Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
Tel : 01 46 06 10 17
Métro : Pigalle
Une pièce de Philippe Sohier
Avec Suzanne Elysée, Bertrand Fournel
Le sujet :
Il rêvait d’être peintre, elle voulait fonder une famille… Ils s’’aimaient d’un
amour franc, mais le quotidien attendait tranquillement son heure. La pudeur ne
supporte pas le drame, ils ont préféré nous faire rire. Morale de
l’histoire : on lange un bébé pour qu’il soit propre devant la société,
mais in ne change pas une palette de couleurs quand elle est sale… Cherchez
l’erreur !
Love Circus, c’est
rien d’autre qu’une histoire d’amour simple, trop simple, et quand on n’a ni
argent ni destin, ça devient vite très burlesque.
Mon avis :
Dans Love Circus, il y a « Love »,
certes, mais il y a surtout « Circus » !... Dans un Théâtre de
Dix Heures transformé en chaude piste, nous assistons à une vie de couple en
accéléré entre une douce Madame Loyale et un détestable Auguste. En six tableaux, Delphine et
Philippe se rencontrent, s’aiment, s’installent dans la routine, se
reproduisent, se confrontent à la vie à trois et divorcent. Vu comme ça, on
peut se dire qu’il n’y a rien de drôle là-dedans car ce type de trajectoire est
le lot de bien des couples. Or, on rit quasiment tout le temps.
En fait, on rit pour deux raisons principales : d’abord
grâce au jeu très convaincant des deux acteurs et, ensuite, pour l’effet miroir
que cette pièce nous renvoie. En effet, nous sommes tous et toutes peu ou prou
partie prenante dans cette histoire. Impossible de ne pas se sentir concerné(e),
voire visé(e).
Cette comédie est d’autant plus simple à suivre qu’elle nous
est présentée dans l’ordre chronologique. Ainsi pouvons-nous au fur et à mesure
de leurs (més)aventures cerner la psychologie, le caractère et le tempérament
de chacun et présager de leur évolution.
Pour être tout à fait honnête, Delphine nous est bien plus
sympathique que son compagnon. Dès le début, elle naturelle, arrangeante ;
elle fait tout pour lui faciliter le travail… Et, tout au long de la pièce,
elle aura en constance une réelle gentillesse et beaucoup de patience. Delphine
est romantique, fleur bleue. Il lui en faut pour en venir aux reproches !
Devant sa indécrottable vulgarité, c’est tout juste si elle lui assène un « Ce
que tu peux être gras par moments ! »… Alors, on l’aime bien cette
jeune femme rêveuse et idéaliste. On a de vrais élans de tendresse pour elle
et, aussi, des envies de la protéger…
Si l’on ressent des sentiments aussi positifs envers elle, c’est
parce qu’il y a en face d’elle un sacré énergumène. C’est un cas, le Philippe.
Au début, il est touchant de maladresse, de timidité. Et s’il peut enfin se
montrer entreprenant, c’est parce qu’une haute dose de pastis l’aura désinhibé.
Mais dès le jour du mariage, le vrai Philippe tombe le masque. Le gentil
couillon s’efface brutalement et dévoile tout à trac un florilège de « qualités »
spécifiquement masculines : muflerie, égoïsme, mauvaise foi, grossièreté,
intolérance, méchanceté gratuite, xénophobie… Il est gratiné le bougre ;
il a pratiquement toutes les options ! Bref, c’est le beau parfait.
Love Circus est
une pièce douce-amère. Le parti-pris de la comédie, avec des situations et des
saillies volontairement outrées, permet d’en atténuer le réalisme. En permanence
sur le fil, il faut que les deux comédiens soient particulièrement habiles et
joueurs pour nous faire rire de choses qui, dans l’absolu, n’ont rien de risible.
Au contraire. Il faut donc saluer cette véritable performance.
Le seul (petit) reproche, je l’adresse à l’auteur, Philippe
Sohier, qui a parfois placé dans la bouche de Philippe quelques formules
faciles et quelques obscénités superflues.
Sinon, Suzanne Elysée et Bertrand Fournel sont absolument
épatants.
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