mercredi 9 avril 2008

Gérald Dahan "Sarkoland"


Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75003 Paris
Tel : 01 48 87 52 55
Métro : République

Ma note : 7,5/10

Mon avis : On peut le dire : Gérald Dahan a franchi un palier. Non seulement il s'affirme comme un véritable showman, mais en plus il a su muscler ses textes, les a rendus plus satiriques, plus corrosifs. Quinze ans de métier sont passés par là. Il a désormais les épaules assez larges pour assumer des propos souvent saignants.
Sarkoland est, à mon avis, le meilleur spectacle qu'ait donné Gérald Dahan jusqu'à aujourd'hui. Sur le pur plan des textes, aucun des sketches n'est faible. Ils s'enchaînent à un rythme soutenu, avec une énergie communicative. Gérald n'hésite pas à faire allumer la salle de temps en temps histoire de discuter le bout de gras avec le public et, surtout, d'y choisir une ou deux "victimes" qu'il va harceler tout au long de la soirée, au grand bonheur des spectateurs épargnés.

Le show - car c'en est un - débute sur une parodie hyper dynamique de la chanson d'ouverture de la comédie musicale Cabaret, baptisée ici "Wilkommen à Sarkoland". Encadré par une troupe joyeuse et tonique de danseurs (deux garçons et quatre filles sensuellement vêtues de guêpières et de slips noirs), Gérald révèle des qualités de danseur qu'on ne lui soupçonnait pas. Cette débauche de rythme et de fantaisie donne le "la" au spectacle.
Comme son titre l'indique, ce spectacle est une visite guidée au sein de ce parc d'attractions qu'est Sarkoland. Luxe oblige, chaque endroit évoqué possède son guide propre, un guide qui se comporte en fait comme une sorte de chroniqueur dans une émission de télé. Et quand on a les moyens, on ne lésine pas sur la notoriété et nous autres, humbles visiteurs de ce pays mystérieux, nous sommes pris en charge par des cicérones aussi éminents que Jean-Pierre Foucault, Patrick Sébastien, Marc-Olivier Fogiel, Patrick Timsit, Fabrice Luchini, Régis Laspalès, Christian Clavier, Pascal Sevran, Jean-Luc Delarue, Johnny Hallyday, Jean-Marie Bigard, Charles Pasqua (si, si), Stéphane Bern, Bernard Kouchner... Excusez du peu !
Mais le clou de la visite, c'est tout de même quand le maître des lieux, Nicolas Sarkozy lui-même, condescend à nous présenter son domaine, ses résidents et son oeuvre. Un grand moment ; le morceau de bravoure d'un grand petit homme qui nous laisse sur les genoux ! Un petit bijou de truismes et de lapalissades en tous genres.

Les voix de la plupart des personnages sont imitées à la perfection (Timsit, Laspalès, Clavier, Sarko, Hallyday...). Parfois cependant, Gérald se laisse tellement emporter par ce qu'il dit qu'il en oublie quelque peu le personnage qu'il est en train de camper (Luchini, Bigard...), des petites faiblesses largement compensées par la qualité des textes. Car c'est là la plus importante costatation à adresser à ce spectacle, Gérald Dahan ne fait plus dans la facilité et la guimauve, il se montre incisif, percutant, mordant, vachard. Il balance grave ! Il est une sorte de chansonnier du troisième millénaire.

Voici en quelques mots mon opinion : tourbillon, dimension, passion, subversion, compositions, distraction, confirmation, création, imagination, indignation, interprétation, observation, prestation, récréation, dérision... Bref, consécration et félicitations. Conclusion : prolongations...

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