samedi 27 novembre 2010

Sébastien Giray "Profils inquiétants"


Les Feux de la Rampe
2, rue Saulnier
75009 Paris
Tel : 01 42 46 26 19
Métro : Grands Boulevards / Cadet

One-man show écrit par Sébastien Giray
Mis en scène par Dominique Le Bé

Ma note : 7,5/10

Présentation : Auteur, comédien de séries télé, humoriste, après avoir parcouru tous les festivals d’humour de France d’où il revient toujours avec un prix, Sébastien Giray est un artiste accompli. Il nous dévoile ses « Profils inquiétants »… Mi-play-boy, mi-démon, cette gueule d’ange nous emmène dans un univers riche en personnages et en cocasseries diverses où chacun de nous risque de se reconnaître. Mais, si tel était le cas, il serait recommandé de consulter !

Mon avis : Ce Sébastien-là est totalement à l’opposé du Saint martyre qui honore son prénom. En effet, alors que ce dernier a acquis l’Eternité suprême en succombant sous une volée de flèches, Sébastien Giray, c’est tout le contraire. Les traits, c’est lui qui les décoche et, en plus, il a bien pris soin de les tremper au préalable dans une décoction de poil à gratter. Sous ses airs angéliques se cache un véritable sadique. Son large et beau sourire ne nous abuse pas longtemps.
Quand il arrive sur scène, il commence par nous embarquer dans une fausse direction (parce qu’il est vicieux aussi). Son premier personnage, qui répond à l’ineffable prénom de Dylan, déboule tout auréolé de son prix de Mister Franche-Comté et de l’écharpe qui va avec. Disons le tout de suite, c’est un crétin doublé d’un narcissique exhibitionniste. Ce qui va souvent de pair. Très limité intellectuellement notre impétrant au titre de Mister France, ne nous épargne rien de son incommensurable bêtise et de son contentement de soi. Associations de mots saugrenues, réflexions improbables, il cause, il cause… Ah, il s’’aime bien le garçon, il se la pète un tantinet, très fier de son physique il est vrai particulièrement avantageux.

Maintenant que je vous ai alléché avec cette entrée en matière, n’espérez pas que je vous décortique par le menu chacun des sketches que cet horrible personnage interprète. Je veux juste m’attarder sur l’esprit – ou plutôt, sur le mauvais esprit – qui se dégage de ce spectacle… Sébastien Giray est une plante carnivore. Une plante attrayante et attirante qui donne envie de la caresser et qui vous mord sans vergogne. Très efficace le contraste entre son apparence hyper charismatique et les vacheries qu’il profère. Il maîtrise à ravir tous les éléments qui appartiennent globalement à l’humour noir : le décalage, le cynisme, la misogynie et son corollaire, le machisme (« T’es belle comme une petite fleur, mais moi je suis allergique au pollen », l’abomination, le sadisme, la scatologie, l’absurde et l’ambiguïté. Difficile de faire pire… Puisqu’en France on a la manie des étiquettes, il m’a rappelé l’Albert Dupontel à ses débuts, quand il faisait du one-man show. Mais la comparaison s’arrête là car Sébastien fait du Giray. Il a ses propres qualités : il bouge et danse remarquablement, il joue beaucoup sur le charme et la séduction (avec une tronçonneuse cachée dans le dos) et c’est un fameux comédien. Rien ne le rebute. Ses personnages, il les emmène très, très loin. Avec certains il dépasse dangereusement les limites jusqu’à presque nous indisposer tant ils sont « inquiétants ». D’où le titre de son spectacle, Profils inquiétants. Ce prof cocaïnomane sacrément allumé qui termine son cours dans un état complètement hystérique en est le plus révélateur… Dans un autre sketch, il joue trois personnages avec accents, dont une femme, dans lequel il fait preuve d’une virtuosité hallucinante…
Sébastien Giray évoque plusieurs fois le Cours Florent. Il nous fait même revivre quelques moments de son parcours au sein de cette docte institution, dont ses tout débuts. Il a, de toute évidence, su mettre à profit l’enseignement qu’il y a reçu, ajouté bien sûr à ses qualités innées, ce qui fait de lui un excellent comédien rompu à toutes les finesses du jeu.
Hormis ce bref intermède au cours duquel il fait monter un spectateur sur scène, chose qui casse le rythme du spectacle et qui ne lui ajoute rien, j’ai trouvé que Sébastien Giray possédait son univers à lui. Il joue une partition grinçante et tonique contenant une majorité de notes noires et de croches. C’est vrai qu’il utilise peu les bémols. Avec lui, on a droit à la chevauchée des mâles qui rient. Quoi que… Pas que des mâles finalement, car Sébastien jouit d’un tel physique qu’il décroche, rien que sur son minois et son corps d’Adonis – qu’il n’hésite pas à dévoiler -, l’adhésion immédiate de deux sexes sur les trois habituellement recensés.

Bref, si ce garçon s’en tient à son registre, s’il ne succombe pas aux sirènes de la popularisation et de la facilité, une belle carrière s’ouvre devant lui. C’est au public de venir à lui, et pas l’inverse. Le bouche à oreille fera le reste…

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