l’essentiel. La psychologie de ses trois principaux protagonistes est sans faille, leurs comportements sont tellement fouillés qu’ils ne souffrent d’aucune contestation. D’autant qu’il s’appuie sur un fonds historique solide (Otto Abetz a réellement existé), chose qui renforce encore la charge émotionnelle de cette dramatique. Il faut néanmoins souligner que, grâce à certaines répliques ou certaines ambiguïtés, on s’amuse très souvent. Pendant Le Repas, par exemple, on est sans cesse partagé entre le rire, l’émotion et l’anxiété.

Photo : Evelyne Desaux-Dumond
Dire que les cinq acteurs sont épatants est un euphémisme tant leurs personnages sont incarnés. Monsieur Haffmann, Pierre et Isabelle Vigneau sont de belles personnes. Ce sont des gens normaux confrontés d’une part à une situation extérieure qui les dépasse (l’occupation, la chasse des Juifs) et qui appartient à l’universel et, d’autre part, à un problème qui touche leur intimité. C’est cette dualité qui apporte toute son intensité à cette pièce. Grâce à une mise en scène qui s’appuie plus sur la suggestion que la démonstration, les sentiments sont traités avec justesse et pudeur… On ne peut que les aimer ces trois-là car on peut aisément se mettre dans la peau de chacun.

Quant au couple Abetz, il est très haut en couleurs. Autant Otto se montre à la fois dangereusement patelin et terriblement inquiétant, autant Suzanne cache derrière un débordement de gaîté forcée son évident mal-être. Deux superbes compositions.

Adieu Monsieur Haffmann, à juste titre très, très, très applaudie, est incontestablement une des meilleures pièces qu’il m’ait été donné de voir… Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de la découvrir, elle se joue jusqu’au 14 juillet et elle reprendra à partir du 16 octobre.

Gilbert « Critikator » Jouin

samedi 8 juin 2019

La Boule Rouge


Théâtre des Variétés
7, boulevard Montmartre
75002 Paris
Tel : 01 42 33 09 92
Métro : Grands Boulevards

Jusqu’au 22 juin 2019

Livret et mise en scène de Constance Dollfus et Clément Hénaut
Musiques et arrangements de Benoît Dupont
Chorégraphies d’Eva Tesiorowski
Costumes de Flore et Christine Leclercq
Décors et accessoires d’Iris Yolal et Clara Noël
Direction musicale : Simon Lehuraux
Direction d’acteurs : Hervé Lewandowski
Avec 17 comédiens-chanteurs-danseurs et 5 musiciens en direct

L’histoire : Un soir de novembre 1925, Charles et ses amis de toujours errent dans les rues de Paris. Une fois de plus, ils terminent leur déambulation au comptoir de la Taverne du Baron, fascinés par l’ambiance sordide qui y règne et son parfum de scandale. Les jeunes employés de ce piano-bar morose rêvent tous d’un avenir meilleur et d’un succès semblable à celui du Bœuf sur le Toit ou de la Rotonde, hauts-lieux festifs et emblématiques de cette époque hors du temps.
Charles, allant à l’encontre des valeurs de ses parents conservateurs, se retrouve alors précipité malgré lui dans la plus grande entreprise de sa vie…
Cette aventure sera avant tout celle de deux mondes a priori radicalement opposés que l’effervescence et la frénésie des années folles vont bouleverser.

Mon avis : Bon, il faut bien admettre que le scénario de ce spectacle musical n’est pas des plus originaux. En effet, ce type d’histoire a été traité des dizaines et des dizaines de fois tant au music-hall qu’au cinéma.
C’est l’histoire d’un groupe de jeunes qui cherchent à donner un sens à leur vie… Charles et ses deux amis, jeunes bourgeois friqués et désoeuvrés, s’encanaillent à la Taverne du Baron, une cave un peu glauque fréquentée par des ouvriers et animée par de jeunes artistes. Ils y consomment de l’alcool, y vivent des amourettes naissantes… Mais tout cela n’est pas très exaltant. Ça tourne en rond et, fautes de clients, la Taverne périclite. On commence à envisager de mettre la clé sous la porte.


En plus, le père de Charles, strict, autoritaire et austère, ne voit pas d’un bon œil les errements nocturnes et les fréquentations de son fils. Il va tenter d’y mettre un frein. Heureusement pour lui, Charles reçoit le soutien bienveillant de sa mère et la complicité active de Louise, la gouvernante. C’est d’ailleurs celle-ci qui imagine ingénieusement de donner un nouvel essor à la Taverne en la transformant en cabaret… Dès lors, porteurs d’un projet, Charles et ses amis vont mettre leur énergie et leur argent au service de cette folle entreprise.
Ils sont aidés en cela par l’époque. Nous sommes en 1925, au cœur de cette décennie des Années Folles. Une nouvelle musique issue du jazz commence à déferler dans les boîtes de Saint-Germain des Prés, le swing, avec ces danses si spécifiques qui y sont associées, le charleston et le black bottom. Elle est synonyme de liberté, de joie de vivre, d’insouciance… Ce climat est parfaitement retranscrit dans La Boule Rouge.


Comme je l’ai souligné en préambule, cette histoire, au scénario classique, est sans surprise. On sait dès le départ qu’on aura droit à une happy end. Mais on s’en moque vite car, ce qui compte, c’est le traitement de cette fable musicale.
Ce qui m’a le plus plu, c’est le jeu absolument convaincant de TOUS les comédiens. C’est remarquablement interprété. On s’attache tout de suite aux personnages, même à ceux dont les rôles ne sont pas les plus sympathiques. Un humour permanent et beaucoup de tendresse nous accompagnent tout au long de ce spectacle.


Grâce à des décors changés à vue, les scènes s’enchaînent sans temps mort. Il y a une demi-douzaine de tableaux vraiment réussis (l’arrivée du père dans la Taverne, le numéro de danse à trois, celui qui fait l’apologie de la femme, les variations cocasses sur Non, je ne regrette rien de Piaf, la mise en scène originale autour de Je suis malade de Lama, etc…), et les chorégraphies, très travaillées, sont impeccables. Enfin, atout non négligeable, la présence en live d’un orchestre de cinq musiciens apporte encore plus de rythme et de tonicité.


J’insiste vraiment : l’état d’esprit et le jeu des comédiens-chanteurs-danseurs est irréprochable. Le public, véritablement conquis par autant de générosité et de fraîcheur, ne s’y est pas trompé en leur livrant spontanément une superbe ovation en fin de spectacle.

Gilbert « Critikator » Jouin