lundi 5 mars 2012

Avenue Q


Bobino
14-20, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 08 2000 9000
Métro : Edgar-Quinet / Gaîté

Musique et paroles de Robert Lopez et Jeff Marx
Livret de Jeff Whitty
D’après le concept original de Robert Lopez et Jeff Marx
Adaptation française de Bruno Gaccio
Mise en scène de Dominique Guillo
Direction musicale de Raphaël Sanchez
Direction marionnettes de François Guizerix
Avec, en alternance, Shirel ou Prisca Demarez (Kate Monster et Lucy), Gaëtan Borg ou Emmanuel Suarez (Princeton et Rod), David Alexis (Trekkie Monster et Nicky), Virginie Ramis (Mme Brouttemotte et Les Ours Amis pourris), Emmanuel Quatra (Brian), Alice Lyn (Tatami), Jean-Michel Vaubien ou Philippe Aglaë (Willy)

L’histoire : Jeune diplômé de grec anciens, Princeton débarque à New York avec de grands rêves, mais « sans un rond ». Il atterrit donc sur l’Avenue Q, quartier miteux et pas cher. Ses voisins, tous sympa, sont dans la même situation que lui. Que l’on soit humain, marionnette ou monstre, tout le monde est le bienvenu. Ensemble la vie est plus supportable et plus drôle Avenue Q…

Mon avis : Ce que j’ai trouvé de plus percutant et de plus bluffant, c’est la virtuosité avec laquelle les artistes conjuguent leur fonction de comédiens-chanteurs avec celle de manipulateur de marionnette(s). L’osmose est tellement parfaite qu’il y a des moments où on oublie totalement l’être humain qui anime le personnage en latex. Détail important, tous les manipulateurs sont vêtus de gris ou de noir, ce qui précise leur volonté d’anonymat. Et, finalement, les trois seuls individus à arborer des vêtements colorés sont les vrais humains : Brian, Tatami et Willy. C’est une jolie astuce de mise en situation.
Ensuite, j’ai trouvé le décor à la fois esthétiquement beau et techniquement efficace. Il représente la façade d’un petit immeuble locatif planté sur la fameuse Avenue Q. L’action se passe essentiellement dans la rue, mais des fenêtres s’ouvrent parfois pour nous permettre de voir ce qui se passe dans les appartements.
Ce sont les principaux thèmes de la vie qui vont être abordés au cours de ce spectacle : le travail, le chômage, les rêves de réussite, l’amitié, la solidarité, la jalousie, la médisance et, évidemment, l’amour. Surtout l’amour avec, en corollaire, la sexualité. Et nos Q-locataires ne vont pas s’en priver… Ce qui nous amène à être les témoins amusés et presque gênés (tant c’est intime) d’une scène terriblement torride et d’un réalisme total entre deux marionnettes.

La mise en scène est véritablement ingénieuse, émaillée d’un tas de trouvailles comme ces boîtes en carton qui jouent aux choristes.
Sur le plan vocal, tous les artistes sont au top. J’accorde néanmoins une mention spéciale à Shirel, dans le double rôle de Kate Monster et de Lucy-la-Salope. Lorsqu’elle interprète cette dernière, elle adopte une voix de blueseuse étonnante digne de Patricia Kaas. Et j’ai également été séduit par l’étendue du registre vocal de David Alexis (Trekkie Monster et Nicky)… En revanche, si Alice Lyn (Tatami) nous offre une prestation chantée magistrale, j’ai un peu moins apprécié sa façon de jouer la comédie. Je l’ai trouvée un peu trop tonitruante et sa voix, très dans les aigus, assez désagréable. Et puis, si les textes des chansons (superbe travail de Bruno Gaccio) sont impeccables, j’ai déploré, hormis dans deux-trois, un certain manque de musicalité. Ça manque de tubes, quoi ! Il faut cependant saluer la présence de musiciens jouant en live ce qui apporte une vraie nervosité à l’ensemble du show.

Avenue Q est donc un spectacle on ne peut plus original. Les marionnettes sont attachantes et criantes d’humanité. Les répétitions ont dû être longues et astreignantes pour atteindre un tel niveau de virtuosité dans le mimétisme entre les personnages en latex et leurs doubles humains. Mais le résultat est là. Et puis le livret, porteur de valeurs et de nombreux messages, a vraiment du sens. Avenue Q, ce n’est surtout pas QQ la praline.

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