vendredi 16 janvier 2015

Gérald Dahan tombe les masques

Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 77 74
Métro : Gaîté / Edgar Quinet

Ecrit et interprété par Gérald Dahan
Accompagné au piano par Julien Bourel

Présentation : Qui est l’usurpateur ? Celui qui fait tomber le masque ou celui qui le porte ? Gérald Dahan vous propose de partager avec lui les coulisses de ses meilleurs canulars…
On connaît ses imitations saisissantes de Sarkozy, Timsit, Luchini, Palmade… Venez découvrir ses incarnations hilarantes de Valls, Montebourg, Hollande et bien d’autres.
En fin de spectacle, ses imitations chantées, accompagnées au piano, sont « à la carte ». Une occasion de réentendre vos standards préférés de la chanson française…

Mon avis : Bien qu’il soit encore terriblement affecté par la disparition brutale de son ami Cabu qui avait dessiné certaines de ses affiches et qui avait illustré son livre Sarkoland, c’est un Gérald Dahan particulièrement affûté qui s’installe pour deux mois au Petit Montparnasse.
J’aime cette salle car, nonobstant un confort relatif, sa déclivité permet de voir bien de partout, même si on a un grand devant, et qu’elle nous offre en outre une réelle proximité avec l’artiste.
Tout de noir vêtu (jusques à la cravate), très élégant, l’imitateur entame son show avec Il n’a pas trouvé mieux, une brève parodie de Francis Cabrel narrant les aventures de la Vespa présidentielle… Accompagné de son fidèle et talentueux pianiste, Julien Bourel, Gérald Dahan attaque en mode tonique. Et cela va durer plus d’une heure et demie.
Ce que j’ai aimé dans ce spectacle, c’est son éclectisme et sa large palette. Au-delà de l’imitation pure frisant la perfection à laquelle nous sommes habitués, l’artiste joue la comédie, danse, fait du mime et, en référence à son affiche, il fait tomber quelques masques en reproduisant un de ses canulars les plus édifiants sur la mentalité des hommes politiques (Olivier Falorni approché par un faux Manuel Valls qui lui propose un portefeuille dans un ministère dirigé par son ennemie intime et géographique, Ségolène Royal) et, plus tard, en nous narrant par le menu le célèbre épisode où, empruntant la voix de Chirac, il amène Raymond Domenech et Zinédine Zidane à faire chanter la Marseillaise aux joueurs de l’équipe de France la main sur le cœur… Deux grands moments !


Après avoir parlé politique par le truchement de quelques uns de ses personnages stars, Patrick Timsit, Pierre Palmade, Edouard Baer, tous trois confondants de réalisme grâce à des mimiques et des postures parfaitement mimétiques, Gérald Dahan a eu l’excellente idée de faire se succéder sur scène l’ancien et l’actuel présidents de la République. Les différences comportementales, gestuelles et psychologiques de Sarkozy et de Hollande mises ainsi bout à bout ont un formidable effet comique. Autant l’un est survolté, bourré de tics et décomplexé, autant le second nous semble placide, fataliste et empêtré dans sa fonction. Ça aussi, c’est de la caricature. Mais de la caricature en trois D.
Quand Dahan se présente en François Hollande et qu’il reste un long moment sans dire un seul mot mais en prenant des poses empruntées et maladroites (normal après tout qu’Hollande soi mal à droite), la salle hoquette de rire.


Puis des sketches parlés, il passe aux parodies chantées avec un Julien Clerc et un Johnny très applaudis. Là, ce sont les performances vocales qui se font acclamer. Il a un sacré organe le garçon !
Enfin, fidèle à ses fins de spectacle habituelles, il campe la fine fleur de la chanson française à travers leurs plus grands tubes : La Bohême par un Charles Aznavour sourd et gâtouillant à mourir de rire, La Javanaise par un Gainsbourg toujours aussi provocateur et désinvolte, Toulouse par un Nougaro effaré que son ex-Ville Rose soit passé à droite, Hexagone par un Renaud plus mélancolique que contestataire et Les feuilles mortes par un Yves Montand classieux et virevoltant et il termine en apothéose avec une interprétation de Comme d’habitude/My Way avec une kyrielle de chanteurs français et internationaux parmi lesquels se sont parfois glissés quelques invités inattendus…

Le spectacle de Gérald Dahan est donc un spectacle total faisant appel à plusieurs disciplines. L’imitateur, dont le plaisir de se trouver sur scène est évident, fait de nous à la fois des complices et des confidents. On le sent aussi à notre écoute, ce qui est plutôt rare et qui lui permet d’intervenir en fonction de certaines réactions. Tout cela provoque des ruptures bienvenues et donne du rythme à son show.

Hier, parmi les spectateurs, il y avait Christophe Malavoy. Mal-a-voy… Quel paradoxe pour un imitateur !

Gilbert "Critikator" Jouin

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