mercredi 16 novembre 2011
Geluck enfonce le clou
Editions Casterman
(Sorti le 26 octobre 2011)
18 €
Mon avis : Sous-titré « Textes et dessins inadmissibles », ce nouvel ouvrage de Philippe Geluck est au Chat ce qu’Idées Noires est à Gaston Lagaffe pour Franquin. Le temps de noircir et de colorier 140 pages, il abandonne ses chatteries et c’est lui qui sort ses griffes. Quoi que tenir un marteau avec des griffes ne soit pas un exercice des plus aisés. Mais il ne craint pas de se faire mal aux coussinets. Il y a belle lurette que les siens sont garnis de cals.
35 chroniques, 65 dessins, Geluck enfonce le clou ne souffre d’aucune complaisance. Piétiné le politiquement correct. Violentée la diplomatie. Conchié l’angélisme. Quel délice que de planter ses pointes dans une langue… de bois ! Ah ça, il ne faut pas se laisser prendre le doigt entre le marteau de son impertinence et l’enclume de sa causticité. C’est qu’il tape dur le bougre ! Comme il l’écrit lui-même en exergue de son livre il n’y va pas « avec le dos de la petite cuiller »…
Geluck montre ici une autre facette de son expression. Il écrit noir sur blanc ce que d’aucuns pensent parfois tout bas. Il va au-delà de toute bienséance. C’est âpre, dérangeant, virulent, corrosif, mais jamais oppressant. Car il met de l’humour dans tout. Ames sensibles et conventionnelles s’abstenir. Aucun sujet n’est tabou à sa vindicte. Y compris les plus « intouchables ». dans ce livre, il s’insurge, s’indigne et vitupère sur des thèmes aussi variés, intimes ou universels que les enfants des autres, la peine de mort, les journalistes, Dieu, la nostalgie, les motards, l’horoscope, les super héros, la mort, la société de consommation, le racisme, le corporatisme, les fêtes à date fixe, le prison, la publicité, le Père Noël, la mondialisation, la vieillesse… Et j’en passe. Il n’a pas peur en outre de se mettre en scène, de prendre ses patins et de se moquer de lui. C’est l’autodérision du plus fort… Ce livre est une bonne purge, un véritable lavement qui chasse les miasmes de la pensée unique. Comme ça a dû lui faire du bien de se libérer ainsi ! Il faut que certaines choses soient dites. Après, on peut être ou ne pas être d’accord. C’est selon. En tout cas, il y a un élément qui ne peut que faire l’unanimité : c’est vachement bien écrit (« vachement » étant utilisé ici à bon escient). C’est iconoclaste, perfide, osé, et c’est toujours drôle, à condition d'être friand de second degré.
Je suis convaincu que, dans certains cas, il ne pense absolument pas ce qu’il écrit. C’est son côté provocateur et sale gosse qui reprend le dessus. En revanche, je suis tout autant persuadé, pour partager avec lui quelques énervements, qu’il est totalement sincère dans la majorité de ses emportements.
Geluck enfonce le clou, c’est pas du chat-malow. L’artiste va dans le dur avec un crayon noir, bien noir. Et le résultat est parfaitement réjouissant…
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