jeudi 22 novembre 2012

Nicolas Bedos


Une année particulière
Journal d’un mythomane, vol. 2
Editions Robert Laffont
19,50 €

L’intention : Dans ce récit littéraire flirtant avec l’autofiction, Nicolas Bedos saisit avec finesse les petits et gros travers de ses contemporains, croque et romance avec une acuité inégalable les différents épisodes du feuilleton d’une année présidentielle riche en rebondissements, jamais dupe de rien, ni de la droite ni de la gauche ni de lui-même…

Mon avis : Nicolas Bedos a repris son stylo à la pointe acérée pour nous consigner en quarante-six chapitres son journal de bord du 23 septembre 2011 au 3 août 2012. Cette grosse dizaine de mois a constitué pour lui « une année particulière »… Particulière en ce sens qu’il a été « particulièrement » concerné par quelques événements qui ont mis certaines de ses relations proches sur le devant de la scène. Parfois contre leur gré, comme Anne Sinclair, d’aucuns volontairement, comme François Hollande, et d’autres récompensés pour leur talent artistique comme Jean Dujardin… Comme il le constate lui-même : « Comment planter sa plume fielleuse dans une matière si familière sans que le délire mythomane ne se transforme doucement en déballage autofictif ? » Effectivement, il n’est pas toujours facile de rester objectivement perfide…

Nicolas a donc réendossé sa panoplie de Super Mytho. Pour se la péter, il se la pète ! Mais il ne faut jamais perdre de vue que cette posture (imposture ?) n’est autre que le postulat de son journal. En fait, s’il nous la joue mytho, c’est sa façon à lui de se protéger. Ou du moins d’essayer. En effet, tout au long de son livre, il laisse filtrer et apparaître une profonde vulnérabilité. Même s’il nourrit une certaine tendresse pour son nombril, il est trop hypersensible pour être un authentique Narcisse. Attention, il roule des mécaniques, mais il y a des ratés dans le moteur. Côté cœur et côté mental, il y a quelques pièces plutôt fragiles. C’est cette dualité, cette contradiction, qui font le charme du bonhomme. Et qui alimentent sa plume. A la manière d’un goret qui se roule dans la boue pour son bien-être, il se vautre et se complaît dans l’esbroufe et dans ma médisance. Il est comme ces humoristes qui se damneraient pour un bon mot, fût-il au détriment d’un ami…

C’est facile de dire du mal de certains de ses contemporains, surtout lorsqu’ils jouissent d’un statut ou d’une célébrité. Tout le monde peut le faire. Mais Nicolas Bedos le fait avec un talent littéraire étourdissant. Plus il se déplume (il en fait parfois le constat amer), plus sa plume est s’enrichit ! Que l’on soit d’accord ou non avec ses positions on ne peut qu’admirer son style et s’en délecter. Est-ce parce qu’il a été élève à l’école Pascal qu’il a de si brillantes Pensées ? On aime à la croire.

C’est incontestablement à l’écrit que Nicolas est le meilleur. A l’oral, quand il se trouve sur un plateau de télévision, il ne peut se retenir de faire un numéro ; celui du je-m’en-foutiste provocateur qui adore les affrontements et dire des gros mots. En revanche, lorsqu’il lit ses chroniques ou ses billets, il est excellent. Car il s’agit de la retransmission d’un exercice littéraire.

Témoin de son temps, observateur de la société, membre éminent et assumé de la confrérie des Bobos germanopratins, Nicolas Bedos nous permet de revivre une année particulièrement riche en événements de toute nature. Son livre, brillant et plaisant, est vraiment de la belle ouvrage. Peut-être pas quand même jusqu’à en devenir « mytho-logique » !...

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