mardi 1 novembre 2011
Intouchables
Un film écrit et réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec François Cluzet (Philippe), Omar Sy (Driss), Anne Le Ny (Yvonne), Audrey Fleurot (Magalie), Alba Gaïa Bellugi (Elisa)…
Sortie le 2 novembre 2011
L’histoire : A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref, la personne la moins adaptée pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les pantalons de survêtement… Deux univers vont se télescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance à une amitié aussi dingue, drôle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des étincelles et qui les rendra… intouchables.
Mon avis : Voici incontestablement LA comédie de l’année. Elle est d’autant plus percutante qu’elle est inspirée de faits réels.
Fidèle à mes principes, je n’avais rien lu du scénario et je ne savais pas à quoi m’attendre. Dès les premières images, inattendues, surprenantes, je me suis laissé embarquer, allant de surprise en surprise, de plaisir en plaisir, d’émotion en émotion. Intouchables est un film essentiellement humain. Dans l’absolu – et c’est ce qui en fait sa force – tout oppose Philippe et Driss. Ils sont issus de deux milieux sociaux, de deux cultures, de deux éducations diamétralement opposés. La seule chose qui les rapproche, c’est leur handicap : physique pour le premier (il est tétraplégique), social pour le second (il vient d’une cité de banlieue, il sort de prison). Le tout est de savoir comment ces deux là vont cohabiter, apprendre à se connaître, à se respecter l’un l’autre, à s’apprécier puis à s’aimer.
Le sujet est grave. Il est difficile de rire du handicap et pourtant, pas une seconde, on est dans le pathos ou dans la parodie. On est en permanence dans la chair, dans l’humain. En réunissant deux extrêmes, ce film est une formidable leçon de vie et d’optimisme. Bien sûr, il est sans doute plus « confortable » de vivre son handicap quand on est dans l’opulence. Mais comme le scénario s’est appuyé sur la réalité, on le prend tel quel, sans pinailler ou ratiociner. On n’a qu’à se laisser porter par l’évolution et par le jeu des acteurs.
Les acteurs, justement, parlons-en. Quel duo ! Il y a belle lurette que François Cluzet nous avait habitués aux performances de haut vol. Mais là, il ajoute la difficulté à la difficulté. Cet homme n’existe qu’avec sa tête. Tout le reste de son corps (ou presque) est définitivement mort. Cluzet est impressionnant de force. Il existe. Il ne survit pas, il vit. Il réussit à ce qu’on ne s’apitoie pratiquement jamais sur son état.
En face de lui, il fallait donc quelqu’un qui bouge pour deux. Cela faisait déjà deux ou trois films où Omar Sy nous avait révélé l’étendue de son registre. Cet homme là n’est pas que drôle. C’est un être plein de sensibilité et d’amour. Mais il cachait cette pudeur derrière l’humour. Pourtant, ceux qui le connaissent savaient qu’il y avait aussi un gros cœur dans cette grande carcasse. Omar va donc être pour beaucoup une révélation. C’est vrai qu’il est tout simplement formidable dans le rôle de Driss. Il est toujours juste, crédible, simple. Il n’en rajoute jamais. Il n’est pas là pour faire un effet. Il est lui-même. Dans ce film, il est solaire. En cassant les codes, en sortant des lignes, il apporte une sacrée bouffée d’oxygène à son employeur. Il lui redonne un goût à l’existence. Il lui fait découvrir et aimer l’irrévérence, il lui offre inconsciemment une nouvelle forme de liberté.
Au côté des deux principaux protagonistes de cette comédie, il faut souligner la qualité de toute la distribution jusqu’au plus petit rôle et, plus particulièrement deux femmes épatantes, Anne Le Ny et Audrey Fleurot. Cette dernière, révélation de la série de France 3, Un Village français, est en train de se tailler une place de choix dans notre univers télévisuel et cinématographique.
Ce film, parfaitement maîtrisé, est un pur bonheur. Véritable ode à la vie, il nous fait aimer son prochain ou, tout du moins, s’intéresser à lui. Ce qui n’est déjà pas si mal par les temps qui courent.
Le grand succès public, inévitable, qui l’attend en fait d’ores et déjà un des grands favoris dans la course aux Césars, et dans la catégorie Meilleur film, et dans celle des Meilleurs comédiens. Cluzet et Sy mériteraient de partager la récompense ex aequo tant ces deux Intouchables sont indissociables.
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