Une année particulière
Journal d’un
mythomane, vol. 2
Editions Robert Laffont
19,50 €
L’intention :
Dans ce récit littéraire flirtant avec l’autofiction, Nicolas Bedos saisit avec
finesse les petits et gros travers de ses contemporains, croque et romance avec
une acuité inégalable les différents épisodes du feuilleton d’une année
présidentielle riche en rebondissements, jamais dupe de rien, ni de la droite
ni de la gauche ni de lui-même…
Mon avis : Nicolas
Bedos a repris son stylo à la pointe acérée pour nous consigner en quarante-six
chapitres son journal de bord du 23 septembre 2011 au 3 août 2012. Cette grosse
dizaine de mois a constitué pour lui « une année particulière »…
Particulière en ce sens qu’il a été « particulièrement » concerné par
quelques événements qui ont mis certaines de ses relations proches sur le
devant de la scène. Parfois contre leur gré, comme Anne Sinclair, d’aucuns
volontairement, comme François Hollande, et d’autres récompensés pour leur
talent artistique comme Jean Dujardin… Comme il le constate lui-même :
« Comment planter sa plume fielleuse
dans une matière si familière sans que le délire mythomane ne se transforme
doucement en déballage autofictif ? » Effectivement, il n’est pas
toujours facile de rester objectivement perfide…
Nicolas a donc réendossé sa panoplie de Super Mytho. Pour se
la péter, il se la pète ! Mais il ne faut jamais perdre de vue que cette
posture (imposture ?) n’est autre que le postulat de son journal. En fait,
s’il nous la joue mytho, c’est sa façon à lui de se protéger. Ou du moins d’essayer.
En effet, tout au long de son livre, il laisse filtrer et apparaître une
profonde vulnérabilité. Même s’il nourrit une certaine tendresse pour son
nombril, il est trop hypersensible pour être un authentique Narcisse. Attention,
il roule des mécaniques, mais il y a des ratés dans le moteur. Côté cœur et
côté mental, il y a quelques pièces plutôt fragiles. C’est cette dualité, cette
contradiction, qui font le charme du bonhomme. Et qui alimentent sa plume. A la
manière d’un goret qui se roule dans la boue pour son bien-être, il se vautre
et se complaît dans l’esbroufe et dans ma médisance. Il est comme ces
humoristes qui se damneraient pour un bon mot, fût-il au détriment d’un ami…
C’est facile de dire du mal de certains de ses
contemporains, surtout lorsqu’ils jouissent d’un statut ou d’une célébrité.
Tout le monde peut le faire. Mais Nicolas Bedos le fait avec un talent
littéraire étourdissant. Plus il se déplume (il en fait parfois le constat
amer), plus sa plume est s’enrichit ! Que l’on soit d’accord ou non avec
ses positions on ne peut qu’admirer son style et s’en délecter. Est-ce parce qu’il
a été élève à l’école Pascal qu’il a de si brillantes Pensées ? On aime à
la croire.
C’est incontestablement à l’écrit que Nicolas est le
meilleur. A l’oral, quand il se trouve sur un plateau de télévision, il ne peut
se retenir de faire un numéro ; celui du je-m’en-foutiste provocateur qui
adore les affrontements et dire des gros mots. En revanche, lorsqu’il lit ses
chroniques ou ses billets, il est excellent. Car il s’agit de la retransmission
d’un exercice littéraire.
Témoin de son temps, observateur de la société, membre
éminent et assumé de la confrérie des Bobos germanopratins, Nicolas Bedos nous
permet de revivre une année particulièrement riche en événements de toute
nature. Son livre, brillant et plaisant, est vraiment de la belle ouvrage. Peut-être
pas quand même jusqu’à en devenir « mytho-logique » !...
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