Tairo s’inscrit dans la lignée de Tonton David et
Pierpoljak. Tout ce qu’il a à dire depuis vingt ans, il l’exprime au son du
reggae. Le modèle absolu, c’est Bob Marley. Un voyage en Jamaïque il y a dix
ans achève de l’évangéliser.
Début juillet est sorti l’album Ainsi soit-il, qui est en quelque sorte la synthèse de tout ce que
Taïro a ingurgité. Quatorze titres ; quatorze titres intéressants à divers
degrés. Taïro n’est pas qu’un musicien, c’est aussi un songwriter, un témoin de
son temps et un observateur de sa propre vie. Il se révèle aussi percutant avec
ses problèmes intimes que sur les thèmes de société. De toute façon, les uns
comme les autres nous concernent au quotidien. Même si on est moins cœur d’artichaut
et moins noir de peau que lui. En tout cas, ces deux états de fait lui donnent
de la matière pour écrire. Le premier nous fait sourire, le second nous pose
question.
Voici donc mon hit parade tout à fait subjectif de cet album
fort intéressant :
1/ Justice
Chanson-cri. Très beau texte, plein de réalisme et de vérité
sur la discrimination, les fausses promesses des gens de pouvoir, des
policiers, des patrons. Superbe refrain. Je lui accorde un 10 sur 10.
2/ Ainsi soit-il
C’est la chanson qui ouvre l’album et lui donne son
impulsion. Très autobiographique, Taïro y raconte son parcours et sa motivation
à atteindre son objectif de devenir artiste en dépit des embûches et des
contradicteurs de tout poil : « Plus
que tout, je veux faire de la musique ». C’est un titre très musical, entraînant,
qui coule tout seul, avec un excellent flow. Cette profession de foi est
exprimée avec une fort bonne diction.
3/ Bébé toute seule
Ne voilà-t-y pas que Taïro nous la joue… féministe !
Rejoignant en cela Jean-Jacques Goldman, il traite avec beaucoup de justesse du
désir de maternité rendu compliqué par la mentalité et les comportements des
garçons. Pas facile de trouver un compagnon fiable pour une vie durable. Le peu
de cas que les femmes font des hommes a de quoi nous faire réfléchir.
Nombreuses vont être les femmes à se sentir concernées par cette chanson et à
en applaudir l’auteur.
4/ Aime la vie
Feat Youssoupha. Philosophie très positive : il faut
bouffer la vie, l’aimer, en profiter, se battre et sortir vainqueur des
difficultés. C’est peut-être conventionnel, mais il est bon de le répéter et d’insister.
5/ Elle va me tuer
Chanson-hommage. Sans une once de mauvais foi, Taïro décrit
la perfection faite femme, une success girl qui, non seulement a pout pour elle
(elle est hyper-mignonne) mais qui a toutes les qualités requises d’une fée du
logis et qui, en plus, est une hyperactive. Il avoue ne pas faire le poids et
en nourrir un réel complexe… Il n’y a qu’une chose qui m’écorche un peu les
oreilles, c’est l’élision sur la première ligne du refrain : « Elle va m’ tuer », qui ne sonne pas
bien.
6/ Dilemme
C’est la deuxième profession de foi de l’album avec Ainsi soit-il. Taïro y parle avec
franchise de son addiction, de son amour inextinguible des femmes, de sa
fringale qui lui posent apparemment vraiment problème. Mais, à mon avis, il le
vit très bien, et cette chanson n’est là que pour le dédouaner…
7/ La roue tourne
Feat Kalash. Cette chanson pleine de sagesse rejoint un peu Aime la vie. Il faut être fataliste,
mais pas trop, et être capable d’infléchir la trajectoire de la roue du destin
lorsqu’elle ne nous est pas favorable. Il y aura toujours des gagnants et des
perdants. Alors, si possible, mieux vaut essayer de se battre pour faire partie
des premiers.
A côté de ça, j’ai beaucoup aimé l’arrangement de FS92, avec ses sonorités métalliques qui
m’ont fait penser au rythme que l’on imposait dans les galères… Et j’ai
apprécié la musicalité de Mélodie et
l’efficacité de son refrain. Avec sa tonicité, ce devrait être une excellente
chanson de scène
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