vendredi 27 juillet 2007

Piaf je t'aime


Olympia
28, boulevard des Capucines
75009 Paris
Tel : 08 92 68 33 68
Métro : Madeleine ou Opéra



Adaptation et mise en scène : Jacques Darcy
Dans le rôle d'Edith Piaf : Marie Orlandi

L'intention : Ce spectacle n'a pas pour but de faire entendre la voix magique d'Edith Piaf - que le disque restitue parfaitement -, mais d'évoquer par une suite de scènes, comme dans une BD, les étapes de la vie de ce personnage mythique, né dans la rue, magifié par la rue et qui, telle une prêtresse vouée au culte permanent de l'amour, rend son chant incantatoire. Les artistes que l'on voit et entend n'ont d'autre ambition que d'illustrer les derniers propos de Jean Cocteau : "Madame Piaf est inimitable. Il n'y a jamais eu d'Edith Piaf avant elle. Il n'y en aura plus jamais. Elle est une étoile qui se dévore dans la solitude nocturne du ciel de France. C'est elle que contemplent les couples enlacés qui savent encore aimer, souffrir et mourir. Je n'ai jamais connu d'être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait".

Mon avis : Les quelques réserves que j'avais lues au lendemain de la toute première représentation de Piaf je t'aime dans le Parisien m'avaient quelque peu alarmé. C'est donc avec une certaine circonspection que je me suis rendu à l'Olympia découvrir ce spectacle sur la vie d'Edith Piaf. Je craignais également que le formidable succès du film La Môme ne rendît la comédie musicale un peu fade.
Et bien je dois reconnaître qu'au bout d'un quart d'heure, toutes mes appréhensions étaient levées. Et je me suis laissé emporter avec plaisir à cette succession de tableaux qui représentaient autant d'ellipses sur l'extraordinaire parcours de Giovanna Gassion, petite fille de la rue devenue mondialement célèbre sous le nom d'Edith Piaf.
Il faut dire que la présence et le talent de Marie Orlandi, ce petit bout de femme bourré d'énergie qui l'incarne, y est pour beaucoup. Elle joue de tous les registres avec une authenticité confondante ; l'espiéglerie, la séduction, l'émotion, le malheur... Et quelle interprète ! Elle n'imite jamais Piaf, elle la restitue. Totalement habitée par son personnage, elle en a adopté la gestuelle et les attitudes. Nous, le public, dont la plus grande partie n'a jamais eu le bonheur de voir le modèle sur scène, nous nous contentons largement de cette évocation. Nous sommes à l'Olympia, ce temple dont elle fut la plus grande prêtresse, et nous avons Piaf devant nous. Il est parfois bon de se laisser transporter par ses illusions. C'est très facile quand le spectacle est bon !
Il y a de nombreux moments de grâce et de pure magie. Ainsi le duo qu'elle interprète avec Louis, le premier amour de sa vie, en tout début de spectacle est d'une absolue fraîcheur. Ses interprétations de L'accordéoniste et de Mon légionnaire, habillées par de remarquables arrangements signés Gérard Daguerre, sont étonnantes. Et que dire de ces morceaux de bravoure que sont Mon Dieu ou L'hymne à l'amour ? On touche à la perfection.
Beaux tableaux, superbes arrangements, chorégraphies agréables, costumes impeccables, jolies voix, lumières épatantes, tout contribue à nous faire passer une fort bonne soirée. On a même droit à deux petits moments d'humour, ce qui n'est pas si évident à dénicher dans une vie aussi tourmentée que celle de la Madame Piaf : l'audition d'Yves Montand et la présentation en franco-américain des Trois cloches. Il faut également souligner la belle présence de l'artiste qui campe Momonne la demi-soeur d'Edith, omniprésente au début de sa carrière et témoin fidèle de son avènement, de sa gloire, de ses amours et de ses drames. Elle possède pile-poil la gouaille qu'il faut.
Bien sûr il ya toutefois quelques petits hyatus... Les trois premières chansons additionnelles, mélodiquement très faibles, souffrent de la comparaison avec le reste du répertoire. Les pinailleurs feront remarquer que les Compagnons de la Chanson étaient neuf et non pas huit comme dans le tableau des Trois cloches. La scène de shadow boxing montrant Marcel Cerdan devenant champion du monde n'est peut-être pas indispensable. La voix enflammée du commentateur sportif y suffirait à elle seule pour nous transporter.

Or donc, en conclusion, vous ne perdrez pas votre temps en vous rendant à l'Olympia. Vous avez jusqu'au 12 août pour profiter de ce bel et bon spectacle de deux heures. Les programmes télé ne sont pas si remarquables que cela, surtout en été. Alors, quand on peut s'offrir un agréable moment de récréation, il n'y a pas à hésiter. Et, après tout, il s'agit là d'un des chapitres les plus riches de notre patrimoine musical. Piaf l'immortelle.

1 commentaire:

PtiGuigui a dit…

Bonjour

Je suis tomber sur votre blog par hasard et je voulais vous remercier pour toutes ces critiques. Je suis moi même grand amateur de comédie musicale et ce fut un plaisir de se replonger dans ses spectacles d'autant plus que je partage la plupart de vos critiques!!

Merci!!