mardi 7 août 2012

Louisy Joseph "Ma Radio"


Je dois humblement avouer qu’au bout de trois titres, j’avais envie de décrocher. Je trouvais le premier, Chante, convenu, sans surprise, agrémenté d’un texte simpliste ; le deuxième, Le Message de nos pères, gentiment utopiste, limite puéril (« c’est pas bien la guerre »), sans consistance réelle ; et le troisième, Revivre, une timide ébauche de reggae, mais surtout une voix trop aigüe pas loin d’être désagréable à l’oreille…

J’étais donc sur le point d’abandonner quand l’intro de la quatrième chanson, Ma Radio, a arrêté mon geste vers la télécommande. Là au moins le reggae était affirmé, assumé. Un refrain efficace, une chanteuse très à l’aise dans ce registre, ça m’a bien plu… Il est bizarrement construit cet album de quatorze titres. Il commence en fait au quatrième. Les trois premiers donnent l’impression d’un tâtonnement, on dirait des brouillons. Et puis soudain, à partir de Ma Radio, il prend de la consistance, il se muscle. Cette chanson c’est le marchepied qui permet à ce CD de se hisser à un excellent niveau qualitatif. La suite est un sans faute. Y a-t-il un lien de cause à effet, toujours est-il que les quatre titres qui suivent portent la signature mélodique de David Gategno. Je n’ai aucun parti prix, mais les chansons 5, 6, 7 et 8 font partie de mes six préférées. Sur une jolie rythmique et un jeu agréable avec les chœurs, Si on m’avait dit, servi par un texte assez profond, est un message de sagesse. Il s’en dégage une philosophie positive qui repose sur le fait de savoir prendre sa vie en main…

L’Age que tu me donnes est tonique, bien écrit, intelligent, bien interprété et bénéficie d’un superbe climat musical… Déclinaison sur l’amour et les (bonnes) rencontres, La bonne personne est un titre efficace, qui balance bien. Jouant à ravir de sa voix écorchée, Louisy y frise le blues (une idée à creuser ?)… Quant à Besoin de rien, cette profession de foi est un pur régal. La voix est plus retenue, toute en douceur. C’est une prise de position contre l’esprit de possession. S’en détacher est synonyme de liberté. En plus c’est remarquablement arrangé et agrémenté sur le pont d’un solo de clarinette fort bien venu.

Tu n’iras pas danser est comme un petit film. Son texte est très imagé. Il y a une vraie originalité… Le Prix à payer m’a troublé en me ramenant quelques années en arrière. C’est une chanson qui serait allée comme un gant aux L5. C’est comme une passerelle sympathique avec sa vie d’avant… L’indispensable reprise, There Must Be An Angel, est un hommage au duo Stewart/Lennox. Ce qui a été judicieux, c’est de l’enrober d’une rythmique ska, façon de se démarquer de la version originale et de lui donner une couleur qui lui va ma foi fort bien.
La patte et le savoir-faire de Lionel Florence se retrouvent dans l’écriture ciselée de Good bye. J’ai été très agréablement touché par le grain « sauvage » de la voix de Louisy et son interprétation habitée. Et puis ça chaloupe grave ! Par amour est une bonne chanson avec un bon feeling… Et La Tête dans ton enfer conclut parfaitement cet album. Là aussi l’interprétation est pleine de sensibilité, elle permet de souligner la qualité d’un texte soigné qui témoigne d’un gros travail sur les sonorités.

Louisy Joseph signe là un album plus que respectable d’où il se dégage une remarquable homogénéité musicale et qui, en plus, s’écoute, car la plupart des textes ont vraiment quelque chose à dire.

1 commentaire:

Andréa a dit…

Je suis convaincu par l'écoute sur Deezer et je le trouve également bien ficelé. Par contre, je trouve que le titre "Le message de nos pères" est plutôt réussi, et fait réellement office de titre introductif de l'album. Merci du partage !