mercredi 26 novembre 2008

Patrick Fiori "Les choses de la vie"


Il y a belle lurette que l'on sait que Patrick Fiori possède une voix exceptionnelle. Il en donne régulièrement la preuve dans les émissions de télévision où il interprète de grands standards ou au sein de la joyeuse bande des Enfoirés. Ses prestations sont toujours impeccables.
Hélas, en dépit de cet incomparable atout, on ne peut pas dire que ses albums successifs se soient montrés à la hauteur de son talent et de ses possibilités. Il faudra bien qu'il y remédie un jour...
En attendant la naissance de cet opus très espéré, Patrick Fiori vient de nous concocter un album concept autour de ses musiques de films préférées. Et là, ON SE REGALE !!!
Le choix des titres s'avère réellement judicieux et éclectique. Patrick, on le sent, y a mis toute son âme. Il n'y recherche pas la performance vocale à tout prix - il n'a plus rien à prouver dans ce domaine - il s'exprime au contraire avec énormément de sensibilité et de nuances. Qu'il chante en français, en italien ou en anglais, c'est parfait. Evidemment, les mélodies sur lesquelles il a jeté son dévolu sont très porteuses et, pour la plupart, leurs ritournelles sont gravées dans notre mémoire cinématographique : Jeux interdits, Les parapluies de Cherbourg, Borsalino, Les choses de la vie, Manon des sources, Le Parrain, Fame... Que du lourd et du bien agréable à entendre, voire même à redécouvrir.
En prime, Patrick s'offre deux duos de grande qualité : le premier avec une des plus grandes dames de notre septième art hexagonal, Micheline Presles, et le second avec un autre phénomène vocal, Tina Arena (qui, soit dit en passant, se situe dans le même cas de figure que Patrick : elle n'a pas les albums que sa voix mérite).

Voici donc de la bien belle ouvrage. En se faisant ainsi plaisir, Patrick Fiori contribue amplement au nôtre. Son bonheur de chanter est palpable. Dans ce registre, il est vraiment sur la voix royale.

mardi 25 novembre 2008

Fin de partie


Théâtre de l'Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris
Tel : 01 46 06 49 24
Métro : Abbesses / Anvers / Pigalle

Une pièce de Samuel Beckett
Mise en scène de Charles Berling
Avec Charles Berling (Clov), Dominique Pinon (Hamm), Gilles Segal, Dominique Marcas

Ma note : 7/10

L'histoire : Pour Hamm, cloué dans son fauteuil à roulettes, les yeux fatigués derrière d'épaisses lunettes noires, il ne reste plus qu'à tyranniser Clov. Alors qu'au fond de cet intérieur vide, les parents de Hamm finissent leurs vies dans des poubelles, les deux héros répètent devant nous une journée visiblement habituelle. Ils dévident et étirent ensemble le temps qui les conduit vers une fin qui n'en finit pas, mais avec jeu et répartie, comme le feraient deux partenaires d'une ultime partie d'échecs. Ainsi, les mots triomphent, alors que les corps, dévastés et vieillis, se perdent. Hamm et Clov usent du langage comme d'un somptueux divertissement en des échanges désespérés et tendres. Beckett a su avec jubilation écrire le langage de la fin, une langue au bord du silence, qui s'effiloche et halète, transparente et sereine, dernier refuge de l'imagination.

Mon avis : Samuel Beckett, c'est sûr, n'est pas le champion de la gaudriole. Et pourtant... Pourtant il réussit à nous faire rire avec ces deux paumés magnifiques, ces deux clowns tristes et pathétiques. Deux hommes qui n'ont plus que le luxe de la parole et des mots pour remplir leurs vies étriquées qui rampent inexorablement vers la fin.

Le décor est primordial. Il tient son rôle. C'est une sorte de cachot grisâtre, sordide, austère et ténébreux. Au premier plan, deux énormes poubelles. Cloué sur un fauteuil à roulettes antédiluvien, Dominique Pinon est saississant. En dépit de son immobilité, c'est lui qui dirige autoritairement les opérations.
Quant à la composition de de Charles Berling, elle est tout aussi fascinante. Le dos voûté, se déplaçant à petits pas hésitants, répétant à l'infini les mêmes gestes, apathique, résigné, c'est une sorte d'automate servile et maladroit qui subit sans broncher la tyrannie de son colocataire.

Mais peu à peu, on s'aperçoit dans ce huis-clos éprouvant que les deux hommes sont dépendants et ont terriblement besoin l'un de l'autre. En fait, toute la dramaturgie de la pièce repose sur leurs échanges. Les répliques fusent comme des exocets. Avec un sens du verbe étourdissant, Samuel Becket a cidelé des dialogues reposant sur une logique implacable dans... le non-sens. Il en faut du talent pour réussir à rendre l'absurde aussi concret, aussi compréhensible. Du coup, on se surprend à rire beaucoup, le plus souvent assez nerveusement car on se sent quelque peu gênés de faire ainsi intrusion dans le monde intime et feutré de ces deux personnages. La pièce dégage une sensation de fin du monde et de fin de race. C'est une fin de partie où il n'y aura que des perdants ; on le sent, on le sait, c'est inéluctable.

Qu'ajouter de plus sur Dominique Pinon et Charles Berling. Voici, à coup sûr, deux prétendants légitimes aux Molières. Le premier, avec sa voix rocailleuse et tonitruante et ses gestes compulsifs, exprime sa souffrance en se montrant agressif et injuste. Sa composition est proprement hallucinante. Quant au second, il se meut comme si toute vie était rentrée à l'intérieur de lui. Il est falot, effacé, terne. Et soudain, il s'emballe et expulse quelques fulgurances d'une extrême lucidité et qui touchent juste. Quel duo ! Que le théâtre est estimable quand il nous permet d'assister à de telles prestations avec des comédiens d'une telle trempe...

vendredi 21 novembre 2008

Les aventures de la Diva et du Toréador


Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 83 04
Métro : Edgar Quinet / Gaîté

Un spectacle de Raphaëlle Farman et Jacques Gay
Piano : Fabrice Coccito
Costumes : Monika Eder

Ma note : 8/10

L'histoire : Au cours d'une réception, une diva célèbre, fraîchement veuve (mais pas très éplorée), fait la connaissance d'un toréador auréolé de gloire (et un tantinet arrogant).
Entre eux deux, le coup de foudre est immédiat... Et nous volià entraînés dans une histoire d'amour pleine de rebondissements, prétexte à un voyage musical à travers les plus belles pages de l'opéra, de l'opérette et de la comédie musicale (Carmen, La Vie parisienne, West Side Story, la Traviata, Night and Day, Véronique...)

Mon avis : Un délire total ! Mais un délire parfaitement maîtrisé. L'action se déroule dans un décor espagnol cossu très stylisé en rouge et noir. Un laquais emperruqué en livrée répondant au nom de Firmin commence à vaquer dans la pièce. A l'apparition de son maître, El toréador, il se glisse prestement au piano pour y interpréter l'ouverture du Barbier de Séville. La terreur des toros, gommeux et suffisant, se la pète un peu. Mais à l'entrée de la Diva, superbe créature élégante et féline, il a plutôt tendance à se métamorphoser en loup de Tex Avery et à vouloir lui faire une cour effrenée. Il ne perd d'ailleurs pas son temps pour commencer à planter des banderilles.
Le duel est lancé. Tant sur le plan vocal que dramaturgique. La mise en scène déborde d'inventivité. il faut rester tout le temps en éveil car l'action, comme le décor, sont truffés de détails saugrenus. Comme la présence symbolique de paires de cornes disséminées un peu partout... Nos deux protagonistes prennent des poses et des postures très théâtrales, gentiment outrées. Au fur et à mesure de leur joute par chansons interposées, des accessoires apparaissent judicieusement pour souligner et illustrer l'action. La Diva joue les allumeuses, le torédor les amoureux transis. On est dans un remake burlesque de la Femme et le Pantin.
Nos deux héros ne s'épargnent rien, ne se refusent rien. Avec des mimiques dignes du cinéma muet, ils n'ont pas peur du ridicule. C'est plein de petites astuces. Les (nombreuses) tenues de scène de la Diva sont magnifiques. Il faut bien reconnaître qu'elle porte admirablement la toilette. Y compris quand elle arbore une superbe panoplie de dominatrice SM !

Les aventures de la Diva et du Toréador sont un trépidant duel à fleurets pas toujours mouchetés. C'est un bras de fer dans un gant de velours. Le rythme est soutenu. On est plié de rire par des gags dignes de cartoons, par des clins d'oeil appuyés vers des film ô combien kitsch. On sent venir le quiproquo gros comme l'Opéra Bastille, et ils s'engouffrent dedans à fond les manettes pour notre plus grand bonheur. C'est complètement déjanté, farfelu à souhait, mais c'est également de la haute voltige théâtrale et vocale. Aidés en cela par Fabrice Coccito, un inénarrable pianiste facétieux et débordant de talent, Raphaëlle Farman, la Diva soprano, et Jacques Gay, le toréador baryton, comblent autant de plaisir les mélomanes avertis que les amateurs de comédie pure. Dans un domaine comme dans l'autre, il n'y a pas une seule fausse note. Cette fantaisie lyrique est une véritable prouesse à tout point de vue. De vue et d'ouie, d'ailleurs car ces deux sens sont réellement comblés. Il y a là un travail incroyable, fin et intelligent, qui fonctionne au millimètre. C'est le genre de spectacle qu'il faudrait voir une deuxième fois tant il est riche en péripéties.

jeudi 20 novembre 2008

Gérard Miller "Manipulations, mode d'emploi"


Petit Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009 Paris
Tel : 01 42 80 01 81
Métro : Trinité d'Estienne d'Orves

Ma note : 7/10

Le sujet : Mis en scène par Agnès Boury, Gérard Miller, pour la première fois, joue seul sur scène un spectacle qu'il a présenté pendant un mois au festival off d'Avignon. Il y dévoile avec humour et ironie les manigances des "grands hypnoptiseurs", de Frantz-Anton Mesner à Nicolas Sarkozy.
Pourquoi nous laissons-nous embobiner aussi souvent ? Pourquoi est-il aussi facile de nous séduire et de nous tromper ? De quelles façons, celles et ceux que notre coeur plébiscite nous capturent-ils dans leur filet ? Que nous disent-ils qui nous touche ? Que voyons-nous en eux qui nous attire ? Sommes-nous donc tous hypnotisables ? Et vous, ce soir, au Petit Théâtre de Paris, vous laisserez-vous piéger ?

Mon avis : Gérard Miller fait du Gérard Miller, et c'est ce que l'on attend de lui... Décontracté, en chemise et jeans, il arpente le salon qui jouxte la salle de théâtre à l'accueil des spectateurs. Il a envie de connaître au plus près les gens qui se déplacent ainsi pour le voir et l'entendre.
Pas de rideau. Un décor simplissime : une petite table-bureau nappée de tissu rouge sur laquelle trônent une demi-douzaine d'ouvrages. Et à l'angle, face au public, quelques portraits. A notre entrée, c'est celui de Sarkozy qui nous regarde. Ce qui semble cocasse, c'est de découvrir notre président dressé devant... un rideau de fer ! Une troublante impression sulbiminale.

On connaît les opinions de Gérard Miller, on connaît son engagement et sa passion pour la chose politique, on n'est donc pas surpris de le voir attaquer par quelques saillies bien venues sur le duo Sarko/Ségo. A partir de là, il nous invite à pénétrer avec lui dans le mystère de nos enthousiasmes, de nos passions. Voit-on vraiment l'Autre comme il est ? Prenant un couple pour témoins, il étaie ses explications avec des exemples concrets et des témoignages ; il nous impose même quelques exercices communs. Et puis, il aborde le thème des phénomènes hypnotiques. Mais en réalité, tout est lié.

Les différents sujets qu'il aborde et développe découlent souvent les uns des autres. Le pouvoir des mots, le pouvoir de la suggestion, la crédulité, l'émotion engendrée par le pouvoir, la force persuavive des déclarations vagues (quel titre !), la force des injonctions répétitives...
Gérard Miller est un médecin légiste des âmes. Son esprit, affûté comme un scalpel, démonte toutes ces mécaniques qui influencent nos comportements. Utilisant un langage simple et imagé, ses exposés sont limpides, ses analyses sont imparables, ses conclusions évidentes. Parce qu'on comprend tout ce qu'il nous dit et que l'on adhère le plus souvent, on se sent parfois bien plus intelligents qu'on ne l'est en réalité. Ce spectacle en forme de conférence interactive s'avère passionnant et même, parfois, étourdissant. Gérard Miller a l'art de décortiquer les cortex. Il est parfaitement à l'aise, très volubile. Le point fort de sa prestation c'est qu'il illustre tous ses sujets avec des exemples et des faits concrets. On n'est jamais largué. On sourit souvent devant les évidences. Le problème, c'est qu'on aurait été incapable de les expliquer. Sa formulation nous est donc très utile.

ce soir-là, parmi le public buvant les paroles du maître, se trouvaient Philippe Geluck et André Manoukian. Gérard Miller, qui a ses détracteurs, possède aussi ses disciples. Très honnêtement, on passe en sa compagnie un excellent moment au Petit Théâtre de Paris avec ce long exposé qui au moins le mérite d'être complètement original... et édifiant.

mercredi 19 novembre 2008

Elisabeth Buffet


Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
Tel : 01 46 06 10 17
Métro : Pigalle

Ma note : 8/10

Le contenu : Dans un langage bien à elle, cette quadra un brin fodingue mais au caractère bien trempé, s'attaque au "nouvel éternel féminin" dans lequel bien des femmes se reconnaissent. Un univers dont les hommes ne sont pas exclus, bien au contraire, ils sont omniprésents !

Mon avis : Légèrement introverti, je ne suis pas quelqu'un qui éclate facilement de rire. Quand je trouve quelque chose de vraiment drôle, je souris plutôt. Mais là, je dois avouer que je me suis laissé plusieurs fois prendre. Et j'étais loin d'être le seul. Etant placé au fond, j'ai rarement vu une salle ressembler autant à une houle tant les épaules tressautaient, secouées qu'elles étaient par des fous rires incontrôlables et incessants...
Elisabeth Buffet, est un sacré personnage. Une sacrée bonne femme. le visage expressif et avenant, le corps en exutoire, elle nous rentre immédiatement dans le lard. C'est qu'elle ne recule devant aucune audace la donzelle, ni physique, ni verbale. Elle, elle appelle un chat un chat ; elle ne s'emberlificote pas de périphrases et de circonvolutions. Elle ne tourne pas autour du pot. Du pot, de toute façon, elle n'en a pas. Surtout dans ses relations amoureuses.
D'abord en robe de chambre satinée bleu ciel (si, si...), puis en négligé, elle se bagarre avec ses rondeurs pour enfiler un pantalon qui n'est plus vraiment à sa taille ; et, tout en bataillant ferme, elle part dans des digressions bien senties dont le thème central reste l'amour... Pour aborder l'orgasme féminin, elle remonte à l'Eden et puise dans la Bible... Un peu plus tard, dissertant sur l'onanisme, elle illustre ses commentaires de force détails scabreux et croustillants, décrit quasi cliniquement certaines situations appartennant généralement au domaine de l'intime.
Avec une énergie de tous les instants, sans aucune inhibition, elle raconte, mime. Chaque sketch donne lieu à une histoire finement observée. Elle est tellement expressive que l'on s'y voit. On l'accompagne aux toilettes, on souffre avec elle devant ses problèmes que lui posent les chiottes à la turque ; tout en se poilant beaucoup, on est solidaire de sa séance d'épilation ; on est certes délicieusement choqué par sa visite à la maternité où sa soeur vient de mettre bas. Mais on compatit car, derrière les propos acerbes et fielleux, au-delà de cette jalousie pernicieuse, on sent un profond désarroi ; on partage sa révolte contre un dîner où le vin et l'alcool sont totalement prohibés par ses hôtes ; on est tout nus avec elle sur une plage du Cap d'Agde où elle pratique le naturisme...

Vous l'aurez compris, Elisabeth Buffet est tout le contraire d'un parangon de vertu. C'est plutôt une championne de la gaudriole. Mais pas de la gaudriole gratuite et bêtement provocatrice. En effet, il y a toujours du fond car elle reste de bout en bout terriblement femme. C'est audacieux, osé, très cru, elle ne s'embarrasse d'aucun tabou, et ce n'est JAMAIS VULGAIRE. Ses saynètes sont tellement empreintes d'autodérision (car elle se moque d'abord d'elle-même) qu'on lui pardonne tout. C'est superbement écrit (je vous recommande plus particulièrement ses savoureux poèmes en alexandrins dans lesquels la césure ne rime pas avec censure), c'est remarquablement joué (quelle comédienne ! Quelle vitalité). Elle possède un sens de l'observation unique, très personnel. Bref, elle ne ressemble à aucune autre.
La salle toute entière se marre, se gondole, hoquette de rire...
En guise de conclusion, le mieux est de citer une de ses boutades qui résume à elle seule le ton de dame Elisabeth : "J'adore les vieux. Mais pas pour me les mettre dedans. je ne suis pas un cercueil !"

mardi 18 novembre 2008

Il était une fois Franck Dubosc


Palais des Sports
1, place de la Porte de Versailles
75015 Paris
Tel : 0 825 038 039
Métro : Porte de Versailles

Ma note : 8/10

L'histoire : Du ventre de Janine à ses premiers pas sur scène, Franck Dubosc nous raconte la vie d'un petit garçon bien ordinaire...

Mon avis : ce spectacle est le plus personnel, le plus autobiographique de Franck Dubosc. A 45 ans, il a décidé de laisser au vestiaire la panoplie qui a fait son succès, celle du pseudo aventurier mytho et narcissique, du séducteur patenté. Gonflé, il a tenté la gageure de faire rire avec sa propre vie. Il nous fait cette fois du "franc" Dubosc et c'est vraiment réussi.

Il attaque bille en tête, au tout début de son existence, avec sa naissance, ne nous épargnant aucun détail, y compris chiffré : date, poids, taille... Bien sûr, de temps à autre, son récit est émaillé de ces réjouissantes exagérations qui font son charme. Et, de fait, il va sans cesse osciller entre réalité vraie et réalité boursouflée. Au passage, il se livre à un court récapitulatif de ses spectacles précédents, ce qui a évidemment l'heur de plaire à ses inconditionnels. Il joue sans cesse avec le public, le prend à témoin... Systématiquement, sciemment, il se déprécie, se ridiculise. Et il nous confie des travers terriblement intimes comme, entre autres, sa terrible dépendance aux pépitos...
Et puis le voici à 14 ans. Eveil de la sexualité, vrais boutons d'acné, fausses pistes et pirouettes. L'autodérision est à son summum. Ce sont les années Bi-actol, la première boum, le premier patin, les premiers émois. Et ça se termine carrément en histoire gore.
Ensuite, place aux années 80, aux années disco. Clin d'oeil très appuyé (et apprécié) au film et à Didier Travolta. Il se mue alors en chorégraphe, donne des leçons de danse à une poignée de spectateurs invités sur scène. Physiquement, il assure, il est au top. Il fait ce qu'il veut de son corps. C'en est énervant.
Suite logique, après les premiers émois, place à la première relation amoureuse. On ne peut trop en dire sinon qu'il la commente d'une manière très militaire, façon commando, avec bruitages amplifiés... Apocalypse now ? Non, Ah l' pot qu'a l' slip now !!!
Puis il a 18 ans. ce qui n'est pas un inconvénient "majeur" puisqu'il s'offre ses premières vacances en solo et qu'il se retrouve malgré lui confronté à une affectueuse variété d'homos sapiens.

2 octobre 1983. 25 ans déjà ! C'est l'arrivée à Paris. Totalement autobiographique. A travers un récit saupoudré de fulgurances poétiques, Franck révèle alors de remarquables dons de conteur. C'est qu'il lui en est arrivé des aventures... Et pas toujours à son avantage. Mais il a décidé de (presque) tout nous dire.
Quatorze années plus tard, il connaît sa première expérience de vie à deux. Avec la fameuse Véronique qu'il nous a présentée lors de son précedent spectacle. La vie d'artiste, la vie de Bohême, ne sont pas forcément compatibles avec les exigences du quotidien d'une vie de couple...
Mai 99 : il présente son tout premier one-man show...
Voilà, c'est fini. Le rideau se lève enfin. Kikito aura mis 36 ans pour devenir Franck Dubosc.
Quant au rappel, je vous en laisse la saveur, l'originalité.

Franck parvient parfaitement à nous amuser, à nous faire rire avec ses propres erreurs de genèse. Il nous livre énormément de confidences intimes sans être jamais impudique. C'est du funambulisme. Le fond de l'histoire est sérieux - puisqu'authentique - mais il a une telle façon légère, moqueuse et fantaisiste pour nous le narrer qu'il nous met aisément dans sa poche. L'émotion n'est jamais loin, mais il y a en permanence le filtre de l'humour et de l'autodérision pour que l'on ne bascule pas. Il n'a jamais été aussi sympathiquement lui-même. Et pourtant, à la manière du cochon qui sommeille chez certains hommes, on sent qu'il a toujours en lui, prêt à jaillir et à faire le paon, ce personnage fanfaron et hâbleur qui a fait sa gloire. Ce n'est pas du tout schizophrène, loin de là. Cela fait partie intégrante de sa personnalité. Il est parfois plus facile de cacher sa réelle fragilité derrière un hurluberlu frimeur et esbroufeur. C'est d'ailleurs parce que l'on sait tout ça qu'on l'aime encore plus.

Il était une (confession de) foi Franck Dubosc est donc un cocktail parfaitement réussi de tendresse et d'humour. A consommer sans modération aucune...

mardi 4 novembre 2008

Grease


Théâtre Comédia
4, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tel : 01 42 38 22 22
Métro : Strasbourg Saint-Denis

Livret, lyrics et musique : Jim Jacobs et Warren Casey
Mise en scène : Jeanne Deschaux et Olivier Bénézech
Adaptation : Stéphane Laporte
Direction musicale : Franck Sitbon
Direction vocale : Pierre-Yves Duchesne
Décors : Charles Auburtin
Costumes : Frédéric Olivier
Direction artistique : Serge Tapierman

Avec : Cécilia Cara (Sandy), Djamel Mehnane (Danny), Amélie Munier (Rizzo), Clémence Mérot du Barré (Frenchy), Virginie Perrier (Marty), Vanessa Cailhol (Jan), David ban (Kenickie), Fabrice Todaro (Doody), Nuno Resende (Roger), Pedro Alves (Sonny), Olivier Ruidavet (Teen Angel/Vince Fontaine), Fabrice Némo (Eugène), Alix Briséis (Patty), Caroline Roelands (Miss Lynch), Audrey Senesse (Cha-Cha)...

Ma note : 8,5/10

L'histoire : A la fin de l'été 1958, Danny et sandy, tombés amoureux l'un de l'autre pendant les vacances, sont contraints de se séparer pour retourner sur les bancs du lycée. Danny est le chef des T.Birds, une bande de copains gominés et portant des blousons noirs, tandis que Sandy est une jeune étudiante australienne qui doit rentrer au pays.
Mais le hasard fait qu'elle reste en Amérique et qu'elle soit inscrite au lycée Rydell, le même que celui que fréquente Danny. Chacun dans l'ignorance de la présence de l'autre, ils racontent à leurs amis respectifs leur aventure amoureuse, avec une certaine nostalgie. Les deux tourtereaux finissent par se retrouver et, bien que leurs personnalités soient radicalement opposées, ils décident d'essayer de reprendre leur relation.
La rentrée va donc prendre une tournure inattendue, d'autant que Sandy rejoint les rangs des insolentes Pink Ladies et que la rivalité avec les T.Birds et le gang des Scorpions est à son comble...

Mon avis : Grease, c'est un gros bonbon, un superbe sucre d'orge aux couleurs chatoyantes et au goût délectable ! Pour les trente ans du film, l'idée de programmer cette comédie musicale est particulièrement judicieuse. Les teenagers d'alors sont aujourd'hui des quadras et ils sont encore tout imprégnés des fameuses chansons créées à l'écran par Olivia Newton-John et John Travolta. Comme il est affirmé sur le programme : Grease, c'est "le musical de toute une génération".

Avant même que le rideau se lève, les gens sont frétillants de plaisir, visiblement hereux d'être là...
Le premier contact que l'on a, c'est avec les musiciens. Ils sont six, que des pointures que le grand public connaît grâce à la télé réalité. Franck Sitbon, qui en assure la driection musicale, n'est autre que le pianiste de La Nouvelle Star.
Et dès la première scène, c'est tout de suite le bonheur. Les costumes sont vraiment chouettes. Jupes trapèze, pantalons corsaires, chemisiers chamarés, tenues de pom pom girls, pour les filles ; jeans, blousons de cuir noirs, costards ajustés, baskets, lunettes noires et bananes fleuries pour les garçons. On entre de plain-pied dans les années 50. Aucune fausse note, tout est d'époque. On s'attendrait presque à voir surgir James Dean !

A travers une succession de tableaux tous plus originaux et drôles les uns que les autres (la scène de la douche, celle de la Cadillac...), nous devenons les témoins privilégiés de l'histoire d'amour quelque peu tumultueuse de Sandy et Danny. Pas facile pour lui de roucouler de façon romantique quand tous les gars de la bande des T. Birds affectent de jouer aux gros durs désabusés. Il est vrai que les garçons se montrent plutôt primaires. Ce ne sont pas des flèches. Ils ne sont préoccupés que par des problèmes d'une futilité pitoyable. Si les filles - comme dans la vraie vie - font preuve d'une plus grands maturité, elles se révèlent néanmoins assez frivoles et leur attirance pour les garçons les rend parfois un peu nunuches. Il est évident que pour les uns comme pour les autres, les études passent au second plan. Bref, il régnait à cette époque une grande insouciance et une vraie joie de vivre. Et c'est parfaitement rendu.

Les chorégraphies sont épatantes, pleines de trouvailles et de dynamisme. Tout ce petit monde chante et danse remarquablement... Servie par sa blodeur fragile et son frais minois, Cécilia Cara campe une Sandy parfaite. Elle aussi on la dirait "d'époque"... Djamel Mehnane fait preuve d'une vitalité survitaminée. A mon goût, avec un humour un peu appuyé, il tire trop sur les ficelles et il adopte parfois une attitude de petite frappe qui peut agacer. C'est un parti pris de la mise en scène, il faut l'accepter... Si tout le monde est bon, voire très bon, on ne peut toutefois que saluer la performance d'Amélie Munier dans le rôle de Rizzo. Derrière son apparent cynisme, elle cache une grande vulnérabilité. Et quand elle chante, elle nous cloue sur nos fauteuils. Mais je tiens à le redire, ils sont tous extrêmement performants. C'est une vraie troupe, au sens noble du terme.

En concusion, ce spectacle est un véritable bain de jouvence. Il souffle dans le théâtre Comédia un vent de fraîcheur qui vivifie nos petits cellules "Grease". C'est un très, très, très, bon divertissement.
Ne vous inquiétez pas, ils prolongent déjà jusqu'à la fin du mois de janvier. Mais ce serait bien le diable s'ils ne tenaient pas jusqu'au printemps !

Bouquet final


Un film écrit et réalisé par Michel Delgado
Avec Didier Bourdon (Gervais), Marc-André Grondin (Gabriel), Bérénice Béjo (Claire), Marthe Keller (Nickye), Gérard Depardieu (Hugo), Anne Girouard (Natacha), Chantal Neuwirth (Evelyne), Marilü Marini (Carmen), Valérie Bonneton (Marie Thanato), Michel Galabru (M. Froissard), Philippe Laudenbach (le général)
Sortie le 5 novembre

Ma note : 6/10

L'histoire : Gabriel se rêve compositeur de musiques de films, mais la gloire se fait attendre et ses cours de musique ne suffisent pas à le faire vivre. Aussi, lorsqu'un ancien camarade d'école de commerce lui propose de le recruter comme directeur commercial à Paris d'une entreprise américaine de pompes funèbres, il accepte. Mais avant de prendre ses fonctions à "Ciel et Terre", il doit passer trois mois en stage à l'Agence Père-Lachaise afin d'apprendre le métier et tâter du terrain. Aux côtés de Gervais Bron, quinze ans de métier, Gabriel découvre le monde des croque-morts, les macchabées, les enterrements, le business... Au prix d'acrobaties constantes, il tente de dissimuler son nouveau job à ses parents, babas sur le retour, hostiles à toute idée de travail sérieux, et à son amoureuse, Claire, qui voit en lui un grand musicien.

Mon avis : Bouquet final est une comédie sympa et gentillette. Elle fonctionne sur des ressorts souvent abordés dont celui du tandem que tout oppose : un néophyte un peu candide et un vieux briscard jaloux et bourru. Evidemment, c'est la
mort dans l'âme que notre jeune héros délaisse le clavier de son piano pour les pompes funèbres. Il y découvre - et nous avec lui - un univers vraiment particulier dans lequel l'aspect économique prime largemlent sur la commisération. En cela, l'humour férocement noir d'un Bourdon fait merveille. L'homme se révèle, au début tout au moins, parfaitement dénué de scrupules. Il est surtout profondément humilié que l'on ait mis au poste qu'il convoitait, et méritait, ce jeunot sans aucune expérience. La rivalité aurait pu être mortelle pour le parachuté, mais Gervais/Bourdon a quand même du coeur.
Le sujet du film entraîne une foultitude de situations un peu féroces, mais qui ne nous heurtent pas car le trait n'est jamais méchant. L'humour est une excellente façon d'exorciser la mort. Ici, il a le mérite même de la banaliser.
Le personnage de Gervais (Didier Bourdon) est très riche. Il n'est pas monolithique. Si, au départ, on le trouve un peu brut de décoffrage - c'est le cas de le dire - on en arrive peu à peu à découvrir ses failles et une réelle sensibilité. Cette évolution permet d'établir une vraie relation humaine avec le néophyte. Très à l'aise dans ce film "clin deuil", il confirme toute l'étendue de son registre.
Marc-Antoine Grondin, qui joue Gabriel, le jeune impétrant qui se trouve brutalement confronté aux macchabées et au monde policé du marché de la mort, manque, à mon goût, un peu d'envergure. Il est mignon, tout frais, sympathique, mais il manque quelque chose que je ne sais pas définir.
Les femmes, toutes les femmes, tirent leur épingle du feu... pardon, du jeu. Marthe Keller est toujours aussi délicieuse, aimable (dans le sens où on ne peut que l'aimer). Elle a toujours la fantaisie aussi légère. Bérénice Béjo est décidément de plus en plus jolie, de plus en plus femme. Quant à Valérie Bonneton, elle est à mourir... de rire. Elle campe une thanatopractrice gentiment lunaire. On aimerait presque qu'il y ait plus de scènes avec elle tant elle baigne dans un second degré jubilatoire.

Pour conclure, rassurez-vous, on ne meurt pas d'ennui à (ex)humer ce Bouquet final. Ce film n'est pas un four (crématoire) et je n'ai entendu personne râler. C'est une bonne comédie "à la française". C'est tout, mais c'est déjà ça.