mercredi 15 décembre 2010
Un conseil très municipal
Mélo d’Amélie
4, rue Marie Stuart
75002 Paris
Tel : 01 40 26 11 11
Métro : Etienne-Marcel
Une pièce de Christian Dob
Mise en scène par Xavier Letourneur
Avec Clément Naslin (Rotati, le secrétaire de mairie) et en alternance Xavier Letourneur, Muriel Lemaire, Nicolas Thinot, Patrice Bertrand, Claude Sesé, Hélène Martinez…
Ma note : 6/10
Présentation : Monsieur le Maire et ses « conseillers » vous convient en tant qu’administrés à un conseil municipal très spécial…
Démagogie, coups bas, coups de gueule, mensonges, compromissions et tutti quanti sont les maîtres mots d’un débat très « démocratique »…
Mon avis : J’ai sans doute eu la chance de me retrouver au Mélo d’Amélie, petite salle conviviale s’il en est, avec un groupe d’une bonne trentaine de personnes, venues apparemment en séminaire, qui s’offraient un moment de détente avec ce spectacle. Avant même que le rideau se lève, ils étaient chauds bouillants… Or, comme la pièce est très interactive et que les spectateurs sont considérés par les quatre comédiens comme des administrés, on fait même appel à onze d’entre eux pour poser des questions. Je suppose qu’il y a des soirs où les intervenants sont intimidés ou sont de médiocres lecteurs, mais nous avons eu affaire à des gens parfaitement désinhibés qui s’évertuaient de mettre le bon ton dans leurs prestations. Il y en a même eu un qui a bluffé les comédiens par sa capacité à se métamorphoser en rappeur ! Donc, cette présence grégaire, plutôt désagréable parce que très bruyante au départ, s’est rapidement changée en plus-value. Soyons objectif.
Revenons à nos moutons, à nos moutons noirs de la politique municipale… Christian Dob a écrit cette pièce il y a 25 ans. Si les ressorts et les mentalités des protagonistes sont toujours intacts, il n’en est pas de même avec les mots. En clair, s’il n’y a absolument rien à redire sur le fond et sur le jeu absolument réjouissant des comédiens, il ne faut pas se montrer très exigeant sur un texte qui a pris un petit coup de vieux. Au niveau des jeux de mots, l’auteur a pillé l’Almanach Vermot. Particulièrement pour les réponses adressées aux « intervenants ». Elles sont tellement prévisibles que c’est plus accablant que drôle. C’est très, très potache. Ceci dit, grâce à l’énergie déployée par les quatre comédiens qui ne rechignent pas leur peine, ça arrive à passer.
Il reste cependant de fort bonnes choses dans cette parodie de réunion de conseil municipal. Xavier Letourneur campe un premier édile qui, en raison de sa stature, de ses intonations et de sa gestuelle, n’est pas sans rappeler un certain Jacques Chirac. Véritable girouette, habile à prendre le vent, il est excellent en politicien aussi véreux que matois, qui pratique l’abus de pouvoir avec un cynisme total. Il en impose vraiment. Muriel Lemaire (c’était elle qui jouait l’opposante le 14 décembre) joue parfaitement sa partition. Avec son physique à la Elisabeth Guigou, elle tient tête à ses deux adversaires avec une belle opiniâtreté, dénonçant leurs turpitudes et ne se montrant jamais dupes de leurs rares flatteries. Nicolas Thinot, dans le rôle de l’ineffable Claque, est lui aussi impeccable. On en connaît plein des arrivistes comme lui, de ces courtisans aussi incultes que peu scrupuleux, égocentriques et vénaux. Il rend son personnage très crédible… Et enfin, il y a Clément Naslin, le secrétaire de mairie. Il est en quelque sorte de pivot de l’histoire car tout tourne autour de lui. Lui aussi, dans son genre, il est gratiné. Un peu benêt, un peu vicelard, complètement tire-au-cul, il essaie lui aussi d’exister dans ce panier de crabes. Bien qu’intellectuellement limité, il possède suffisamment de bon sens et de malice pour tirer son épingle du jeu. Sorte de Zebulon surexcité, au regard exorbité et au sourire carnassier, il prend un plaisir sadique à maltraiter les administrés qui sont venus assister à cette séance ubuesque. Il a une vraie présence et il ne s’autorise aucune limite.
Or donc, rendons grâces à ce quatuor d’acteurs qui se dépensent sans compter et qui parviennent ainsi à nous faire passer un bon moment de drôlerie loufoque et parfois acide. Certes la loupe grossit un peu trop les dérives, mais c’est le propre de la caricature et de la satire. Il aurait peut-être été judicieux de moderniser les dialogues en évitant cette ribambelle de jeux de mots faciles et éculés. Mais comme les spectateurs n’arrêtent pas de rire, cela prouve que la formule, en l’état, a encore de belles soirées devant elle.
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2 commentaires:
Merci.
Rotati
Non, merci Monsieur Claque
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