samedi 20 juin 2009

Echauffements climatiques


Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 48 74 74 40
Métro : Blanche

Une pièce de Sylvie Audcoeur et Olivier Yéni
Mise en scène par Xavier Letourneur
Avec (par ordre d’entrée en scène) Martyne Visciano (Prudence Meissonnier), Jean-Marc Bidet (Dominique Bastien), Sylvie Audcoeur (Alexandra et Agnès Meissonnier), Sophie Le Tellier (Géraldine Bariani), Olivier Yéni (Nicolas Bariani)

Ma note : 6/10

L’histoire : Après avoir travaillé quinze ans dans un grand groupe pétrolier, Géraldine fait son « coming out » environnemental et entreprend un Mastère de Développement Durable. Pour réaliser sa thèse, elle impose à son mari Nicolas, plutôt sceptique, de s’installer dans une petit immeuble de centre ville appartenant à l’irréductible famille Meissonnier afin de le mettre aux normes. Géraldine est persuadée qu’elle saura les convaincre d’en faire un modèle de développement durable… D’abord totalement hermétique à ces nouveaux enjeux du 21è siècle, Prudence Meissonnier, propriétaire désargentée… mais soumise à l’ISF, réveillera très vite sa conscience éco-citoyenne et celle de ses nièces ; car, à la clé, il y a de nombreuses subventions…

Mon avis : L’action se déroule sur une placette située devant un petit immeuble parisien, vieillot et passablement dégradé… La première scène nous met immédiatement dans l’ambiance. Prudence Meissonnier, la séduisante propriétaire des lieux, effectue sa gymnastique en plein air, quand son locataire, Jean-Marc Bidet sort pour acheter ses croissants. Le jeune homme, sympathique et chaleureux, essaie poliment d’entamer la conversation. Mais la proprio s’obstine à l’ignorer. Diable, c’est qu’ils ne sont pas du même monde ! Même si le Bidet est prof de SVT de son état. Il ne s’en offusque toutefois pas, au contraire, il s’en amuse et, de nature facétieuse, il la taquine gentiment… Survient alors Alexandra, la nièce de Prudence, une jolie jeune femme qui occupe un des logements de l’immeuble. On comprend rapidement que sa libido gourmande l’a amenée à franchir les quelques mètres qui la séparaient du lit de son voisin de palier, notre aimable professeur, pas mal fait de sa personne au demeurant. Cette relation n’est guère du goût de sa tante qui leur a interdit, à sa sœur jumelle Agnès et à elle, d’adresser la parole
au(x) locataire(s)…

Hélas pour Prudence, cette charte rigoureuse va bientôt être mise en péril par l’arrivée d’un couple intéressé par un des appartements resté disponible dans l’immeuble, Géraldine et Nicolas Bariani… Géraldine ne cache pas son jeu. En l’absence de Prudence rentrée chez elle pour se changer, elle explique à son mari les raisons de son attrait pour cet immeuble un peu pourri : elle est là pour trouver matière à la rédaction de sa thèse destinée à lui permettre de décrocher son Mastère de développement Durable. Géraldine n’est pas une tendre. Autoritaire et tyrannique, c’est une véritable passionaria frisant l’intégrisme. Ecolo, mais pas cool. Et c’est en faisant miroiter de confortables subventions qu’elle va faire basculer en sa faveur une Prudence qui n’en justifie plus son prénom. Plutôt que de l’utiliser aux fins d’aménagements, cette manne inattendue va lui permettre d’éponger son ISF !

Echauffements climatiques est annoncée comme « la première comédie compensée carbone » et ce n’est pas là publicité mensongère. C’est même une pièce totalement en phase avec l’air du temps, intelligente, et qui nous met en face de nos propres responsabilités de citoyen lambda dans le domaine de l’écologie. Faire rire avec un tel sujet, vraiment sérieux, était une gageure que les auteurs ont plutôt bien réussie.
D’abord, la pièce est servie par un quintette de comédiens épatants. Leur amicale complicité, leur joie de jouer ensemble, sont communicatives. Chacun dans son personnage, parfaitement typé, est sans faille. Prudence est une femme totalement dépassée par les événements ; la rigidité qu’elle affecte n’est qu’attitude de façade et, visiblement, contre nature ; elle est un peu fofolle, gentiment évaporée et, sûre de son pouvoir de séduction, elle est un tantinet obsédée… Jean-Marc Bidet, on l’a dit précédemment, est l’individu le plus sympathique qui soit. Particulièrement conciliant, il déteste les conflits, il est d’office aimable avec tout le monde. Mais peut-être ne faut-il pas le maltraiter impunément car il est capable soudain de mettre les choses au point avec une vigueur inattendue… Géraldine, c’est l’intégriste-type, grande gueule, directive et péremptoire. Elle possède un abattage et une énergie véritablement dévastatrice… La première proie de cette prédatrice est automatiquement son mari, Nicolas. Mais s’il veut bien la suivre dans son délire environnemental, il ne se laisse tout de même pas marcher sur les pieds et il est capable de se rebeller… Alexandra Meissonnier, elle, est plutôt du genre psychorigide. Une vraie peau de vache ! Cassante et peu aimable, elle croit que son irréprochable plastique lui suffit pour mener son voisin de palier par le bout du nez et de certains autres organes. En réalité, c’est quelqu’un qui est mal dans sa peau et masque son manque d’assurance derrière une brutalité maladroite… Et puis il y a Agnès, sa sœur jumelle. Alors elle, elle est bien frappée. Déjantée, agitée, hyper-bavarde, exclusive, elle se livre à un moment à un numéro irrésistible de drôlerie, digne de la Zézette du Père Noël est une ordure…
Et là, je dois battre ma coulpe : me refusant systématiquement à lire les dossiers de presse ou les programmes pour ne pas connaître le contenu d’une pièce afin d’en préserver tout le sel, je n’avais donc pas noté que Sylvie Audcoeur tenait les deux rôles d’Alexandra et d’Agnès… Et bien tout au long de la pièce, tant elles sont dissemblables, j’ai cru qu’il y avait deux comédiennes. Complètement bluffé. C’est dire la performance réalisée par la jeune femme !

Maintenant, en dépit du bel abattage des comédiens et d’une mise en scène alerte et rythmée, de la présence cartoonesque d’Agnès, je ne peux pas dire que j’ai été transporté par cette comédie. Elle est peut-être justement trop intelligente et même, parfois didactique et un peu solennelle (surtout dans les propos de Géraldine). Mais pour être honnête, je ne me suis pas ennuyé, j’y ai pris souvent du plaisir et j’ai ri de bon cœur devant les facéties d’Agnès et à certaines répliques…
Je formule donc le vœu que cette pièce, qui a du fond et du sens et qui se veut louablement éco-citoyenne connaisse au niveau de la fréquentation un développement durable. C’est tout le mal que je lui souhaite…

vendredi 19 juin 2009

Vérino


Théâtre de Dix Heures
36, boulevard de Clichy
75018 Paris
Tel : 01 46 06 10 17
Métro : Pigalle

Ma note : 7/10

Mon avis : J’ose – mais on a dû le lui faire des dizaines de fois – cette annonce en forme de slogan : In Vérino véritas parce que Vérino, c’est rosse ! Mais pas féroce ». Je sais, c’est facile, mais ça convient parfaitement au spectacle que ce jeune homme nous propose pendant tout l’été au théâtre de Dix Heures.

Vision globale du garçon : son gabarit pas vraiment imposant cache un véritable athlète plein d’énergie et de tonicité. Il suffit de voir son entrée en scène tonitruante. Quand il saute, il tient vachement longtemps en l’air, défiant les lois de l’apesanteur. Et quand il parle, il attire vachement l’attention, défiant les lois de la pesanteur. Vérino est un être exquis, éminemment sympathique, qui n’hésite pas pourtant à balancer grave et à se livrer à quelques incursions réjouissantes du côté de l’humour noir (son premier sketch sur Jean-Noël-le-dépressif en est le meilleur exemple). Mais il affiche un sourire tellement craquant qu’on l’absout avec indulgence de toutes ses férocités. Il ne fait même pas sale gosse ! Il est plutôt bien élevé, poli, il raconte avec une vibrionnante volubilité et forces détails cocasses de banales situations de notre quotidien (les files d’attente à la Poste, à la FNAC au Pôle Emploi…) qui démontrent un sens très aigu de l’observation de ses contemporains. Et comme, en plus, non seulement il bouge remarquablement bien, mais il distille avec un réel brio des mimiques et une gestuelle dignes à la fois du Mime Marceau et d’un cartoon de Tex Avery, il nous offre un spectacle vraiment complet (sponsorisé par Pépito ?), sans temps mort et physiquement très dynamique. On ne s’ennuie pas une seule seconde.

Vérino est aussi très joueur. Il entame un dialogue avec le public, quémandant son approbation sur les comportements si différents des garçons et des filles, faisant approuver la valeur de tel ou tel jeu de mot… Très moqueur avec la gent féminine, il adore choquer et faire monter les murmures réprobateurs pour aussitôt les étouffer avec son charme presque enfantin. C’est un vrai charmeur qui a l’art de se mettre tout le monde dans la poche. Au passage, il se livre à quelques digressions sur le quartier où se trouve le théâtre qui l’héberge, Pigalle ! Quartier propice à tous les fantasmes et à toutes les turpitudes plus ou moins avouables.
Le soir où je m’y trouvais (la salle était pleine), deux mouches espiègles et sans gêne sont venues perturber le spectacle en voletant impudemment de la salle à la scène. Et bien il s’est servi de cet avatar pour improviser un sketch tenant à la fois de la BD et du safari. Un véritable bonus !
Enfin, il faut mettre en avant une bande-son et des bruitages d’autant plus efficaces qu’ils ne sont pas omniprésents et qu’ils sont utilisé à bon escient (pas mal la veste Hi-Fi…)

Vérino nous propose donc pour tout l’été un spectacle aussi rafraîchissant que le célèbre jet d’eau de la place Pigalle. Il a trouvé sa place à lui dans notre panorama humoristique, prouvant que l’on peut faire rire de bon cœur sans être méchant ou cynique. Ça fait du bien et ça met tout le monde de bonne humeur. Un garçon à suivre…

Le Grand bain


Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 35 02
Métro : Havre-Caumartin / Auber

Une comédie de Clément Michel
Mise en scène par Stéphane Boutet
Avec Aurélie Bargème, Vanessa Guide, Maud Le Guenedal, Yannick Mazzilli, Clément Michel, David Roussel

Ma note : 7/10

L’histoire : Six amis et un bébé ont loué une maison de vacances sous le soleil du Luberon. Problème, la piscine est très grande, très belle, très profonde… mais très vide ! Qu’est-ce qu’on fait quand il n’y a pas d’eau ? On plonge, on coule, on flotte… ? Le Grand Bain est une comédie sur l’amitié qui prend l’eau, sur les vacances qui partent en eau de boudin et les petits baigneurs en larmes…

Mon avis : Le Grand bain pourrait –devrait – être un des succès rafraîchissants de cet été. On en a vu beaucoup de ces types de pièce qui mettent en présence plusieurs couples de trentenaires, a priori amis, mais qui, confrontés à des difficultés soudaines, révèlent leurs vrais caractères. Tout réside donc dans le ton, les dialogues et, évidemment, dans les acteurs. Dans ces trois domaines, rien à dire, c’est plutôt réussi.
Dans un joli décor, bucolique à souhait, qui fleure bon le Luberon (il ne manque que les senteurs de lavande) où fauteuils et transats reposent sur une tendre pelouse, on va découvrir au fur et à mesure de l’intrigue les trois couples qui vont s’affronter sur fond d’absence de piscine ; ou plutôt, sur fond d’absence d’eau dans la piscine. Car la piscine elle est bien là, mais elle est désespérément vide ! Et quand chacun est venu uniquement en raison de cet imparable argument de location, le constat est plutôt saumâtre. Et chacun réagit en fonction de son tempérament.

Il y a le couple formé par Gégé (c’est le diminutif d’une dame) et Franck. Elle est gentiment bébête et facilement hystérique. Lui, c’est un leader. Il est autoritaire, obsédé par son boulot, l’oreille en permanence scotchée à son portable qui, hélas pour lui, capte mal dans cette région « déshéritée »… Bref, il est considérablement agaçant mais, en même temps, c’est un peu lui qui prend les choses en mains pour régler le problème piscinicole avec le propriétaire-loueur…
Autre couple, celui composé de Pierre et Sabine qui sont venus, eux, avec leur bébé. Autant la jeune femme s’avère un tantinet emmerdeuse, capricieuse et égocentrique, autant son mari est un garçon doux, positif et conciliant. Bonne pâte, il fait son possible pour éteindre le moindre départ de feu de broussailles dans les relations entre les uns et les autres et, surtout, pour préserver une relative harmonie dans son couple. Ce qui n’est pas la tâche la plus aisée qui soit avec la Sabine !
Enfin, reste les deux célibataires, Fabienne et Damien qui, dans un passé proche, ont vécu ensemble une idylle. Ils sont donc des ex l’un pour l’autre, chose qui ne facilite pas leurs rapports plutôt fielleux. Fabienne est une détestable misanthrope, prétentieuse et cynique. Quant à Damien, sous des apparences cool, il ne tarde pas à dévoiler sa vraie nature : pique-assiette, radin, profiteur, hypocondriaque et parano… Beaucoup pour un seul homme !

Alors, vous mettez ces six personnages dans un shaker, vous le secouez, vous le portez à ébullition et, comme il n’y a pas de piscine pour le refroidir, vous pouvez imaginer les dégâts collatéraux qui peuvent en sortir quand on soulève le couvercle… Le Grand bain est une pièce habilement construite car elle ne fait que monter en puissance. Ça vanne sec, les dialogues sont cinglants, les personnages sont extrêmement bien typés et dessinés. Plus les nerfs sont portés à vif, plus les rapports sont exacerbés, plus la tension monte. Alors les choses se disent, on règle ses comptes… Jusqu’à un final qui agit comme un bon gros coup de vent qui chasse les nuages avec, en point d’orgue, un beau et grand moment d’émotion. Bref, on se laisse prendre et on s’attache à tous ces personnages qui nous ressemblent tous plus ou moins.
N’hésitez pas à plonger dans ce Grand bain qui constitue un excellent moment de détente pour l’été…

mercredi 17 juin 2009

Tellement proches


Un film d’Eric Toledano et Olivier Nakache
Avec Vincent Elbaz (Alain), Isabelle Carré (Nathalie), François-Xavier Demaison (Jean-Pierre), Audrey Dana (Catherine), Omar Sy (Bruno), Joséphine de Meaux (Roxane), Jean Benguigui (Prosper), Max Clavelly (Lucien), Lionel Abelanski (Charly)…
Sortie le 17 juin

Ma note : 6,5/10

L’histoire : Quand Alain a épousé Nathalie, il ne savait pas qu’il épouserait aussi sa famille…
Ce samedi, comme toutes les semaines, ils sont invités à dîner chez son beau-frère, Jean-Pierre, à Créteil. Mais ce soir, plus que d’habitude, Alain est à bloc ; il bout comme une cocotte prête à exploser. Il en a marre. Marre de se planter à chaque fois sur le chemin, marre de se farcir les petits conseils de vie de Jean-Pierre et de sa femme Catherine qui élève ses enfants comme des chevaux, marre d’attendre le dîner l’estomac vide en subissant les spectacles soporifiques de leur fille Gaëlle, marre de regarder pour la énième fois la vidéo de leur mariage, marre aussi de son autre belle-sœur, Roxane qui, affolée par son horloge biologique, a jeté son dévolu sur Bruno, jeune interne en médecine qui se demande un peu comment il a atterri à ce dîner…

Mon avis : Ce film est un peu le patchwork de situations que l’on a tous plus ou moins connues ou approchées. Ce qui fait que l’on se sent un peu en famille et, parfois, « tellement proche » de l’un ou de l’autre des protagonistes. Bien sûr, il arrive que le trait soit un peu grossi, sinon pas de comédie, mais on suit avec intérêt et sympathie les circonvolutions spasmodiques existentielles de l’un(e) ou de l’autre.
Eric Toledano et Olivier Nakache attachent, c’est une évidence, un soin tout particulier au profil psychologique de leurs personnages -on l’avait déjà remarqué avec le très réussi Nos jours heureux – ce qui leur permet d’obtenir des dialogues absolument précis et imparables.

Tellement proches est une galerie de portraits… Il y a le couple formé par Isabelle Carré et Vincent Elbaz. Une fois encore, elle est épatante, Isabelle, véritablement attachante. Elle est aussi cool qu’efficace, pleine d’indulgence et de tolérance, généreuse et touchante. Lumineuse, quoi ! Quant à Vincent, il est un peu l’archétype masculin : pas mature, égoïste, bordélique, dépassé… Forcément sympathique !
Et en face d’eux, il y a le couple infernal composé d’Audrey Dana et François-Xavier Demaison (qui gagne là ses vrais galons d’acteur de comédie). Ils sont insupportables de connerie et de fatuité. Ils sont convaincus de détenir le science infuse et matière d’éducation (leurs enfants sont de pathétiques singes savants) et de gestion du quotidien. Mais tout ceci n’est qu’apparence et le, château de sable ainsi édifié peut à tout moment s’écrouler sous l’effet d’une vague un peu plus forte. Demaison compose un personnage détestable, puant de maniaquerie et de suffisance, minable même, mais qui, quand la vie lui assène une bonne claque sur la tronche, se révèle finalement très émouvant et humain.
Et puis il y a Lucien, le gamin infernal du couple Carré-Elbaz. Dans le genre turbulent et perturbé, il atteint des sommets. Cet Attila en culottes courtes, est un véritable cataclysme. Sous le regard indulgent de sa mère et avec parfois la bienveillance complice de son père, il est la terreur de ses oncle et tante. Ce gamin (Max Clavelly) est formidable. Tellement juste d’ailleurs que l’on a souvent à son égard des envies de meurtre précédé de tortures.
Autour d’eux gravitent une petite cohorte de gens plus ou moins bien dans leurs baskets. Roxane (Joséphine de Meaux) d’abord, la sœur de Nathalie (I. Carré) et de Jean-Pierre (Demaison). Dans le genre névrosé, elle est gratinée. Les dommages collatéraux qu’elle provoque vont atteindre de plein fouet ce pauvre Bruno (Omar Sy) qui n’avait rien demandé. En fait, il est, avec Isabelle Carré, le seul personnage normal de cette histoire. Placide et pacifiste, il passe son temps à essayer de s’extirper de ce wagonnet qui l’entraîne sur d’inconfortables montagnes russes. Désormais bien installé dans le cinéma français, Omar Sy nous offre à chacune de ses apparitions des compositions bien réjouissantes. Et dans ce film, comme dans Nos jours heureux d’ailleurs, il ne se contente pas de jouer à l’humoriste de service, en s’exprimant avec justesse sur toute une palette de sentiments.
Quant à Jean Benguigui, il apporte une fois encore son sens inné de l’autodérision et de la distance dans le personnage du paternel d’Alain (Elbaz) dont l’égocentrisme nous aide à comprendre la part d’hérédité dont a été nanti le fiston.

En résumé, j’ai vécu ce film comme si j’étais le passager d’une voiture engagée sur une route de montagne pleine de lacets. C’est un film tout en zigzags. Quand on est dans le « zig », on se régale de grands moments de pure comédie frôlant le burlesque, comme la folle soirée à Créteil ; Et quand on est dans le « zag », on déplore un peu que les réalisateurs se soient parfois laissés aller à une certaine facilité avec des scènes quelque peu caricaturales et des situations excessives (le cliché sur les psychanalystes).
Mais dans l’ensemble, on se plaît bien sur le parcours. Grâce surtout à une brochette d’excellents comédiens, à des dialogues vifs et percutants, à de jolies scènes (le tête-à-tête vers la fin entre Elbaz et Demaison), et à certaines situations qui donnent lieu à de véritables sketches humoristiques.
Famille, je vous hais ? Là aussi, c’est la zigzag assuré…

mardi 26 mai 2009

Quelque chose à te dire


Un film de Cécile Telerman
Avec Mathilde Seigner (Alice Celliers), Olivier Marchal (Jacques de Parentis), Pascal Elbé (Antoine Celliers), Charlotte Rampling (Mady Celliers), Patrick Chesnais (Henry Celliers), Sophie Cattani (Annabelle Celliers), Marina Tomé (Béatrice Celliers), Gwendoline Hamon (Valérie de Parentis), Laurent Olmedo (Christian Meynial), Françoise Lebrun (la mère de Jacques)
Sortie le 27 mai 2009-05-26

Ma note : 8/10

L’histoire : La famille Celliers est une famille ordinaire : tous les membres qui la composent sont complètement timbrés…
Mady, mère au foyer, la soixantaine éclatante, passe la majeure partie de son temps à dire des horreurs de se deux filles et de son mari, Henry, ancien grand patron, être étrange qui régresse bizarrement depuis son départ à la retraite. Antoine, le frère aîné, chef d’entreprise incapable de gérer une société, enchaîne faillite sur faillite tandis qu’Alice, sa sœur, peint compulsivement, entre deux avortements, des madones dépressives et toxicomanes. Quant à Annabelle, infirmière dans une unité de soins intensifs, elle tente désespérément de sauver ses proches en leur prédisant l’avenir dans les cartes.
Tout irait dans le meilleur des mondes chez les celliers si Alice ne croisait pas « par hasard », un soir de déprime, Jacques, flic solitaire et désabusé, grain de sable qui viendra gripper les rouages parfaitement huilés de leur névrose familiale...

Mon avis : Que du bonheur ! Ce film, ce n’est que du bonheur !
Une fois que l’on a décidé d’accepter le postulat d’un scénario tout de même un tantinet tiré par les cheveux (il faut bien admettre que le lien qui va relier Jacques de Parentis à la famille celliers est gros, très, très gros), on met notre esprit cartésien sur notre fauteuil et on s’assied dessus pour se laisse envahir par un incommensurable bonheur de spectateur.
Cet immense plaisir est provoqué par de nombreux paramètres ; paramètres qui font que ce film est une totale réussite.

La distribution d’abord. Une véritable constellation de comédiens en état de grâce. Sans doute d’ailleurs parce que la réalisatrice, Cécile Telerman (un nom à retenir), dont ce n’est là que le second long métrage, leur a concocté des personnages dotés d’une sacrée personnalité. Ils sont aussi attachants qu’hauts en couleurs. Le couple formé par Charlotte Rampling et Patrick Chesnais est une magnifique trouvaille. Leur relation, jusque là sans doute relativement feutrée, devient soudain conflictuelle en raison du temps libre dont se retrouve doté Henry Celliers, grand patron récemment retraité. L’hyperactif qu’il était est complètement empêtré dans une oisiveté et un sentiment d’inutilité qu’il ne peut se résoudre à accepter. Alors il se débat avec ses envies de rendre service à son fils Antoine, pseudo homme d’affaires, qui ne peut absolument pas grandir tant il est rendu timoré par l’ombre pesante et envahissante de son redoutable père. Patrick Chesnais joue tout en finesse… Charlotte Rampling possède là un rôle qui doit être un régal pour une comédienne. Elle est méchante, caustique, affreusement injuste, mais tellement plaisante. Elle adore la castagne et se complaît à asticoter un mari enfin à descendu du piédestal que lui conférait sa haute position professionnelle. Et elle s’en donne à cœur joie. On ne comprendra que bien plus tard d’où lui vient cette agressivité chronique qui n’est en fait que la traduction d’un gros sentiment d’amertume. Charlotte Rampling est tout bonnement excellente dans ce registre à double niveau de lecture.

Et puis il y a le couple formé par Mathilde Seigner et Olivier Marchal. Un couple à faire frémir d’aise les midinettes et les personnes un peu fleur bleue. Et même tous les spectateurs qui possèdent encore une certaine propension à un certain romantisme de bon aloi. Une association a priori inattendue, mais qui s’avère totalement plausible. Ces deux là ne jouent pas, ils sont ! Mathilde hérite d’un rôle sur mesure, un rôle très riche. Elle jongle avec un naturel confondant avec toute une palette de sentiments : le désarroi, la révolte, la tristesse, la passion, l’entêtement… Tout doucement, de film en film, elle commence à nous livrer ce qu’elle s’était jusque là ingéniée à dissimuler, sa fragilité, sa douceur, son humanité. Aujourd’hui, son éventail de jeu s’est considérablement élargi. Ça promet pour les années à venir… Olivier Marchal, lui, nous étonne régulièrement en allant là où ne l’attend pas. On connaissait le flic bourru, jusqu’au-boutiste, violent jusque à l’autodestruction, mais toujours, toujours vulnérable. C’est dans ce registre qu’il est le plus prenant. Capable de jouer sur tous les registres, il a trouvé sa place dans le cinéma français. Avec lui, rien n’est jamais tout noir ou tout rose. Les muscles se sont peut-être un peu avachis, mais le cœur reste lui bien enthousiaste, ouvert à toutes les aventures humaines. Et comment ne pas craquer quand il se met à distiller son immense tendresse… On sent qu’ils ont bien dû s’amuser ces deux là. Ils sont tellement proches quelque part que, après le round d’observation, la complicité entre ces deux pugilistes au cœur tendre a dû être vachement forte.

Dans le sillage de ces deux couples, tous les comédiens sans exception son épatants… Pascal Elbé n’en finit plus de nous ravir. Dans ce film, il tient une place prépondérante. Non seulement il est l’aîné et le seul garçon de la fratrie Celliers, mais il campe également in piètre homme d’affaires dont les angoisses se traduisent en une hypocondrie plutôt marrante. Il n’y en a pas tant que ça des comédiens qui acceptent de ravaler ainsi leur virilité pour jouer avec autant d’intensité l’émotion, la souffrance et l’inadaptabilité à un monde souvent féroce… Grande composition de sa part dans le personnage si essentiel d’Antoine…
Enfin, comment ne pas évoquer Sophie Cattani. Elle illumine le film de sa présence fraîche, aimable et généreuse. On a tous envie d’avoir une sœur comme elle, une jeune femme capable de mettre ses propres douleurs de côté pour se dévouer à panser les plaies d’autrui. Elle est pour moi la grande bonne surprise de ce film.

Les dialogues, ensuite, font beaucoup pour la réussite de ce film. Ils sont mordants, incisifs et percutants à souhait. Une succession de perles venant apporter beaucoup de sel à de très belles scènes dans un film où tout est basé sur la relation de l’un à l’autre. Chaque tête-à-tête est un moment d’intense jubilation. C’est vif, anti-conventionnel, acide et, terriblement juste.
La presque fin du film, avec sa succession d’images rapides, superposées, comme autant de lignes convergeant jusqu’au point de choc est un grand moment de cinéma qui nous fait agréablement palpiter.

Qu’ajouter à cela, sinon de préciser que Quelque chose à te dire est un juste reflet de la vie. C’est une alternance de moments drôles, émouvants, durs même. On ne s’y fait pas de cadeaux. Chacun assume sa part d’ombre que les autres ne soupçonnent pas, chacun essaie aussi de faire sa vie, de façon plus ou moins pathétique, et de trouver sa part de bonheur.
Finalement, on s’en fout complètement que le scénario soit à la limite de l’incrédibilité puisqu’il nous sert une superbe histoire pleine d’humanité et qu’on a envie d’y croire. Elle nous ressemble (et nous rassemble) tellement cette sacrée famille Celliers !
Un superbe film qui a, vraiment, lui aussi quelque chose (de fort) à nous dire…

vendredi 15 mai 2009

A la vie !


Théâtre Mouffetard
73, rue Mouffetard
75005 Paris
Tel : 01 43 31 11 99
Métro : Place Monge

Une pièce de Jean-Louis Milesi
Adaptée du scénario du film A la vie, à la mort, écrit par Robert Guédiguian et Jean-Louis Milesi
Mise en scène par Pierre-Loup Rajot
Décor d’Anne Wannier
A2vec Jean-Jérôme Esposito (Jacquot), Laurent Fernandez (José), Lara Guirao (Marie-Sol), Julie Lucazeau (Vénus, secrétaire, femme de Jacquot, la patronne), Ged Marlon (Patrick), Georges Néri (Papa Carlossa), Richard Sammel (Otto), Mireille Vitti (Joséfa)

Ma note : 8,5/10

L’histoire : Chassés par sa patronne qui veut creuser une piscine à l’emplacement de la petite maison qu’elle leur prêtait, Marie-Sol, son mari et son père se retrouvent à la rue. Joséfa, stripteaseuse plus très jeune qui ne veut plus s’effeuiller, les accueille généreusement dans son cabaret en mal de clients. Dans ce refuge du bout du monde, la tribu se recompose. Le père, le frère, la sœur, le beau-frère, la belle-sœur, le frère adoptif, le client et la jeune droguée organisent la résistance ; la résistance au chômage, à la détresse, à la vieillesse, à la stérilité… Chacun va chercher sa réponse et comprendre, à l’instar de Marie-Sol, qu’il ne suffit plus de prier, de supplier ou de se contenter d’attendre, mais qu’il faut agir et se battre.

Mon avis : Il y a des soirs où ce métier, déjà bien agréable, se révèle absolument épatant. C’est lorsqu’on vient assister à une pièce sans aucun a priori, sans idée préconçue, en s’étant, comme à chaque fois, interdit de lire la moindre ligne du dossier de presse hormis la distribution et que, lorsqu’on sort de la salle, on en a pris plein la tête et plein le cœur. Que du bonheur, quoi ! Le plaisir, au théâtre, est très souvent au rendez-vous, mais les moments de grâce pure sont exceptionnels. Et bien, c’est le cas avec A la vie !.
Pas de star au générique, un théâtre un peu excentré dans lequel on est peu accoutumé à venir, bien que situé dans un quartier vivant, pittoresque et sympa, celui de la Contrescarpe et de Mouffetard… On y vient l’esprit badin, il fait doux dehors, on ne pense à rien de particulier. La salle est accueillante. Pas de rideau. On est tout de suite en présence du décor, l’arrière-cour d’un cabaret avec son comptoir, sa remise, ses filets de pêche qui pendent du plafond. On est dans le Midi. Marseille est tout proche.

Il ne faut pas la raconter cette pièce, il faut laisser au spectateur le loisir de s’installer tranquillement et de se laisser emporter par cette histoire, par les destins croisés de cette petite bande de laissés pour compte qui essaient tant bien que mal, en fonction de leur tempérament, de subsister. Ce sont Ken Loach et Marcel Pagnol qui seraient associés pour écrire à quatre mains cette tragicomédie sociale du 21è siècle. La crise est là, palpable. Mais, crise ou pas, ces gens-là ne sont-ils pas des êtres éternellement voués à la misère ? C’est leur condition. Ils ont la culture de l’humilité, une forme de résignation chronique que tente de contrebalancer parfois une réelle aptitude à la survie…

Mais, d’abord et avant tout, ce sont des gens qui ont du cœur. Ils savent viscéralement que le peu de bonheur qu’ils peuvent offrir ou recevoir, réside dans le partage, dans la générosité, dans l’entraide. Et dans ce domaine, ils sont bien plus riches que la majorité des nantis.

Dans cette pièce, il n’y a que de l’humain. On rit, on pleure, on s’apitoie, on s’indigne, on se solidarise, on se révolte, on s’émeut… On passe par tout un éventail de sentiments, de ces sentiments basiques et forts qui constituent la chair de la vie.
On les aime tous ces personnages à la dérive, simples et fiers, pathétiques et sympathiques. On a de l’empathie pour chacun d’eux car on les comprend, on se met à leur place. L’humour et l’amour réussissent sans cesse à prendre le dessus sur la vraie détresse. Et pourtant, il y aurait de quoi baisser les bras et abandonner. Mais pas eux. Ils se chicanent, s’affrontent, mais face à l’adversité ou au malheur qui frappe n’importe lequel d’entre eux, ils se serrent les coudes.
Tous les comédiens sont formidables. On n’a pas l’impression qu’ils sont au service d’un texte tant ils sont en phase avec leur personnage. Et puis il y a des dialogues, de en tout point remarquables. Comme je l’indique plus haut, c’est du Pagnol, mais un Pagnol qui aurait gagné une vraie liberté de langage qui n’avait pas cours à l’époque où il écrivait ses livres et ses pièces. Le langage est réaliste, cru quand nécessaire. On a affaire à de petites gens qui pratiquent le langage imagé du peuple. Et puis l’accent marseillais, omniprésent, est là pour lui donner une savoureuse couleur. Quelques formules jaillissent parfois, encore plus fortes que les autres, qui nous enchantent ou nous donnent à réfléchir : « Elle pue la mort, cette vie », « On a tous en nous un bout de la honte universelle », et celle-ci, sublime, prononcée par le grand-père : « Ça me plaît de vous entendre rire. Ça me donne envie de vivre encore un peu… »

A la vie ! est une pièce qui ne peut laisser indifférent. Elle nous happe par ce que l’on a de meilleur en nous, elle éveille des sentiments nobles, de la compassion aussi, et tellement de tendresse pour ces pauvres hères que la société a marginalisés. Malgré les rêves anéantis, malgré la perte de la dignité inhérente au chômage, il leur reste cette immense richesse qu’est l’amour de l’autre. Et le désir aussi. Car le désir est là, en permanence, exacerbé par l’oisiveté et la promiscuité.
Comment ressortir un personnage particulier du lot ? C’est impossible et ce serait incongru tant ils sont grands, tous et toutes.
Il FAUT voir A la vie ! Elle ne peut que nous rendre meilleurs et attentifs aux autres. Magnifique !

lundi 11 mai 2009

Des gens


Petit Montparnasse
31, rue de la gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 83 04
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Une pièce adaptée et mise en scène par Zabou Breitman
D’après Urgences & faits divers de Raymond Depardon
Avec Zabou Breitman et Marc Citti
(Attention, sur l’affiche figure encore le nom de Laurent Lafitte qui avait créé la pièce avec Zabou Breitman. Mais depuis début mai, c’est Marc Citti qui a repris le flambeau)

Ma note : 6,5/10

Le sujet : Les gens ont été filmés par Raymond Depardon dans ses documentaires Faits divers (1983) et Urgences (1988) qui retracent le quotidien d’un commissariat de police et celui d’un service d(urgence psychiatrique parisien… Ces gens existent ou ont existé. Ils témoignent de nos désarrois et de nos déséquilibres…

Mon avis : Une bonne dizaine de minutes avant que ne commence la pièce proprement dite, quatre personnages en blouse blanche déambulent sur la scène, en groupe ou individuellement, se croisent, échangent quelques bribes de conversation… En plein milieu, un miroir, composant une des faces d’un énorme cube, nous renvoie notre propre image… Soudain, c’est l’obscurité totale. Et, à la lueur vacillante de deux bougies, apparaît un couple assis par terre. Ils sont interrogés par un policier. On comprend peu à peu que nous nous trouvons dans une cave qu’un propriétaire sans scrupules loue à un couple de paumés. Les deux pauvres hères, totalement désemparés, tentent de façon pathétique de donner des explications rationnelles. Ils sont tellement gênés par leur infortune qu’ils n’osent même pas élever la voix, qu’ils chuchotent… Cette première scène donne le ton car une vingtaine de tableaux va nous brosser le portrait de laissés pour compte, de névrosés, de dépressifs, d’alcooliques, d’obsédés ; nous décrire toute la misère de ces « gens » marginalisés par leur folie, leurs tocs, leur déprime, leur solitude. Et ils n’ont pour les entendre ou les écouter que des policiers, des infirmières ou des psy.
Pendant qu’ils se livrent à leurs confidences ou que des personnes bienveillantes essaient de les aider, nous parviennent confusément les bruits de l’hôpital et ceux du dehors. Cette bande son, omniprésente, est très importante. On entend des pas, des sirènes, des voix… Et, en fonction de l’endroit où se déroule l’action, le cube central pivote, nous présentant selon sa face deux portes, un couloir d’hôpital… Tous les changements de décors sont effectués à vue par deux personnes en blouse blanche et/ou par les deux comédiens eux-mêmes. Ceux-ci changent également de tenue à vue, profitant de deux portiques situés cour et jardin…

Zabou Breitman et Marc Citti sont de toutes les scènes. Ils alternent les rôles, devenant tour à tour le malade et le soignant, la victime ou le flic… Leur performance est tout simplement époustouflante. La finesse de leur jeu étant encore plus impressionnante lorsqu’ils incarnent un personnage à l’esprit fragile ou perturbé. Certains duos reviennent d’ailleurs en fil rouge. L’un d’eux, quand Zabou campe une jeune femme dépressive, traumatisée par les hommes, accablée par les tâches ménagères, et Marc le psy qui essaie de lui venir en aide, est particulièrement touchant et réussi… Les trouvailles de mise en scène foisonnent, nous intriguent et nous amusent, comme la présence invisible mais palpable d’une caméra qui tourne en permanence ou l’utilisation des ombres chinoises. D’autres nous semblent parfois un peu superflues comme l’intrusion d’un téléviseur diffusant le début d’un bon vieux western.

Des gens est une pièce qui ne peut nous laisser indifférents. La misère humaine y est décrite avec un tel réalisme que nous ne pouvons que nous sentir partie prenante. Et le jeu des deux comédiens est réellement remarquable. Reste que l’on subit quelques longueurs, quelques scènes un peu répétitives et qui se ressemblent les unes aux autres. Peut-être eût-il fallu un peu plus de nervosité. Mais ce faux rythme, assurément voulu par la mise en scène ajoute à l’aspect oppressant du thème. En tout cas, on ressort passablement impressionné par ce dont nous venons d’être les témoins. On en nourrit que plus de respect encore pour ce personnel soignant confronté au quotidien à ces gens à la dérive et qui cherchent à les protéger et à les tirer de leur mauvaise passe. Et, enfin, on ne peut qu’applaudir la formidable préstation de comédie pure que nous offrent Zabou Breitman et Marc Citti, absolument épatants l’un et l’autre.