samedi 27 novembre 2010
Le Carton
Théâtre Tristan Bernard
64, rue du Rocher
75008 Paris
Tel : 01 45 22 08 40
Métro : Saint-Lazare / Villiers
Une pièce de Clément Michel
Mise en scène par Arthur Jugnot et David Roussel
Décor de Sarah Bazennerye
Avec Romain Thunin (Antoine), Djamel Mehnane (Vincent), Damien Jouillerot (David), Héléna Soubeyrand (Marine), Mona Walravens (Emilie), Jérémy Malaveau (Lorenzo), Anne Serra (Katia)
Ma note : 7,5/10
Synopsis : Un déménagement qui n’était pas prévu ; du moins ce jour-là. Sept personnages, enfants de Feydeau et de Friends, qui ne sont jamais au bon endroit au bon moment… Entre les cartons à faire et les comptes à régler, une comédie où l’on déballe tout !
Mon avis : Que cette pièce ait rencontré et continue de rencontrer le succès, c’est tout-à-fait légitime. On ne s’y ennuie pas une seconde. Elle est en outre construite de façon classique avec ses « trois unités » : unité de lieu (une garçonnière), de temps (une journée), et d’action (et Dieu sait si de l’action il y en a !).
Déjà, le décor nous situe le caractère d’Antoine, l’occupant des lieux. Sa chambre est un véritable foutoir, un capharnaüm encombré d’objets, de vêtements et, évidemment, de cartons de toutes tailles. La présence des cartons est normale puisqu’il se prépare prochainement à déménager. Le problème, c’est que son propriétaire le réveille pour l’informer que l’appartement doit être libéré ce jour même et que sa fille, Emilie, qui va le reprendre, passera dans l’après-midi procéder à l’état des lieux… Immédiatement, c’est la panique. Rien n’est prêt. Aussitôt, Antoine bat le rappel des copains et copines pour venir l’aider… Mais rien ne va se passer comme il le souhaiterait et il va vivre une journée cataclysmique.
Le Carton repose sur une multitude d’effets déclencheurs imparables de rires : le comique de situation, les quiproquos (fréquents), les confusions, les mensonges à répétition qui vous enfoncent de plus en plus dans les difficultés… En outre, le profil de chacun des protagonistes de ce déménagement improvisé est remarquablement dessiné. Très vite, on sait qui est qui et comment il fonctionne. Du coup, comme aux échecs, on peut appréhender certaines situations car on a souvent un coup d’avance. Si bien que lorsque le clash se produit, on s’en amuse doublement. Ajoutez à cela les quelques rebondissements et les nombreuses trouvailles de mise en scène, et il n’y a plus qu’à se laisser emporter par la folie ambiante.
Si certaines séquences peuvent à la limite être plausibles, d’’autres en revanches sont carrément loufoques pour ne pas dire surréaliste. Il ne faut donc pas se montrer trop cartésien. Le but de cette pièce est uniquement de nous faire partager un grand moment de délire mené à deux-cents à l’heure par une troupe complice et affûtée.
Au rayon des (petits) reproches, j’ai trouvé la scène où Vincent, un peu trop surexcité, raconte et mime sa soirée devant Antoine un peu trop décalée. Bien sûr, un peu plus tard, elle prend tout son sel. Mais est-il vraiment besoin qu’il se lance dans cette chorégraphie qui, pour spectaculaire qu’elle soit, m’a semblé superfétatoire… Si Marine est parfaite dans son jeu d’actrice, on peut lui reprocher d’abuser du suraigu, ce qui a pour résultat de rendre certaines de ses répliques ou interventions incompréhensibles. Enfin, dernière critique, si le comique de répétition fait toujours son petit effet, la systématisation des déclamations chez David a pour conséquence de les banaliser et, partant, de les rendre moins efficaces.
Je sais, je pinaille un peu car on ne garde de cette pièce qu’un heureux moment de franche rigolade. Détente assurée. Les sept comédiens, Antoine et Vincent en tête, déploient une invraisemblable énergie. La vraie générosité, quand elle passe ainsi la rampe, est toujours payante. C’est frais, c’est vivant, c’est fou ; et même quand c’est par ci, par là du grand n’importe quoi, on est naturellement enclin à l’indulgence. Ce qui signifie, en clair, que ce Carton est vraiment bien emballé et emballant, même si c’est parfois avec de grosses ficelles.
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