mardi 10 mars 2009

Warren Zavatta "Ce soir dans votre ville"


Théâtre Trévise
14, rue de Trévise
75009 Paris
Tel : 01 48 65 97 90
Métro : Cadet / Grands boulevards

Ecrit par Warren Zavatta
Mis en scène par Anne Bourgeois et Warren Zavatta

Ma note : 7,5/10

Le thème : Comédien, musicien, jongleur, acrobate, petit-fils du grand Achille Zavatta, cet enfant de la balle, Romano moderne, ose dans une performance spectaculaire, drôle et caustique, metttre à mal avec sincèrité et humour, le "merveilleux" monde du Cirque dans lequel il a grandi bien malgé lui...

Mon avis : Il surgit du fond de la salle, apostrophant le public à l'aide d'un mégaphone, tel un bateleur. Il est vêtu d'une superbe tenue bigarrée, il porte d'énormes chaussures, autour de son crâne volète une couronne de faux cheveux, et il est affublé d'un nez rouge. La panoplie parfaite, quoi ! Des signes extérieurs de clownerie dont il s'empresse d'ailleurs de se débarrasser sitôt juché sur la scène... Warren Zavatta est un personnage impressionnant. 1 m 92, le crâne dégarni, le regard dérangeant. Il fait son petit effet... D'autant qu'il attaque par une série de dénigrements sur l'univers du Cirque, un monde dans lequel il n'avait pas choisi d'apparaître et qui, semble-t-il, ne correspondait pas à ses aspirations puisqu'il voulait être comédien. Mais tradition oblige, quand on est dans la caravane, il n'existe pas d'échappatoire ; il faut faire comme tout le monde et s'initier à toutes les disciplines. Et puis il y a la présence imposante du grand-père, le célébrissime Achille qui, apparemment, sur le plan sentimental était plus un clown rouillé qu'un mec pointu. Il le dit tout net : "Pépé Achille m'a pourri mon enfance"...

Warren y va à fond. Ses descriptions, dans lesquelles il ne se fait pas non plus de cadeau, sont truffées de détails pittoresques. Et encore, on sent qu'il en garde sous la semelle de ses godasses pointure 53. Sa jeunesse n'a pas dû être rose dans ce milieu où l'on vit en vase clos, où le choix de ses fréquentations est un peu du domaine de la roulotte russe. Et il a grandi Warren, beaucoup ; trop même puisque sa taille était devenue un handicap pour effectuer certains exercices physiques... Pendant qu'il nous narre toutes ces péripéties, il se livre à quelques activités : il jongle, il crache du feu (vous ne saurez pas tout)... Tout en effectuant ces tours avec un air dégoûté, il explique la vanité totale de ce savoir-faire dans la vie courante. Et, ce qui est le plus cocasse, c'est qu'il est hyperdoué dans ces pratiques. Mais c'est plus fort que lui, il faut qu'il dénature, qu'il tourne tout en dérision. Même si le fond de vérité est là, palpable... Et quelle digression désopilante quand il nous explique à l'aide de trois exemples les difficultés de s'appeler Zavatta quand on veut faire un métier comme monsieur Tout-le-monde !

Et puis tout doucement, insensiblement, sa carapace de dureté commence à se fendiller, laissant ainsi s'échapper une réelle tendresse, une profonde humanité. Il suspend un temps ses clowneries pour nous offrir de jolies petites plages de poésie. Il joue du saxo, révèle le timbre mâle d'une superbe voix de crooner. C'est dans ce bel état d'esprit qu'il nous amène à une fin qui n'est pas vraiment celle qu'on attendait...

Warren Zavatta nous offre un spectacle dense et varié, riche en effets de toutes sortes et, surtout, remarquablement écrit et joué. Même s'il cherche à s'abaisser en avançant qu'il n'a pas "le talent d'Achille", on peut, à juste titre devant cette performance scénique, assurer que Pépé Zavatta aurait été fier de son petit-fils. Mais il ne devait pas vraiment être marrant le Clown ! Lui qui n'appréciait pas que d'autres que lui portent ce nom définitivement lié à l'histoire du Cirque. Il lui sera toutefois beaucoup pardonné puisque, sans doute malgré lui, il a transmis la magie du spectacle dans les veines de ce remarquable rejeton.

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