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samedi 11 décembre 2010

Arturo Brachetti fait son cinéma


Folies Bergère
31, rue Richer
75009 Paris
Tel : 08 92 68 16 50
Métro : Grands Boulevards / Cadet

Mise en scène de Serge Denoncourt

Ma note : 7/10

Présentation : Quand Arturo Brachetti fait son cinéma, la caméra s’emballe, parcourant les époques, les styles ; de Charlot aux films d’horreur, des comédies musicales aux dessins animés, de la science-fiction aux films d’aventures. Il convoque les personnages mythiques d’hier et d’aujourd’hui, les faisant surgir et s’évanouir en 24 images secondes, ou presque.

Mon avis : Que dire d’Arturo Brachetti qui n’ait encore jamais été dit ou écrit sur ce phénomène absolu du transformisme et de la métamorphose ? Pour qui l’a déjà vu, c’est un plaisir cent fois renouvelé. Et pour ceux qui le découvrent, c’est l’émerveillement le plus total. Derrière moi, j’entendais un spectateur s’étonner à haute voix : « Mais comment fait-il ? ». Comment ? On ne le sait pas et, à vrai dire, on s’en soucie peu. Ce qui compte, c’est le résultat, c’est la performance, c’est cette cascade de prouesses vestimentaires…
Arturo est un Magicien. Il nous emmène dans son monde à lui, peuplé de ces personnages mythiques qui sont gravés dans la mémoire collective, ces héros de BD et, surtout, de films. Car pour son grand retour sur les scènes parisienne et françaises, Arturo Brachetti rend hommage pratiquement pendant tout le spectacle au cinéma. Le cinéma, qu’il a découvert à l’âge de 6 ans à travers un film, Les Damnés de Varsovie, qui lui a flanqué la trouille de sa jeune vie et qui l’a traumatisé un moment. Jusqu’à ce qu’il visite avec son père le Musée du Cinéma à Turin et qu’il se passionne pour une exposition sur… les films d’horreur !

A travers son amour du 7è Art, Arturo nous raconte aussi son enfance et son adolescence. Chaleureux et léger, il fait de nous ses confidents. Et son accent ajoute encore au charme de la narration. Qui mieux que lui peut nous faire revivre le grand Federico Fellini ?
Nous avons bien sûr droit à une succession à un rythme échevelé de costumes tous plus chamarrés les uns que les autres. Mais en marge de ce qui a fait sa popularité, il insère dans son spectacle des petites plages intimistes dans lesquelles il nous révèle certains de ses autres nombreux dons, comme le mime et les ombres chinoises. Dans ces numéros plus minimalistes, il fait preuve d’une inventivité et d’une poésie confondantes. Avec la simple couronne d’un couvre-chef il nous campe une incroyable galerie de personnages. C’est ce qui s’’appelle « en faire baver des ronds de chapeau ». Avec une baguette inexistante, il s’adresse directement à notre imagination pour nous représenter plus de vingt objets célèbres…

Par rapport à son précédent spectacle, Arturo Brachetti a moins scénarisé. Je me souviens par exemple d’une bagarre homérique dans un saloon qui m’avait époustouflé. Cette fois, il se cantonne plus dans la succession de costumes sans spécialement broder autour… Reste que cet homme-là est unique en son genre. Il est beaucoup copié, mais il a tellement d’avance sur ses émules qu’il est à jamais LE Maître du genre. C’est vraiment du grand spectacle. Et puis le garçon est tellement sympathique…

Achille Tonic Cabaret


Le Monfort Théâtre
106, rue Brancion
75015 Paris
Tel : 01 56 08 33 88
Métro : Porte de Vanves

Ma note : 7/10

Présentation : Le Monfort Théâtre s’est transformé en cabaret dans sa plus grande tradition, avec un panel d’artistes d’horizons différents, réunis autour de Shirley et Dino.
Un nouveau rendez-vous renouant avec l’esprit festif des premières années d’Achille Tonic, pour partager avec le public leur amour du music-hall.
Corinne et Gilles Benizio nous présentent des jeunes artistes qu’ils affectionnent : contemporains, traditionnels, atypiques. Acrobates, trapézistes, magiciens, conjuguent leurs talents dans un spectacle magique, poétique et fantasque où l’humour le dispute à la virtuosité.

Mon avis : Après être passés par le prisme grossissant de la télévision sous la houlette bienveillante de Patrick Sébastien, Corinne et Gilles Benizio, alias Shirley & Dino, reviennent à leurs premières amours en recréant l’esprit d’Achille Tonic, créé il y a 25 ans. S’il y en a que « la télé rend fous », c’est loin d’être leur cas. Ils sont restés artisans et amateurs (dans le sens étymologique du terme) dans l’âme. C’est avec un plaisir gourmand de débutants qu’ils reprennent leurs rôles de bateleurs-animateurs dans le cadre beaucoup plus confidentiel mais ô combien chaleureux et convivial du Monfort Théâtre entièrement réaménagé pour l’occasion en cabaret. Ils ne se privent pas d’ailleurs à saluer cette initiative en saluant le manque criant d’endroits à Paris pour que les artistes de cirque et de music-hall puissent pleinement s’exprimer…
Corinne et Gilles ont donc repris leur panoplie traditionnelle et les numéros qui vont avec. Tout au long de la soirée, ils vont à la fois jouer à « monsieur et madame Loyal présentent » et nous livrer les principaux numéros qui ont fait leur succès… On a beau les avoir vus des dizaines de fois, la magie opère toujours. Cette sensation est sans doute due à la formidable sympathie qu’ils dégagent et à la joie de vivre saine et simple qu’ils ont l’art de nous communiquer. C’est sans surprise, mais c’est exactement ce que l’on attend d’eux. Comme leurs numéros, leurs échanges verbaux dans les intermèdes sont parfaitement huilés. Elle essaie d’être sérieuse, il la taquine, ça tourne à la gentille chamaillerie, elle monte dans les aigus, il prend les spectateurs à témoin… Bref, ça fonctionne.

Là où ils ne plaisantent pas, c’est quand ils annoncent les artistes et évoquent leurs numéros. On sent alors pointer tendresse et admiration… Le spectacle est donc ainsi construit avec, en alternance, le show Shirley-Dino et un numéro de cirque ou de music-hall. C’est un peu la version sur le terrain – en un peu plus modeste bien sûr – du Plus Grand Cabaret du monde
Le soir où je m’y suis rendu, j’ai pu apprécier Grand Gilles, un voltigeur-équilibriste qui « joue » avec un trapèze ascensionnel en alliant la souplesse, la force et la grâce… Renaud, un jeune jongleur qui se livre avec son diabolo à des exercices véritablement époustouflants de maîtrise et de virtuosité. Il a d’ailleurs obtenu un joli succès public… Lotta & Stina, deux étonnantes jeunes femmes qui pratiquent le « rola bola » avec humour, force et sensualité, et qui terminent pas une sorte de strip-tease très inattendu… Arno, un magicien stupéfiant qui fait apparaître et disparaître des oiseaux de plus en plus volumineux (de superbes cacatoès et perroquets)… Raymond Raymondson, un magicien burlesque et emprunté qui accumule les numéros foireux avec une constance désopilante, un peu à la Mac Ronay… Stéphan Gruss, un jongleur avec massues hallucinant d’adresse qui pousse les défis de plus en plus loin… Julot, qui pratique le mât aérien avec une facilité agaçante…

Voilà… Si vous aimez les (bons) numéros de cirque et de music-hall et si vous appréciez l’humour bon enfant et les sketches de Shirley et Dino (dont certains sont absolument hilarants – je pense aux marionnettes, un classique-), vous allez passer un excellent moment dans une salle entièrement vouée à cet effet.
Sachez en outre qu’en arrivant au Monfort Théâtre une heure avant le spectacle, vous pouvez y prendre un petit repas à base de salades, ce qui permet d’installer déjà un climat festif en guise d’amuse-gueule avant les facéties des deux cousins.

jeudi 7 octobre 2010

Une trompinette au paradis


Théâtre Déjazet
41, boulevard du Temple
75011 Paris
Tel : 01 48 87 52 55
Métro : République

Un spectacle musical écrit et mis en scène par Jérôme Savary
Piano et direction musicale : Philippe Rosengoltz
Costumes : Michel Dussarat et Mauricette Renda
Avec Nina Savary, Jérôme Savary, Antonin Maurel, Sabine Leroc, Frédéric Longbois et l’orchestre des Franciscains Hot Stompers

Ma note : 8,5/10

Synopsis : Boris Vian, poète, chanteur, écrivain, trompettiste, est l’archétype de l’esprit des années 50 du Paris Rive Gauche. Mort en 1959 à l’âge de 39 ans, il est resté jeune dans les mémoires… Boris Vian, c’est univers plein de poésie, de jazz, de provocations, d’insolence et de modernité. Boris Vian, ce sont des chansons inoubliables, c’est le rock’n’roll qu’il fit découvrir aux Français par le truchement d’Henri Salvador. Boris Vian, c’est un engagement politique. Boris Vian, c’est aussi une époque, celle de Saint-Germain des Prés avec ses intellectuels, ses cafés, ses clubs, ses débats…
Jérôme Savary, passionné de jazz et iconoclaste, lui rend ici un hommage qui swingue à travers un spectacle fidèle à son image : irrévérencieux et poétique, provocateur et tendre à la fois.

Mon avis : Ce spectacle est un régal absolu, un véritable bonheur de spectateur. Quelle que soit sa génération, on ne peut qu’y prendre un maximum de plaisir. Le music-hall, c’est ça ! Revivre à travers un des plus brillants fleurons, Boris Vian, les trépidantes et inventives années de l’après-guerre à Saint-Germain des Prés, c’est tout aussi festif qu’intellectuellement enrichissant. Jérôme Savary se mue en conteur pour nous narrer la vie extraordinaire d’un flamboyant météore. Inimaginable tout ce qu’a pu accomplir Boris Vian en si peu de temps. Ce qui est agréable c’est que, sans en avoir l’air, il nous raconte un tas d’anecdotes ayant trait à cette période si foisonnante. On en apprend des choses ! Et pas seulement sur Boris Vian. Une succession de tableaux et de saynètes nous font apparaître ou revivre le Ché, Elvis Presley, les Frères Jacques, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. On croise des zazous, on descend dans les caves, on se retrouve au Tabou… Chaque séquence est parfaite, il n’y a rien à jeter. Il y a néanmoins un tableau qui m’a emballé encore plus que les autres, c’est celui qui illustre la chanson On n’est pas là pour se faire engueuler. Un diamant parmi un écrin de joyaux !
Entouré de cinq musiciens (piano, contrebasse et 3 cuivres auxquels vient parfois se mêler l’excellent Antonin Maurel avec sa guitare), et d’un quatuor d’artistes aussi accomplis que pluridisciplinaires, Jérôme Savary nous propose un spectacle total, plein de joie de vie, d’énergie et d’humour. Les costumes sont magnifiques, le rythme est enlevé, la musique entraînante, le Grand Circus est toujours aussi magique. Nina Savary et Antonin Maurel possèdent un talent inouï. Ils savent absolument tout faire.
Entraînés par cette joyeuse bande, non seulement, on s’amuse énormément, mais on apprend plein de choses.