vendredi 13 juin 2008

Tonton Léon Story


Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre Caumartin / Auber

Une comédie de Serge Sérout
Mise en scène par Daniel Colas
Arrangements musicaux d'Aldo Frank
Décors de Miguel Arents
Avec Cécilia Cara (Amélie), Didier Brice (Tonton Léon)

Ma note : 6,5/10

L'histoire : Amélie n'arrive pas à dormir. pas facile de compter les moutons pour s'endormir... surtout pour une petite fille qui ne sait pas compter jusqu'à dix ! Et puis Tonton Léon raconte de si belels histoires, si morales, si édifiantes. Et c'est qu'il en a à raconter Tonton Léon ; c'est qu'il en a vécu des choses... des belels, et des moins belles... Alors il parle. Il parle à Amélie. Il parle à ses poupées. il se parle à lui-même...

Mon avis : D'abord un mot sur le décor : il est absolument superbe ! dans un joli petit salon, trônent des mannequins grandeur nature au milieu d'une ribambelle de poupées de toutes sortes (une trentaine), ce qui donne un aspect tout à la fois féérique et insolite. Cet univers charmant est celui de Tonton Léon, un... inspecteur des impôts, et de sa nièce, Amélie. La petite fille, qui n'aime guère l'école, n'a pas envie de se coucher tout de suite. A moins que Tonton ne lui raconte une de ses histoires dont il a le secret. Mutine et capricieuse, elle le harcèle jusqu'à ce que le brave homme cède.
Et il part dans une histoire un peu à l'eau de rose, franchement cucul la praline, mais qui semble intéresser la gamine. Seulement voilà, deux paramètres vont intervenir qui vont complètement bouleverser le cours de la soirée. D'abord Amélie l'interrompt sans cesse avec ses questions et, surtout, Tonton se met à boire. Et plus il boit, plus il se lâche, plus il part en vrille et plus il s'éloigne du cours de son histoire initiale. Son pessimisme, son réalisme et sa désespérance reviennent à la surface et, dès lors, certaines vérités sont proférées.
S'instaure alors un dialogue un peu surréaliste entre l'homme et l'enfant. Avec candeur, elle répète ses grossièretés, lui en demande le sens, l'accable de questions embarrassantes, parfois carrément métaphysiques, voire philosophiques.

Cette pièce est construite sur une mécanique de progression constante. Elle commence pianissimo, se fait de plus en plus allegro, et se termine furioso. C'est vrai, qu'au début, le rythme est un peu lent, ça ronronne. Tonton est aimable, patient, et Amélie se contente de vouloir être une poupée. Même si leur jeu est plaisant, on se sent peu concerné par leur doux babil. Il faut attendre le milieu de la pièce pour que ça décolle et éveille soudain notre intérêt. Et à la fin, on est complètement séduit.

Les deux acteurs sont impeccables. Didier Brice a hérité là d'un rôle en or car il est très évolutif et fait appel à toute une palette de sentiments et d'expressions. Une grosse présence avec un éventail de jeu(x) impressionnant ! En homme de plus en plus sous l'emprise de la boisson, il est criant de vérité (et si c'était vraiment du vin dans les bouteilles ?)
Quant à Cecilia Cara, de pièce en pièce, elle prend de plus en plus de risques et s'affirme comme une comédienne à part entière. Elle s'en sort à merveille dans son rôle de poupée fantasque. Avec une voix à la fois pointue et flûtée, elle joue l'innocence à perfection. En plus, son texte n'est pas évident à dire, il est parsemé de mots compliqués qui prennent une saveur particulière dans la bouche d'une petite fille. Et puis, elle nous rappelle à bon escient qu'elle fut une excellente Juliette dans la comédie musicale de Presgurvic en susurrant d'abord fort joliment a cappella Le Carrosse, une chanson créée par Yves Montand, mais c'est surtout avec sa superbe interpétation de La Quête de Brel, qu'elle nous scotche à notre fauteuil.

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