576
pages
Prix :
23 €
Sortie
le 27 mai 2020
L’histoire :
Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes
suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais.
Des
années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce
même hôtel pour y passer ses vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se
retrouver plongé dans cette affaire.
Que
s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier ?
Avec
la précision d’un maître horloger suisse, Joël Dicker nous emmène enfin au cœur
de sa ville natale au fil de ce roman diabolique et époustouflant, sur fond de
triangle amoureux, jeux de pouvoir, coups bas, trahisons et jalousies, dans une
Suisse pas si tranquille que ça…
Mon
avis :
Je suis comme tout le monde : la lecture de La vérité sur l’affaire
Harry Québert m’avait réellement enthousiasmé. Alors, pensez, l’annonce de
la sortie du nouvel ouvrage de Joël Dicker au titre très alléchant, L’Enigme
de la chambre 622, m’a émoustillé. La découverte d’un nouveau livre d’un
auteur qu’on apprécie, c’est comme un rendez-vous amoureux. On est tout excité.
On a hâte de l’effeuiller.
Il
est venu, j’ai lu, je n’ai pas été convaincu…
Circonspect,
je suis circonspect.
Vous
prenez une bouteille de vodka Beluga, vous la videz dans un grand shaker, vous
y ajoutez un zeste de Gaston Leroux, un zeste d’Agatha Christie, un zeste de Fantômas
et un zeste d’Eugène Sue, vous secouez le tout et vous obtenez un cocktail qui pourrait
s’appeler « Les Mystères de Genève »… En effet, j’ai perçu ce livre
de près de 600 pages comme un roman-feuilleton du 19ème siècle. Il
est construit d’une telle façon qu’on est avide de connaître ce qui va se
passer dans le paragraphe ou le chapitre suivants.
Voici
donc tout-à-trac les impressions que j’ai tirées de ma lecture :
Ce
que j’ai aimé :
-
Un style qui ne s’embarrasse pas de
fioritures, qui va à l’essentiel, ce qui donne une narration très rythmée.
- Retrouver la marque de fabrique de Joël
Dicker : des allers et retours incessants entre le présent et le passé ;
des destins et des histoires qui s’entrecroisent.
- L’aspect « matriochkas »
(poupées russes) du scénario, à savoir des événements qui s’emboîtent les uns
dans les autres. On croit être en possession de tous les éléments et, bing, il
nous ressort une nouvelle intrigue, il ajoute une nouvelle couche à un
mille-feuilles pourtant bien garni !
Ce
que j’ai moins aimé :
-
Un début un peu simpliste.
- Des comportements peu logiques. Celui de
Scarlett, par exemple. Son attitude face à « l’Ecrivain » n’est pas
crédible : elle s’impose à lui, lui dicte sa conduite, se mêle de tout, se
montre intrusive et envahissante. C’est madame « sans-gêne ». On ne
sait qui elle est vraiment, ni d’où elle vient… Il y a celui d’Arma aussi. Une
domestique qui se permet de donner des ordres à ses patrons, c’est un tantinet déplacé.
- Des dialogues qui sonnent faux. Les
échanges entre Macaire et Tarnogol sont peu plausibles. Le vocabulaire de
Macaire est à la limite du trivial, peu en phase avec ce que devrait être un
échange entre deux sommités de la haute finance… Tous les dialogues manquent d’ailleurs
en général de hauteur ; ils s’apparentent plus à de la BD qu’au roman.
- Un ensemble de personnages hyper
caricaturaux, peu vraisemblables. On a l’impression d’avoir affaire à des
enfants tant ils manquent d’épaisseur de de psychologie. Ils sont naïfs,
fantasques, capricieux, cul-cul la praline sur le plan sentimental.
- C’est étonnant, mais toutes les femmes mêlées
à cette histoire sont sublimes ! Que des physiques de rêve. Il n’y en a
même pas une « moyenne » et encore moins de quelconque.
-
Les nombreuses digressions-hommages à
Bernard de Fallois, pour louables qu’elles soient, alourdissent le récit.
- On sent parfois poindre chez « L’Ecrivain »,
une certaine autosatisfaction qui frise l’immodestie.
En
conclusion : Si on ampute du squelette du livre les quelques côtes (trop)
flottantes qui l’encombrent et si on ne s’en tient qu’à la colonne vertébrale, L’Enigme
de la chambre 622 se lit sans déplaisir. On se laisse prendre par le
suspense, les multiples rebondissements, les trahisons, les situations rocambolesques.
Joël Dicker nous livre habilement quelques indices, mais il a l’art de les
noyer dans un flot de petits affluents qui brouillent les pistes… Ce qui fait
qu’il nous tient en apnée jusqu’à la fin.
Les
ficelles sont tout de même bien grosses, il y a beaucoup de redondance et de divagations
superfétatoires. Bref, je suis convaincu que, réduit à 400 pages, ce polar eût
gagné en efficacité.
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