mardi 28 octobre 2008

Clérambard


Théâtre Hébertot
78bis, boulevard des Batignoles
75017 Paris
Tel : 01 43 87 23 23
Métro : Villiers / Rome

Une pièce de Marcel Aymé
Mise en scène par Nicolas Briançon
Décors et costumes de Pierre-Yves Leprince
Avec Jean-Marie Bigard (Clérambard), Nicolas Biaud-Mauduit, Véronique Boulanger, Hélène Surgère, Jean-François Guilliet, Dominique Daguier, Sophie Tellier, Philippe Uchan, Fabienne Chaudat, Maud Heywang, Maurine, Nicot, Lola Marois, Thibaud Lacour

Ma note : 7/10

L'histoire : Clérambard, hobereau ruiné, brute esclavagiste de sa famille, consommateur de chats, tueur de chiens, bouffeur de curés, est soudain converti après une apparition de Saint François d'Assise.
Il devient aussi excessif dans le bien qu'il l'était dans le mal.
Il ne touche plus aux animaux, fussent-ils insignifiants, il trouve de la pureté chez les filles de joie, du plaisir dans le dénuement, et il ira prêcher la bonne parole sur les routes, en roulotte, en entraînant sa famille dans sa croisade d'amour...

Mon avis : Après une entrée en matière originale et les trois coups frappés de la plus charmante des façons, le rideau se lève sur un décor austère et rustique qui suinte la misère. Seuls vestiges d'un lustre passé, quatre prortraits des aïeux pendouillent du plafond. Clérambard apparaît immédiatement comme un affreux bonhomme. Face à une belle-mère franchement hostile, à une épouse soumise, mais digne et toujours aimante, et à un fils craintif et passablement niais, il exerce une tyrannie de tous les instants. Egoïste, injuste, sans scrupules, anticlérical, prédateur d'animaux domestiques, il n'a absolument rien de sympathique. Jusqu'à ce que l'apparition ectoplasmique de Saint François d'Assise le transforme du tout au tout...
Et là, la métamorphose est radicale. le loup se fait agneau. Le despote se mue en en une personne aimable, tolérante, pleine de commisération pour son entourage... C'est sidérant.

Entouré d'une douzaine de comédiens hauts en couleurs, Jean-Marie Bigard s'en donne à coeur joie. Bigard rime avec Clérambard. Mieux, Bigard EST Clérambard. Au début, avec sa grosse voix, il terrorise toute sa famille, il tonne, il vitupère, il menace. Tout le monde file doux... Et quand il est inopinément touché par la grâce, la voix se fait douce, cauteleuse, respectueuse. Ce doit être un régal pour un comédien que de jouer deux personnages aussi diamétralement opposés.

Clérambard est une pièce savoureuse, à l'écriture élégante et finement léchée... La mise en scène est soignée. Les intermèdes onirico-bucoliques sont pleins de poésie. les trois sylphides, espiègles et virevoltantes, apportent une note de fraîcheur assez insolite, mais plutôt plaisante. Et tous les comédiens sans exception sont impeccables.
Jean-Marie Bigard ne fait ici que confirmer des talents de comédien "classique" qu'il nous avait déjà révélés dans Le Bourgeois gentilhomme. Sa joie de jouer entraîne tous ses partenaires à sa suite. Son plaisir, gourmand, est manifeste, il passe la rampe. Désormais, avec un tel éventail, on sait qu'il peut tout jouer. Et, quand on le connaît, on comprend pourquoi il a choisi d'interpréter Clérambard. Il peut, tout au long de cette pièce, faire passer un message d'amour... Son leitmotiv : savoir aimer. Savoir Aymé ?

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