jeudi 15 novembre 2012

Gérald Dahan


Gentleman usurpateur

Après avoir connu un grand succès avec son spectacle Sarkoland en 2008/2009, Gérald Dahan est de retour avec un tout nouveau show intitulé Gentleman usurpateur (n’étant pas bègue, il pouvait décemment pas le baptiser « Hollande-land »)…
Il vient de le présenter début novembre dans la jolie bonbonnière qu’est le cabaret parisien La Nouvelle Eve avant d’entreprendre une grande tournée à travers la France. Mais, farceur invétéré, il a garni cette bonbonnière de dragées… au poivre. Une fois de plus, il a bluffé tout le monde avec ses remarquables imitations et l’étonnant mimétisme dont il fait preuve avec les célébrités qu’il caricature. En plus, non content de ça, il se révèle être un excellent chanteur, un fameux mime et s’autorise même quelques chorégraphies du meilleur aloi. D’ailleurs, puisqu’il a choisi de se produire dans un cabaret, il la joue résolument music-hall en se faisant accompagner par un pianiste.

Pour usurper, il usurpe le Gérald. Et il ratisse large, abordant tous les domaines de la politique à la chanson en passant par le cinéma et la télévision.
C’est Michel Jonasz qui ouvre le carnet de balles (à blanc, rassurez-vous). En guise de générique, il se livre à une revue de détail sur l’actualité politique. Après cet Etat des lieux, Gérald redevient Dahan le temps de regretter, élections obligent, d’avoir perdu en route « son personnage principal », Nicolas Sarkozy. « Passer de Sarkozy à Hollande, c’est comme passer d’une Ferrari à une Kangoo » ironise-t-il. Mais on ne le sent pas si chagrin que ça. La nouvelle majorité présidentielle lui offre un nouveau terrain de chasse dans lequel il peut flinguer à tout-va. Ses premières proies étant Manuel Valls et Arnaud Montebourg…

Ce qui est bien avec Dahan, c’est qu’il zappe pour nous. Il abandonne ses nouvelles voix politiques pour nous ramener en terrain connu en clonant à merveille Patrick Timsit puis, prouvant une fois de plus qu’il a plusieurs cordes vocales à son arc, il s’appropriant les larynx de Stéphane Guillon (étonnant de véracité), de Pierre Palmade (un classique) et d’Edouard Baer (rare) avant de se consacrer à un long épisode dévolu à Dominique Strauss-Kahn…
Après ce chapitre délicieusement fleur bleue, il se lance dans une séquence chansons à la suite de laquelle, pratiquant lui aussi allègrement l’alternance, il revient à la politique en faisant se succéder, chronologie oblige, Sarkozy et Hollande. Sans vous en dire plus, je vous recommande particulièrement sa parodie de not’ nouveau président, bien écrite et remarquablement interprétée…
Dans la salle, on est aux anges car, pour le prix d’un seul spectacle, on voit entre autres défiler sur scène Julien Clerc, Johnny Hallyday, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Claude Nougaro et même Barack Obama !

Gentleman usurpateur est un spectacle total, aussi varié qu’abouti. La générosité de Gérald Dahan n’a d’égale que l’étendue de ses dons. Il se plaît sur scène, c’est évident. Il adore jouer avec le public, voire « sur » le public. En vrai sale gosse qu’il est, il rit lui-même de ses vannes les plus saignantes. Et comme il a un mal fou à quitter la scène, il nous propose une sorte de « chanson à la demande » et enfin, tout comme un DVD, il nous fait cadeau d’un bonus pour lequel il se mouille vraiment. Dans l’absolu, il ne manque qu’un bêtisier, mais des bêtises l’actualité et nos célébrités lui en fournissent tellement qu’elles sont la matière avec laquelle il a construit son spectacle…

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