La
Nouvelle Seine
Péniche sur berge
Face au 3, Quai Montebello
75005 Paris
Tel : 01 43 54 08 08
Métro : Saint-Michel
Tous
les jeudis à 21 h 30
Ecrit et interprété par Noémie de Lattre
Présentation :
Noémie de Lattre a des faux seins. Elle danse, change souvent de couleur de
cheveux et écrit des lettres d’insultes aux gros cons des rues. Elle parle des
hommes et des femmes, aux hommes et aux femmes ; elle parle de sexe, de
carrière, de famille, de publicité et de quotidien. Elle porte des robes
fourreau, des talons de 12 et des décolletés plongeants. Et pourtant, elle est
féministe !
Elle, pour qui ce mot
était synonyme de vieilles filles aigries à aisselles velues, va vous raconter
comment elle en est arrivée là et comment ça va vous arriver à vous aussi…
Mon
avis :
Titré « Féministe pour homme », le nouveau seule en scène de Noémie
de Lattre est un véritable manifeste (définition : « Déclaration publique par laquelle une
personne expose un programme d’action ou une position, le plus souvent
politique ou esthétique »). « programme d’action »,
« position », « politique » (dans le sens sociétal du
terme) et « esthétique », ces quatre mots résument parfaitement ce
spectacle. Il faut néanmoins préciser qu’il s’agit d’un manifeste festif car on
y rit pratiquement tout le temps…
Lorsque nous pénétrons
dans la salle située en proue de la péniche sur laquelle elle se produit,
Noémie de Lattre est déjà sur scène… et sur Seine, évidemment. Vêtue d’une
seule serviette de bain, elle s’apprête. Tout en se maquillant, elle nous
accueille et devise avec nous, offre des bonbons et des « graines »,
papote… Ce n’est qu’après qu’elle ait effectué un très, très sensuel
striptease à l’envers que le spectacle commence.
Tout de go, avec le
franc-parler qui la caractérise, elle se proclame « féministe ». Et
elle entreprend de nous expliquer comment et pourquoi. Tout en prenant garde de
bien préciser qu’elle est « féministe, mais pas que »… Pas une
seconde elle est dans la caricature. Et, surtout, elle ne se comporte pas comme
une féministhérique, bien au contraire, car le moindre de ses propos est
argumenté, étayé, illustré… Je crois que c’est ce que j’ai entendu de plus
exhaustif sur la question. Noémie ne se ménage pas. Après avoir fait sa
lascive, elle balaie large, époussette dans les coins, récure jusqu’à l’os,
gratte où ça fait mal, passe et repasse sur les idées reçues et les stéréotypes
(et ça ne fait pas un pli). Quelle corvée pour les éventuels machos et/ou
misogynes qui se seraient aventurés innocemment dans la salle entraînés par une
compagne ô combien maligne, voire perverse !
Pratiquant à profusion
l’autodérision – elle parle beaucoup d’elle-même et ne se fait pas de cadeaux -
Noémie de Lattre paie de sa personne avec une débauche d’énergie communicative.
Qu’est-ce qu’elle bouge bien ! Elle nous sort des chorégraphies qui sont à
la fois gracieuses, langoureuses et burlesques. C’est très agréable à voir. Ces
virgules physiques sont là ou pour servir de transition ou pour aider à faire
passer des propos qui peuvent heurter la gent masculine. Noémie n’exclut
rien : la chirurgie esthétique, les inégalités hommes-femmes, le sexisme
ordinaire, la Journée du Droit des Femmes, la femme dans l’univers du rap, l’exploitation
de la femme dans la pub, l’ignorance du plaisir féminin avec, pour corollaire,
avoir la jouissance de sa jouissance… Elle ne recule devant rien pour faire
passer son message. Bref, c’est la quadrature du sexe. Et comme elle y va
franco de porc (#), c’est même parfois du cash sexe.
Elle va jusqu’à nous
donner, avec exemple concret à l’appui, une leçon d’anatomie et à se servir de
plumes pour se mettre à poil. Plutôt gonflée la suffragette !
Noémie de Lattre est une super
comédienne, elle occupe la scène avec une incroyable générosité mais c’est
aussi une remarquable auteure. Ses mots sont précis, bien formulés, crus quand
il le faut, son vocabulaire est riche, imagé, ses assertions sont hyper
documentées. Elle se livre à une véritable master class. Son spectacle est
intelligent, profond, et donne à réfléchir.
Enfin, si on passe 80% du
spectacle à rire, à beaucoup rire, Noémie nous s’offre et nous offre deux
parenthèses où le sérieux du sujet ne peut pas se prêter ne serait-ce qu’au
sourire ou à la gaudriole : les difficultés d’être une femme au quotidien
et une aussi effrayante qu’émouvante litanie de « Il ne faut pas que
j’oublie… » que je vous laisse découvrir, écouter et digérer.
En conclusion, si j’ai
tout bien compris le spectacle, entre la princesse et la pute, il y a tout de
même de quoi trouver sa place. Même si ce n’est pas du goût des
« putophages » ; et même si c’est loin d’être gagné. Courage et Respect,
mesdames…
En prêchant un convaincu, Noémie de Lattre a fini de me conforter dans mes sentiments. Je ne vais pas me gêner pour claironner, en osant tirer l'affaire au Clerc : "Femmes, je vous aime !"...
En prêchant un convaincu, Noémie de Lattre a fini de me conforter dans mes sentiments. Je ne vais pas me gêner pour claironner, en osant tirer l'affaire au Clerc : "Femmes, je vous aime !"...
Gilbert
« Critikator » Jouin
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