Super Welter
(Virgin/EMI)
Jusqu’à présent, je n’étais pas trop
« raphaëlite ». Dans ses précédents albums, il n’y avait guère que
deux ou trois chansons qui me séduisaient. Cette fois, avec Super Welter, son nouvel opus, il m’a
plutôt agréablement surpris. En tout cas, il m’ vraiment titillé l’oreille.
C’est un album homogène à tous les niveaux. Tant au niveau
des textes que de son climat musical général. Je l’ai entièrement perçu en noir
et blanc avec une forte prédominance de gris sale. On est loin de l’image
lumineuse et angélique du jeune homme.
Je l’ai passé plusieurs fois. Et plus je l’écoutais, plus
j’y percevais un certain plaisir. J’aime bien cette ambiance désenchantée, avec
ses images cinématographiques. En conclusion, j’ai plus été charmé par l’atmosphère
très personnelle, un peu morbide de cet album que par les paroles des chansons.
C’est un album « climatique » porteur de gros nuages lourds. Comme si
notre « Super Welter » voyait la vie avec un œil au beurre noir…
Pour paraphraser Christophe, Raphaël a commis là un album
« beau bizarre »
Manager
Ambiance originale. Interprétation véhémente, limite
essoufflée, comme quelqu’un qui s’’entraîne, cogne et tourne autour d’un sac de
frappe. On le sent prêt à l’affrontement. Mais son combat tient plus du shadow
boxing contre un adversaire particulièrement insaisissable et imprévisible :
l’amour.
Déjà vu
Une voix aérienne, éthérée, accompagnée d’étranges bruits de
machines et de sons métalliques. L’effet est bizarre, mais il a son charme.
Sans qu’on en comprenne bien les paroles, le résultat est intéressant. En
l’écoutant, j’ai pensé que cette chanson aurait pu illustrer musicalement Les Temps modernes de Chaplin.
Peut-être
Dans ce CD, Raphaël s’est vraiment amusé avec sa voix. Cette
fois, il va dans les tons graves, ce qui s’accommode parfaitement à ce titre
sombre et crépusculaire. Sans doute une des plus belles chansons de l’album.
Mariachi Blues
Ma préférée. Rappelle l’atmosphère martelée de Déjà vu. Mais l’interprétation en
diffère totalement. Raphaël nous distille pratiquement un slam en hommage au
« bon vieux rock’n’roll », avec références aux « fantômes »
d’Elvis Presley, Gene Vincent et… Edith Piaf, qui se termine carrément en
fanfare. Petit refrain sympa avec, en leitmotiv, « fallait-il qu’on
l’aime » cette sacrée musique.
Asphalte
Ce titre lancinant, qui fait furieusement penser à Alain
Bashung, suinte la solitude, la quête de l’autre et la recherche de soi-même.
Il se termine de façon totalement inattendue avec l’irruption de chœurs légers.
Noire Sérénade
Je ne sais pas pourquoi, à l’écoute de ce titre, j’ai entendu
un mélange de Chacun fait c’ qui lui
plaît de Chagrin d’amour et de A bout
de souffle de Nougaro. Peut-être parce qu’il est à moitié parlé ? La
prépondérance des cordes apporte justement la touche « noire »
annoncée.
Quand j’aimais vraiment
Là encore, Raphaël a pris tous les risques. Pas facile
chanter faux volontairement. Quoique la mélodie, désaccordée, a dû l’y aider.
Mais ce ton désinvolte amène une sorte de sincérité dans l'abandon et le dépouillement de
soi.
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