vendredi 10 août 2012

Anne (Rouge)manoff !


Théâtre du Palais-Royal
38, rue de Montpensier
75001 Paris
Tel : 01 42 97 40 00
Métro : Palais-Royal

Spectacle écrit et interprété par Anne Roumanoff
Collaboration artistique : Gilles Galliot
Lumière : Sébastien Debant

Le pitch : Dans ce nouveau spectacle, la pétillante femme en rouge revient plus mordante que jamais pour croquer à pleines dents dans l’actualité. Rien n’échappe à son regard acéré : la crise de la dette, les stagiaires, la quête du bonheur, les smartphones, les diktats alimentaires…
Elle sait raconter mieux que personne l’égoïsme et la superficialité de notre époque.
Pourtant, on ressort de son spectacle le cœur léger car elle parvient avec finesse et humanité, à nous faire sourire de tout ce qui nous angoisse.

Mon avis : Cette fois, Anne Roumanoff affiche la couleur ans le titre même de son spectacle. « Rouge », ça va être rouge. On connaît son attachement indéfectible à sa couleur fétiche mais, non contente de se parer de vermillon, elle franchit un palier en en fardant ses propos. Christophe a chanté les Mots bleus, elle, elle balance les Mots rouges. Pour Rimbaud, le rouge correspond à la voyelle « i ». Pourquoi pas. C’est son droit de poète à l’Arthur. Anne se contente d’y mettre les points (les poings ?) sur les « i ». Jamais un de ses shows n’a été aussi saignant. Le rouge est mis ! Le doux rouge-gorge s’est fait carnassier, et ça lui va bien.

Il n’y a que pour le début du spectacle qu’elle n’est pas dans le rouge. Elle commence pile à l’heure. Par respect. C’est assez rare pour que ça puisse être relevé…
Pour son entrée en scène, elle a choisi la dérision. Sachant qu’elle n’est pas une sylphide, elle prend néanmoins le risque de se présenter en accomplissant une chorégraphie. Approximative, certes, mais une chorégraphie. Et son sourire pas dupe coupe court à toute velléité de critique. Elle met d’emblée dans sa poche un public déjà complètement acquis à sa cause. Mais encore faut-il pouvoir le garder dans cet état extatique, ce cher public. Et pendant une heure et demie !
Une fois encore, Anne Roumanoff force l’admiration par sa faculté à se renouveler. Où puise-t-elle ses ressources pour écrite un spectacle intégralement neuf si peu de temps après le précédent, quand on sait toutes ses activités annexes (radio, presse écrite…) ? C’est une formidable bosseuse.

Revêtue d’une petite robe rouge toute simple, déambulant sur un plateau ton sur ton, elle débute son récital – car c’en est un – par du stand-up, une discipline qu’elle a peu abordée auparavant. C’est une sorte de fourre-tout habile dans lequel elle peut passer allègrement du coq à l’Anne, parler aussi bien de politique que de Facebook, de son sang mêlé russo-marocain, de la quête du bonheur aux psys… Devant son irrésistible don de souligner ses propos avec des mimiques ô combien expressives, le public part au quart de tour… Passé ce tour de chauffe, Anne revient à ses fondamentaux, les sketchs. On retrouve avec bonheur la célèbre bouchère, mame Lemontu et son Jean-Claude de mari. Ce qui est bien avec un tel personnage qu’elle peut arroser tous azimuts. Avec son bon sens et sa dent dure, elle parle aussi bien de l’actualité (la Grèce, la crise, l’Europe, Angela Merkel…) que de ses problèmes personnels entre autres avec sa banque. Dans son discours sont distillées ça et là quelques perles absolument savoureuses.

Le troisième sketch repose sur une idée géniale : un cours de morale dans une petite classe dont les élèves seraient nos hommes et femmes politiques quand ils étaient enfants. C’est une superbe trouvaille, si ingénieuse que je me suis senti frustré qu’elle ne la développe pas un peu plus. C’est une mine… Ensuite, place à l’ado. Elle aussi est un personnage qui revient en fil (évidemment) rouge dans ses différents spectacles. Cette fois, elle soumet à sa mère un exposé qu’elle a dû rédiger toute seule ans avoir accès à wikipédia sur la guerre 14-18. Transposition caricaturale de ce que pourrait être la vie roumanovienne avec interventions intempestives de la petite sœur. C’est plein d’autodérision mais ça se termine sur un précepte qui donne à méditer : la pensée, la parole et l’action… On n’a à peine le temps de se prendre la tête qu’Anne nous reçoit dans son repaire, Radio Bistro. C’est son évangile cathodique, sa messe dominicale récitée sous le regard bienveillant du Père Michel, moment sacrosaint qui a fait venir vers elle des milliers de fidèles. Un guéridon, un ballon de « rouge » à demi-plein, une diction hésitante mais des vannes qui ne le sont pas, c’est devenu un classique. Elle ne peut plus ne plus y sacrifier. Ce serait un sacrilège… C’est une discussion de bar émaillée de très bons jeux de mots, des brèves de comptoir où tout est passé en revue, de DSK à la prolifération de vieux, du prix de l’essence à la dette…

Radio Bistro, c’est le tube incontournable. Pour en sortir, Anne revient à l’intime pour nous parler sans retenue de son sempiternel combat contre le poids et de ses aventures avec les différents régimes. Derrière l’ironie et les pirouettes, les échappatoires et l’apologie des dodues du 17è siècle, on sent malgré tout poindre une certaine souffrance… Très vite, Anne revient à la gaudriole avec l’accent québécois de Marie-Hélène en prime. Coach de bien-être intérieur, la jeune femme nous explique par spectateur-cobaye interposé comment évacuer ses toxines…

On croit qu’Anne a pris son rythme de croisière, et bien non. La suite nous prouve le contraire. Elle réussit à hausser encore le niveau de sa prestation en enchaînant trois merveilles de sketchs. C’est pour moi le passage le plus fort du spectacle. Rien que pour ces trois moments de grâce, il faut courir au théâtre du Palais-Royal. Je ne les raconterai pas. Il faut les découvrir pour en goûter tout le suc… Le premier est une fable aussi intelligente que drôle, un magnifique exercice de style, une idée magistrale… Le deuxième est une savoureuse manif’ à l’envers d’une finesse redoutable… Et le troisième est une saynète cocasse sur la fonction de stagiaire, efficace et rudement bien écrite…

Après cette parenthèse enchantée, la Roumanoff nous propose le seul sketch qui ne soit pas inédit, une sorte de parodie de Toute une histoire avec Sophie Davant. Quand on a vu le spectacle précédent on en connaît le thème. Tout le sel est dans la prestation des spectateurs arbitrairement appelés à « témoigner ». Le public adore ce concept, surtout quand il n’en est pas la victime… Et voici madame Lemontu de retour ! Cette fois, elle célèbre ses 35 ans de mariage avec Jean-Claude, ce qui l’amène tout naturellement à parler de vie de couple avec sa fille et sa mère. Trois générations de femmes qui, évidemment, n’en ont pas la même conception et la même pratique. Là encore, il faut souligner la qualité de la chute… Le spectacle ne pouvait pas finir sans un petit crochet par Radio-Bistro où, là aussi, les bonnes formules et les gimmicks font florès.

Une fois de plus, Anne Roumanoff a fait du bon travail. C’est du solide, elle ne se moque pas du monde. En parlant beaucoup plus de politique, tradition française oblige, elle a élargi son public. Son spectacle est bien construit, parfaitement équilibré. On ne peut lui reprocher quelques facilités en utilisant des blagues que l’on connaît déjà, mais elle a l’art de les placer dans un contexte où elles font quand même leur petit effet… Donc, en résumé, on passe en compagnie de La Dame en Rouge, une heure et demie de drôlerie, sans temps mort, avec tout plein de bonnes trouvailles. Elle assure vraiment !
Finalement, la couleur rouge qui lui convient le mieux, c’est… l’amarante…

mardi 7 août 2012

Louisy Joseph "Ma Radio"


Je dois humblement avouer qu’au bout de trois titres, j’avais envie de décrocher. Je trouvais le premier, Chante, convenu, sans surprise, agrémenté d’un texte simpliste ; le deuxième, Le Message de nos pères, gentiment utopiste, limite puéril (« c’est pas bien la guerre »), sans consistance réelle ; et le troisième, Revivre, une timide ébauche de reggae, mais surtout une voix trop aigüe pas loin d’être désagréable à l’oreille…

J’étais donc sur le point d’abandonner quand l’intro de la quatrième chanson, Ma Radio, a arrêté mon geste vers la télécommande. Là au moins le reggae était affirmé, assumé. Un refrain efficace, une chanteuse très à l’aise dans ce registre, ça m’a bien plu… Il est bizarrement construit cet album de quatorze titres. Il commence en fait au quatrième. Les trois premiers donnent l’impression d’un tâtonnement, on dirait des brouillons. Et puis soudain, à partir de Ma Radio, il prend de la consistance, il se muscle. Cette chanson c’est le marchepied qui permet à ce CD de se hisser à un excellent niveau qualitatif. La suite est un sans faute. Y a-t-il un lien de cause à effet, toujours est-il que les quatre titres qui suivent portent la signature mélodique de David Gategno. Je n’ai aucun parti prix, mais les chansons 5, 6, 7 et 8 font partie de mes six préférées. Sur une jolie rythmique et un jeu agréable avec les chœurs, Si on m’avait dit, servi par un texte assez profond, est un message de sagesse. Il s’en dégage une philosophie positive qui repose sur le fait de savoir prendre sa vie en main…

L’Age que tu me donnes est tonique, bien écrit, intelligent, bien interprété et bénéficie d’un superbe climat musical… Déclinaison sur l’amour et les (bonnes) rencontres, La bonne personne est un titre efficace, qui balance bien. Jouant à ravir de sa voix écorchée, Louisy y frise le blues (une idée à creuser ?)… Quant à Besoin de rien, cette profession de foi est un pur régal. La voix est plus retenue, toute en douceur. C’est une prise de position contre l’esprit de possession. S’en détacher est synonyme de liberté. En plus c’est remarquablement arrangé et agrémenté sur le pont d’un solo de clarinette fort bien venu.

Tu n’iras pas danser est comme un petit film. Son texte est très imagé. Il y a une vraie originalité… Le Prix à payer m’a troublé en me ramenant quelques années en arrière. C’est une chanson qui serait allée comme un gant aux L5. C’est comme une passerelle sympathique avec sa vie d’avant… L’indispensable reprise, There Must Be An Angel, est un hommage au duo Stewart/Lennox. Ce qui a été judicieux, c’est de l’enrober d’une rythmique ska, façon de se démarquer de la version originale et de lui donner une couleur qui lui va ma foi fort bien.
La patte et le savoir-faire de Lionel Florence se retrouvent dans l’écriture ciselée de Good bye. J’ai été très agréablement touché par le grain « sauvage » de la voix de Louisy et son interprétation habitée. Et puis ça chaloupe grave ! Par amour est une bonne chanson avec un bon feeling… Et La Tête dans ton enfer conclut parfaitement cet album. Là aussi l’interprétation est pleine de sensibilité, elle permet de souligner la qualité d’un texte soigné qui témoigne d’un gros travail sur les sonorités.

Louisy Joseph signe là un album plus que respectable d’où il se dégage une remarquable homogénéité musicale et qui, en plus, s’écoute, car la plupart des textes ont vraiment quelque chose à dire.

lundi 6 août 2012

Kerredine Soltani


Accaparé par des occupations annexes, j’arrive un peu après la bataille, mais je tenais à dire tout le bien que je pensais de l’album de Kerredine Soltani (sorti le 14 mai !). Après tout, une piqûre de rappel est parfois nécessaire pour la bonne santé d’un produit.

J’utilise le mot « produit » volontairement parce que, à la base, Kerredine Soltani est producteur. Il a ainsi composé, écrit et produit des titres pour Zaz (Je veux), Elisa Tovati, Caroline Costa, Sofia Essaïdi…). Le succès par interprètes interposés, ça semblait parfaitement lui convenir. Oui, mais voilà-t-y pas que des gens dans son entourage se sont mis à le titiller et à le pousser sur le devant de la scène. Il sait composer, il sait écrire, il a des choses à raconter, alors, pourquoi pas ajouter la casquette de chanteur à sa panoplie ? Et Kerredine a franchi le pas. Il a rameuté ses copains musiciens, Les Mecs d’Oberkampf et une partie des zicos de Caravane Palace et en avant la musique ! Et comme il s’avère qu’il possède une voix plus qu’intéressante, ça a donné un vachement chouette opus éponyme.

Discotopsions l’objet :
-          Fils de la Bohême
Qui dit « Bohême », dit violons. Et ben, ils sont là, et dès l’intro. Mais Kerredine a évité la cliché en ne leur donnant pas l’accent Europe centrale attendu. Ils se fondent dans cette histoire de road movie franco-français entre Marseille et Saint-Malo. On a l’impression de remonter au bon vieux temps des hippies routards copains de Kérouac. Fils des hommes aux semelles de vent, ils n’ont qu’un mot en tête : « liberté », mot qui revient à plusieurs reprises dans la chanson. Il y a une fraîcheur teintée d’ingénuité, une bonne dose de rêve et d’utopie, aucune once d’amertume ou d’agressivité, il n’y a qu’une profonde volonté de vivre.
-          L’amour n’existe pas
Chanson de Parigot érudit qui fait éclater ses frontières pour se frotter à d’autres cultures. Un témoin de son temps qui croise la Révolution de Jasmin, qui se fait prendre en flagrant Dehli. Et comme tout va très vite, que le Thalys est un rapide, il fallait une musique swing pour traduire cette sensation de fuite en avant trépidante et cette recherche exacerbée de l’âme sœur. Et tout cela pour ce constat : l’amour n’existe pas. C’est un poil désabusé. Peut-être n’eût-il pas fallu lire les poètes, ces doux rêveurs qui nous font croire aux « princes et aux princesses » ? On ne peut décidément compter que sur soi-même. Et puis il n’y a vraisemblablement pas besoin de parcourir le monde pour trouver sa belle. Elle attend peut-être dans un bar d’Oberkampf…
-          En temps de crise
J’aime bien sa façon légère d’évoquer la déchéance sociale, quand tout va à vau-l’eau, de Charybde en Scylla… La détresse est là, mais il la fait pétiller. Il y a une forme de philosophie fataliste, un regard dénué d’envie vers le voisin qui possède. La satire et l’injustice font bon ménage. Le regard n’est pas dupe, l’analyse fait mal. Et on se dit que, depuis la sortie de l’album, c’est bien d’avoir changé de Président. Kerredine use à ravir du name-dropping. Du coup son écriture, très imagée, très concrète, est immédiatement compréhensive.
-          Emmène-moi
Jolie complainte amoureuse qui frise la supplique. La tendresse est palpable, elle frise la dépendance. Même s’il est victime d’un sortilège, il la veut, il la réclame, il en a besoin de cette drôlesse. Un fois encore, nourri de l’abstraction des poètes, il quémande du rêve.
-          Et si demain
Quasiment du piano-voix. Rêves de gosse que l’on voudrait voir perdurer. Il recommence à à avoir la bougeotte, à égrener une litanie de villes à travers le monde… Ce garçon a vraiment le cœur et les pieds nomades. Il a la bougeotte, il ne tient pas en place, ne sait pas où se fixer. Il devrait se faire sponsoriser par Air-France… En tout cas, c’est une très jolie chanson, interprétée avec une voix empreinte de fragilité et de douceur.

-          Parigot
Après Air-France, place à la RATP (Parigot rime avec Passe Navigo). Musicalement, il sait à merveille reproduire le rythme effréné de la vie parisienne. C’est plein de flashs, d’images captées comme quand on speede dans les couloirs du métro tout en chopant du coin de l’œil ce qui se passe autour de soi. C’est aussi une déclaration d’amour à la capitale. Il vaut mieux être Parisien pour apprécier cette chanson sympa emplie de tous les clichés possibles. Mais qu’est-ce que ça dépote !
-          Pas assez
Chanson intelligemment amenée pour parler de nos différences. Que le monde serait fade et sans saveur si nous étions uniformément tous pareils ! Sorte d’inventaire de ce tout ce peut exister exprimé à travers le prisme déformant du « pas assez »… Car peu de personnes sont vraiment satisfaites de ce qu’elles sont. On se plain toujours de quelque chose qui ne nous convient pas, tant sur le plan physique qu’intellectuel. Il ouvre le plus largement possible l’éventail, nous offrant ainsi un superbe message de tolérance et d’acceptation de l’autre dans TOUS les domaines.
-          Le verlan
Petite leçon chantée de vocabulaire verlan, la langue « étrangère » qu’il dit maîtriser le mieux. Il n’y a pas grand-chose à en dire sinon que c’est une bonne idée que de rendre hommage à ce langage désormais si répandu.
-          Pirate
Décidément, il a un faible pour les princesses. Joli texte métaphorique sur la piraterie amoureuse. Il est parti à l’abordage, lui a mis le grappin dessus mais, grand seigneur, il la met en garde contre son cœur de pirate. Cœur de pirate ? Serait-ce une déclaration subliminale adressée à la blonde chanteuse québécoise ? Je ne crois pas. Ce serait un peu trop tordu… En réalité, il est beaucoup plus chevaleresque qu’il ne veut bien le dire. Pirate, c’est une posture, une panoplie pour se protéger. Et puis on sent qu’il y a une éducation qui est là, enracinée en lui. Difficile d’aller contre…
-          J’ai l’impression
C’est dans ce registre que je le préfère, piano-voix. Il lui permet de donner toutes les nuances de sa voix éthérée. Texte fort sur le constat d’un monde qui marche de façon bancale, qui est en déséquilibre permanent. « Où allons-nous, que faisons-nous pour changer cela ? » s’interroge-t-il. Alors, il tranche et prend position : « Mais je préfère changer les choses que de subir tout cela ». Il faut du moins essayer.
-          Lettre à mes enfants
L’angoisse d’un père qui sait qu’un jour il va perdre sa petite princesse (encore !) de 8 ans et son petit Zorro quand ils auront grandi. Valse obsessionnelle de boîte à musique, conseils de vie prodigués à l’emporte-pièce. Volonté aussi d’optimiser l’avenir (« La vie est belle »). Il n’aura plus besoin de le leur répéter à l’infini, il lui suffira de leur faire écouter la chanson.

Morts étranges 2


Editions de l’Archipel
Prix : 18,95 €

Auteur : Bernard Pascuito

Dans un premier volume, Célébrités, 16 morts étranges, Bernard Pascuito avait exploré les disparitions de personnalités comme Marilyn Monroe, Jean-Paul 1er, Michael Jackson, Natalie Wood, Grace Kelly, Lady Diana, Coluche, Romy Schneider… toutes morts sur lesquelles on a fait planer un certain mystère, même si, pour la plupart, peu de doutes étaient permis.
L’auteur réitère son propos avec ce second ouvrage en analysant douze autres cas de décès pouvant prêter à élucubrations : Martine Carol, Joseph Fontanet, Robert Boulin, Dalida, Robert Maxwell, François de Grossouvre, Sophie Toscan du Plantier, Lolo Ferrari, Anna Nicole Smith, Marie-France Pisier, Amy Winehouse, Whitney Houston.

Dans son introduction, il est tout à fait honnête : « Même si, pour certains, nous apportons des réponses précises et des éléments concrets susceptibles de lever nombre d’ambiguïtés, il n’était pas si évident de dissiper les doutes ».
Si, pour la plupart des cas traités dans ce volume, il n’est fait guère place au doute, Bernard Pascuito s’est appliqué à fouiller ce qui avait pu amener le drame. Surtout dans le cas des suicides (Dalida) ou des meurtres (Sophie Toscan du Plantier) avérés. D’autres cas font plus partie de l’inéluctable ; ce sont ces morts « annoncées » dues à des dépendances graves aux dogues, à l’alcool, ou/et aux médicaments (Amy Winehouse, Whitney Houston…).

Ce livre est très intéressant pour certaines enquêtes réellement fouillées. D’autres sont traitées avec un peur moins d’acuité parce qu’il n’y a pas grand-chose à en dire et qu’on ne peut que se cantonner à des supputations. Il est amusant de constater que la majorité des cas (7 sur 12) sont traités en quatorze pages en moyenne. En revanche, les autres enquêtes sont bien plus approfondies. Ainsi consacre-t-il une trentaine de pages à Robert Boulin, Sophie Toscan du Plantier, Anna Nicole Smith et Amy Winehouse…

Ce livre est bien écrit. Les décors sont plantés, l’actualité de chaque époque bien présente, l’état d’esprit du « héros » ou de « l’héroïne » de chaque chapitre fort bien analysé et circonstancié. L’écriture est imagée, très magazine, ce qui rend l’ouvrage agréable à lire…
On sent que les disparitions d’hommes liés à la politique comme Robert Boulin ou François de Grossouvre ont réellement passionné l’auteur car ses enquêtes sont très fouillées, riches en faits et en détails… Le meurtre de Sophie Toscan du Plantier est assorti d’informations importantes et sans doute inconnues du grand public sur la vie privée de la victime, traitement qui dépasse le simple fait divers… L’enquête autour de la mort d’Anna Nicole Smith, truffée de révélations et de questions, est absolument passionnante… Quant aux décès d’Amy Winehouse et Whitney Houston, ils semblent tout droit sortis des pages « people » des magazines, ce qui ne les rend pas moins captivants…

Bref, Morts étranges 2 est un livre plaisant à parcourir. Il répond à bon nombre de nos questions et il nous en pose parfois d’autres. Au-delà de ces disparitions tragiques, c’est aussi un témoignage instructif sur une certaine société qui gravite dans le showbiz et la politique. 

vendredi 3 août 2012

Sister Act



Théâtre Mogador
25, rue de Mogador
75009 Paris
TEL : 0 820 88 87 86
Métro : Trinité / Havre-Caumartin / Auber

A partir du 20 septembre 2012

Comédie musicale produite par Whoopi Goldberget Stage Entertainment
Compositeur : Alan Menken
Parolier : Glenn Slater
Livret : Bill et Cheri Steinkellner
Metteur en scène : Carline Brouwer
Chorégraphe : Anthony Van Laast
Adaptation française de chansons : Nicolas Nebot

Avec Kania (Dolorès Van Cartier), Sarah Manesse (Sœur Marie Robert), Lola Cès (Sœur Marie Patrick), Sarah Tullamore (Sœur Marie Laazarus), Christian Bujeau (Monseigneur), Barry Johnson (Curtis), Keny Bran Ourega (TJ), David Sollazo (Pablo), Alix Briséis (Swing)…

L’histoire : Témoin d’un meurtre, la diva du disco Dolorès Van Cartier, bénéficie du programme de protection des témoins. La police choisit de la placer dans un couvent, seul endroit où on n’ira pas la chercher. Déguisée en nonne, elle se trouve une utilité en apprenant le chant aux bonnes sœurs, insufflant ainsi une vie nouvelle à cette communauté sur le déclin… Mais les criminels sont toujours à sa recherche. La traque est lancée. Va-t-elle être démasquée ?

Mes impressions : La présentation à la presse de la version française de Sister Act a eu lieu dans le cadre majestueux et parfaitement idoine de l’Eglise Américaine de Paris.
Après quelques propos liminaires autour du spectacle tenus par Christian Bujeau, le comédien qui tient le rôle de Monseigneur, Alan Menken, le compositeur huit fois oscarisé, auteur des musiques, nous a offert un récital piano-voix de quelques uns de ses plus grands morceaux. Non seulement ce garçon est un virtuose et un formidable mélodiste, mais il s’est révélé également être charismatique et plein d’humour. Il nous a donc fort agréablement mis dans les meilleures conditions pour découvrir quelques titres du spectacle qui va être donné à Paris.
Accompagnée par le Maître, Kania, qui tient le rôle principal, celui de Dolorès, nous a rapidement fait comprendre pourquoi on l’avait choisie. Avec une puissance vocale modulée, cette Canadienne d’origine haïtienne maîtrise à la perfection le swing et le gospel. Formée aussi à la danse et à l’art dramatique, elle est bien plus qu’une simple chanteuse. Chose que l’on vérifie bientôt lorsqu’elle dirige le chœur des sœurs dans l’interprétation de Partir pour Eden, un des tubes du Musical.

Ensuite, après avoir fait connaissance avec le chorégraphe, Anthony Van Laast, apparaît le trio des méchants emmené par l’affreux Curtis. Le mauvais garçon, un balèze au physique impressionnant, accompagné de ses deux acolytes, deux sournois de la pire espèce, interprète une chanson chargé de menaces à l’encontre de cette chère Dolorès, Si je retrouve ma poupée. Vu sa détermination et sa soif de vengeance, on se doute qu’il vaut mieux que la pseudo nonne ne tombe pas entre leurs mains…
La nonne en question ne semble toutefois pas trop s’en faire. Avec ses nouvelles copines, elle entonne Suis ta voix, une sorte d’hymne vraiment efficace.

Sur ce qui nous a été donné de voir, on peut être confiant. Sur le plan qualitatif, Sister Act est du même niveau que Mamma Mia !. Le casting est parfait. Il y a deux-trois sœurs qui attirent particulièrement l’attention par leur attitude comme la timide qui s’éclate soudain en découvrant qu’elle a le rythme dans le sang. Les personnages sont bien typés.
Maintenant, attendons le 20 septembre, pour découvrir cette comédie musicale qui arrive enfin en France vingt ans après le succès planétaire du film. A Londres, elle a attiré plus d’un million de spectateurs. Et elle vient de connaître des accueils triomphaux à Hambourg, à Broadway, à Milan et à Vienne.
Tous à vos bréviaires et haut les chœurs !