Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet
Ecrit et interprété par Gérald Dahan
Accompagné au piano par Julien Bourel
Présentation :
Qui est l’usurpateur ? Celui qui fait tomber le masque ou celui qui le
porte ? Gérald Dahan vous propose de partager avec lui les coulisses de
ses meilleurs canulars…
On connaît ses imitations saisissantes de Sarkozy, Timsit,
Luchini, Palmade… Venez découvrir ses incarnations hilarantes de Valls,
Montebourg, Hollande et bien d’autres.
En fin de spectacle, ses imitations chantées, accompagnées
au piano, sont « à la carte ». Une occasion de réentendre vos
standards préférés de la chanson française…
Mon avis :
Bien qu’il soit encore terriblement affecté par la disparition brutale de son
ami Cabu qui avait dessiné certaines de ses affiches et qui avait illustré son
livre Sarkoland, c’est un Gérald
Dahan particulièrement affûté qui s’installe pour deux mois au Petit
Montparnasse.
J’aime cette salle car, nonobstant un confort relatif, sa
déclivité permet de voir bien de partout, même si on a un grand devant, et qu’elle
nous offre en outre une réelle proximité avec l’artiste.
Tout de noir vêtu (jusques à la cravate), très élégant, l’imitateur
entame son show avec Il n’a pas trouvé
mieux, une brève parodie de Francis Cabrel narrant les aventures de la
Vespa présidentielle… Accompagné de son fidèle et talentueux pianiste, Julien
Bourel, Gérald Dahan attaque en mode tonique. Et cela va durer plus d’une heure
et demie.
Ce que j’ai aimé dans ce spectacle, c’est son éclectisme et
sa large palette. Au-delà de l’imitation pure frisant la perfection à laquelle
nous sommes habitués, l’artiste joue la comédie, danse, fait du mime et, en
référence à son affiche, il fait tomber quelques masques en reproduisant un de
ses canulars les plus édifiants sur la mentalité des hommes politiques (Olivier
Falorni approché par un faux Manuel Valls qui lui propose un portefeuille dans
un ministère dirigé par son ennemie intime et géographique, Ségolène Royal) et,
plus tard, en nous narrant par le menu le célèbre épisode où, empruntant la
voix de Chirac, il amène Raymond Domenech et Zinédine Zidane à faire chanter la
Marseillaise aux joueurs de l’équipe de France la main sur le cœur… Deux grands
moments !
Après avoir parlé politique par le truchement de quelques
uns de ses personnages stars, Patrick Timsit, Pierre Palmade, Edouard Baer,
tous trois confondants de réalisme grâce à des mimiques et des postures parfaitement
mimétiques, Gérald Dahan a eu l’excellente idée de faire se succéder sur scène
l’ancien et l’actuel présidents de la République. Les différences comportementales,
gestuelles et psychologiques de Sarkozy et de Hollande mises ainsi bout à bout ont
un formidable effet comique. Autant l’un est survolté, bourré de tics et
décomplexé, autant le second nous semble placide, fataliste et empêtré dans sa
fonction. Ça aussi, c’est de la caricature. Mais de la caricature en trois D.
Quand Dahan se présente en François Hollande et qu’il reste
un long moment sans dire un seul mot mais en prenant des poses empruntées et maladroites
(normal après tout qu’Hollande soi mal à droite), la salle hoquette de rire.
Puis des sketches parlés, il passe aux parodies chantées
avec un Julien Clerc et un Johnny très applaudis. Là, ce sont les performances
vocales qui se font acclamer. Il a un sacré organe le garçon !
Enfin, fidèle à ses fins de spectacle habituelles, il campe
la fine fleur de la chanson française à travers leurs plus grands tubes : La Bohême par un Charles Aznavour sourd
et gâtouillant à mourir de rire, La
Javanaise par un Gainsbourg toujours aussi provocateur et désinvolte, Toulouse par un Nougaro effaré que son
ex-Ville Rose soit passé à droite, Hexagone
par un Renaud plus mélancolique que contestataire et Les feuilles mortes par un Yves Montand classieux et virevoltant et
il termine en apothéose avec une interprétation de Comme d’habitude/My Way avec une kyrielle de chanteurs français et
internationaux parmi lesquels se sont parfois glissés quelques invités inattendus…
Le spectacle de Gérald Dahan est donc un spectacle total faisant
appel à plusieurs disciplines. L’imitateur, dont le plaisir de se trouver sur
scène est évident, fait de nous à la fois des complices et des confidents. On
le sent aussi à notre écoute, ce qui est plutôt rare et qui lui permet d’intervenir
en fonction de certaines réactions. Tout cela provoque des ruptures bienvenues et
donne du rythme à son show.
Hier, parmi les spectateurs, il y avait Christophe Malavoy.
Mal-a-voy… Quel paradoxe pour un imitateur !
Gilbert "Critikator" Jouin
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