Le
Grand Point Virgule
8bis, rue de l’Arrivée
75015 Paris
Tel : 01 42 78 67 03
Métro : Montparnasse Bienvenüe
Tous
les mardis à 19 h 45
Ecrit et interprété par Constance et Marie Reno
Mis en scène par Jocelyn Flipo
Présentation :
Suite à un burn-out, Constance remonte sur scène contre l’avis des médecins.
Complètement grillée dans le milieu de l’humour, elle tente de se refaire un
nom en s’attaquant à la chanson. Dans cette nouvelle aventure, elle entraîne
Marie Reno, une musicienne catholique toujours d’accord avec elle.
Belles, drôles et
déjantées, elles vous emmènent dans une série de sketchs à la rencontre de
personnages toujours plus décalés et hors normes, au rythme de chansons
originales allant du rap à la bossa nova…
Gerbes d’amour est un
spectacle humoristico-musical qui repousse les limites du culot et, bordel, ça
fait du bien !
Mon
avis :
Constance est une adorable petite peste qui nous chanterait avec un grand
sourire ingénu : « J’ vous ai apporté des bubons » !
Constance, c’est ça. Une
jeune femme charmante qui n’aime rien tant que de proférer des horreurs, une
sale gosse qui adore dire des gros mots en suçant sa sucette avec un air
candide. Son nouveau spectacle, Gerbes
d’amour, s’inscrit dans la lignée de ses précédents seule en scène (que
j’ai tous vus), des spectacles complètement déjantés, parfaitement assumés, et
qui laissent des trash.
Photo : Frédéric Speller |
Celui-ci a ceci de
différent qu’il est chanté et que Constance y est accompagnée au piano comme
dans le jeu par une complice aussi délirante qu’elle, Marie Reno. Elle, c’est
la ravie de la crèche, c’est Sainte Marie de la Bienveillance. Elle pourrait
parodier aisément Françoise Hardy en susurrant « J’ suis d’accord »
car elle dit amen à tout et, en plus, elle a bon chœur… Ce binôme, ou plutôt ce
bi-femmes, est aussi complémentaire que performant. Insidieusement, au fur et à
mesure(s) que se déroule le spectacle, on voit la sage Marie se mettre peu à
peu au diapason de la frénésie loufoque de Constance et rentrer dans sa folie.
Cette subtile évolution est à mettre au crédit d’une mise en scène
particulièrement bien structurée.
Photo : Frédéric Speller |
Comme elle, n’ayons pas
peur des mots, Constance est folle. C’est une malade mentale à qui on a retiré
la camisole le temps d’un spectacle et dont on ne sait pas à l’avance dans
quelles extravagances elle va nous entraîner. D’abord, il faut le souligner,
Constance est une comédienne hors pair (et pourtant elle en a !). Sa
palette de jeu est si large qu’elle peut se permettre de tout jouer et,
surtout, de tout oser. Tour à tour elle est vamp, nunuche, aguicheuse, naïve,
romantique, perverse, dévergondée, agressive, enjôleuse, jalouse, mesquine, coquine,
gamine, désemparée, fragile, provocante… Et j’en passe. Mais qu’est-ce qu’elle
est drôle !
Sa folie, elle nous
l’amène très intelligemment : dès le début, elle nous informe qu’elle sort
d’un burn-out dévastateur et qu’elle est encore sous l’emprise
d’anti-dépresseurs. Dès lors, la porte est ouverte à tous les égarements, à
toutes les rechutes. On sait que les médicaments ne font pas bon ménage avec la
drogue ou l’alcool. Vous pouvez donc imaginer ce qui lui arrive lorsqu’elle en
consomme…
Photo : Frédéric Speller |
Chacune des chansons
donne lieu à un véritable sketch avec son propre accoutrement, ses propres
accessoires et sa propre gestuelle. Les chorégraphies de Constance, sa façon de
bouger, avec son corps qui semble en permanence hors contrôle avec bras et
jambes indépendants sont inénarrables. Avec une énergie de dingue, elle nous
emporte dans son monde. Un monde qui se trouve aux antipodes de celui des
Bisounours. Elle nous y fait croiser toutes sortes de femmes. Des femmes de
conditions et d’âges différents qui ont chacune une histoire, des rêves, des
fantasmes. Sous le biais de la drôlerie, elle aborde des sujets et des thèmes
forts comme la solitude, les femmes battues, le désarroi de la femme au foyer
livrée à toutes les formes de vicissitudes, la consanguinité…
Photo : Claire Gontaud |
On rit du début à la fin,
sans aucun temps mort. Aucune chanson ne se ressemble. Chacune a son rythme,
son thème, son costume, sa gestuelle et sa mise en scène.
Ces Gerbes d’amour sont en fait des gerbes d’humour… noir !
Excellement secondée par Marie Reno, Constance, formidablement généreuse, est
au sommet de son art. Son apparent lâcher-prise est totalement maîtrisé. Son
talent est à l’image de son prénom, il est constant.
Petit message personnel à
Constance : le hasard a voulu que votre culotte, que vous lancez dans le
public à l’instar de Madonna, a atterri sur mes genoux. Je l’ai précieusement
conservée et je la tiens à votre disposition au cas où vous désireriez la
récupérer.
Gilbert
« Critikator » Jouin
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