La Pépinière Théâtre
7, rue Louis le Grand
75002 Paris
Tel : 01 42 61 44 16
Métro : Opéra
Seul en scène écrit et interprété par François Morel
Mis en scène par Benjamin Guillard
Scénographie, lumière et vidéo de Thierry Vareille
Le propos :
Pour composer La fin du monde est pour
dimanche, François Morel réunit quelques uns de ses textes écrits
originellement pour la radio. Ils ont tous pour point commun de nous parler du
temps qui passe, de la vie qui suit son chemin avec, en point de mire, ce
dernier jour de la semaine. Ce « dimanche », synonyme du dernier jour
de la vie qui approche. Inéluctablement…
Mon avis :
Alerté par le ton alarmant de l’annonce, Le
fin du monde est pour dimanche, j’ai préféré me rendre à la Pépinière
Théâtre un mardi. En début de semaine, quoi. Ainsi, si la prophétie devait
s’avérer, il me resterait quand même quatre jours pleins pour profiter.
« Profiter »… C’est justement une des injonctions qui reviennent
itérativement dans la bouche d’un grand-père s’adressant à son petit-fils. Si
l’on suppose que le vieillard a atteint la sagesse, le conseil est on ne peut
plus impératif. Ce qui est bien avec les personnages de théâtre, c’est que nous
aussi, dans le public, on profite. Et avec se spectacle, on profite d’un tas de
choses et d’abord du talent protéiforme de François Morel. Décidément, qu’ils
officient au Vatican, à l’Elysée ou à la Pépinière, les François ont le vent en
poupe actuellement…
François Morel est aujourd’hui un personnage totalement à
part dans le paysage artistique. Il y a pris une place prépondérante qu’il ne
doit qu’à son travail et à ses dons. Ses dons d’auteur et ses dons d’acteur.
Cet homme aime les mots, c’est une évidence, et ils le lui rendent bien…
Comment le définir ? Alliant avec une virtuosité jubilatoire la poésie et
le bon sens, il est à fois un Pierrot lunaire (car il n’est jamais
terre-à-terre) et un paysan matois. On peut qualifier son spectacle de récital
car il nous propose un florilège de ses meilleures chroniques radiophoniques
avec, en point d’orgue, ce véritable « tube » qu’est son reportage en
direct de Bethléem le jour de la Nativité.
La mise en scène, avec projections, jeux de lumière,
fumigènes et bande-son importante est classieuse et originale. Elle lui permet
de virevolter tout à son aise entre les images et la musique et de planter pour
chaque « sketch » un décor qui lui est propre. En fil rouge (comme sa
robe), il reçoit le d’Anna Karina, la Marianne de Pierrot le fou, débordante de sensualité dans la splendeur de ses
25 printemps. S’amusant de la voir aussi profondément désabusée, il s’appuie
sur son ennui et son constat existentielle : « Je sais pas quoi faire… »,
pour nous exhorter à agir et à « faire » quelque chose de notre vie…
François Morel aborde des sujets aussi variés que la
transmission intergénérationnelle, le fantasme masculin (on l’a tous ressenti !),
la fan attitude, les amours hors norme, il disserte sur le bonheur, rend
hommage, alexandrins à l’appui, à ces comédiens qui jouent les utilités et
rêvent de grands rôles… Bref, « l’air de rien », mais très élégant
dans ses « habits du dimanche » (il faut porter beau pour la fin du
monde), il nous dit « bien des choses » sur sa vie et sur « la
vie des gens ».
Débordant d’humanité, mais dupe de rien, il déroule sa
poésie tendre et facétieuse et nous entraîne en sa compagnie (car ce spectacle
est un grand moment de partage) dans un univers qui n’appartient qu’à lui.
Grand merci à vous Monsieur Morel, c’était bon de vous
entendre et de vous voir à quelques jours de l’Apocalypse annoncée sur votre
affiche…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire