Comédie de Paris
42, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 42 81 00 11
Métro : Blanche / Pigalle
Une comédie de Fabrice Blind, Michel Delgado, Nelly Marre et
Carole Fonfria
Mise en scène par Romain Thunin
Décors de Juliette Azzopardi
Costumes de Régina Gothe
Musiques de Maxime Richelme
Avec Fabrice Blind (Quentin), Cédric Clodic (Jean), Ambre
Ferrante (Juliette)
L’histoire : Avoir un enfant, c’est déjà pas facile,
mais quand on s’y met à trois, ça l’est encore moins !
Une future maman sortie tout droit d’Internet, un
présentateur météo à l’ouest, un flic jaloux…
Mon avis : Le titre est suffisamment explicite, cette
comédie s’inscrit judicieusement dans l’air du temps. Si l’intrigue nous semble
simpliste dans sa première moitié, elle se révèle bien plus tordue par la
suite. Même si on se doute, dès le début, que la jeune femme qui se fait
appeler Juliette n’est pas vraiment l’oie blanche pour laquelle elle essaie de
se faire passer…
Le fait qu’ils se soient mis à quatre – deux filles et deux garçons
– pour la concevoir est un gage de rigueur. On voit qu’ils ont été très
attentifs à ce que la pièce soit d’une part très rythmée et, d’autre part,
écrite au cordeau. Les caractères, les profils psychologiques des deux garçons,
Jean et Quentin, sont fort bien dessinés. Et les dialogues sont
particulièrement aiguisés. Les auteurs ont tellement voulu que chaque réplique
fasse mouche qu’ils sont parfois tombés dans un péché de gourmandise. Si bien
qu’on a droit à quelques facilités et à une dizaine de saillies
superfétatoires. De même que, pour pouvoir faire rire à tout prix, ils ont
baissé la garde de la rigueur pour introduire une ou deux scènes que j’ai
jugées trop caricaturales (le karaoké de Jean par exemple).
Mais, trêve de pinailleries, en passant outre ces petites
scories qu’il suffirait de gommer pour que la pièce gagne encore en efficacité,
Une envie folle nous fait passer un
excellent moment. Par ses dialogues, ainsi que je l’ai souligné, mais également
grâce à la qualité de jeu de ses acteurs. S’appuyant sur des personnalités bien
définies, Quentin et Jean peuvent s’en donner à cœur joie. Autant Jean est d’une
nature méfiante, scrupuleuse, angoissée, autant Quentin est cool, conciliant,
insouciant. Il n’y a que dans les affres de la jalousie qu’ils se rejoignent ce
qui donne lieu à des scènes à la fois amusantes et réalistes (et qui concernent
les couples de tous les sexes). Chacun s’en tenant à son cahier des charges (l’Auguste
et le clown blanc), ils apportent jusqu’au bout de la pièce une grande
crédibilité à leurs personnages. Ce qui a pour effet de renforcer les effets
comiques.
Dans le rôle de Quentin, Fabrice Blind est absolument
épatant. Ce n’est certes pas nouveau, mais c’est à chaque fois un réel bonheur,
il possède une grosse présence comique. Toujours juste, il n’a pas besoin d’en
faire des tonnes pour nous faire rire… Avec le personnage de Jean, Cédric
Clodic a hérité du rôle le plus « ingrat » car le plus sérieux. Avec
ses réserves permanentes, ses émois de rosière, droit dans ses bottes et dans
ses préférences sexuelles, il est l’empêcheur de pouponner en rond. Il est le
contrepoint parfait de son partenaire… Enfin, et c’est là aussi une des grandes
qualités de cette pièce, il n’y a que leur envie d’enfant qui soit « folle »
car ils ne tombent jamais dans le cliché rose bonbon, théâtral et maniéré du
couple d’homos. Ils forment une association de huit ans d’âge comme les autres,
qui se chamaille constamment et qui s’aime énormément…
Et puis il y a Ambre Ferrante ; Ambre et sa part d’ombre.
Qui est vraiment Juliette ? Est-elle sincère ? Est-elle une
intrigante ? Est-elle paumée ? Est-elle aussi nunuche qu’elle le
paraît ? En tout cas, sa plastique idéale rend tout à fait plausible le
fait qu’un homo puisse re-virer sa cuti pour avoir envie de l’honorer… Son rôle
exige beaucoup de finesse et de nuances car, par la mystère qui l’entoure, elle
est le pivot de l’intrigue. Elle ne fait que monter en puissance tout au long
de la pièce.
Bref, les trois rôles sont impeccablement équilibrés, ils s’emboîtent
sans aucune fausse note.
Cette pièce, drôle et sensée, pourrait être un des
rafraîchissements de cet été. J’ai comme « une envie folle » de vous la
recommander…
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