Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin-Roosevelt
75008 Paris
Tel : 01 44 95 98 21
Métro : Franklin-Roosevelt / Champs Elysées-Clémenceau
Ecrit par Bruno Gaccio, Jean-François Halin et Patrick
Timsit
Mis en scène par Ahmed Hamidi
Lumières de Xavier Maingon
Présentation :
« On ne dit pas un nain, on dit une personne de tailles ridicule »… Rare
et imprévisible, Patrick Timsit, boomerang de la contradiction, fait volte-face
dans les marécages de la bien-pensance. Ça éclabousse.
Caustique, décalé, cinglant, il n’épargne personne, joue
avec le feu, fait rire avec ce qui fait mal. La misogynie, le racisme, et tous
les démons de la bêtise partagée. Corrosif et mordant, il ne lâche pas ses
proies. Rythme tenu, il est en appétit tout le temps de ce qui pourrait
déranger le plus. Jean-François Halin et Bruno Gaccio, qui ont constitué la
dream team des Guignols de Canal+, participent à ce jeu de massacre.
Mon avis : Plus
de cinq ans que Patrick Timsit n’était pas revenu à un exercice qu’il
affectionne particulièrement, le seul en scène. Ça faisait long. Autant pour
nous que pour lui. Son plaisir de se retrouver face au public, qui plus est sur
la scène de ce haut lieu de la culture qu’est le théâtre du Rond-Point, est
évident. Pourtant, il faut l’occuper l’espace de cet immense plateau. La scène
est quasiment vide. Une chaise haute devant un guéridon sur lequel reposent une
carafe d’eau, un verre, quelques feuilles de papier et un stylo.
On comprend très vite la présence de ces derniers objets.
Patrick Timsit, très élégant dans son costume noir fort bien coupé, presque
svelte (on peut le dire), a décidé de profiter de la présence des spectateurs
pour jouer au sondeur d’opinion. Une seule interrogation à son questionnaire :
« Peut-on rire de tout ? ». Alors, il va énumérer les différents
thèmes qu’il est encore possible de brocarder aujourd’hui. Il liste, propose, énonce,
raye, coche. Il ne va pratiquement rien omettre. Résultat des couses, le seul
sujet sur lequel on peut encore rire, c’est… Mais avant d’en arriver là, ses
démonstrations sont toutes hilarantes les unes plus que les autres.
Tel un cheval fringant, il part au galop, arrive à fond sur
l’obstacle, stoppe net devant lui, le renifle, en fait le tour, l’étudie sous
toutes ses formes, puis… le refuse. Ca scénario va pratiquement se répéter pour
chacun des thèmes abordés. Mais avant de se résoudre à biffer ce thème de sa
liste d’un grand coup de stylo, il en a sorti des horreurs ! On a l’impression
que c’est plus fort que lui : il faut qu’il vanne, transgresse, provoque,
choque… Puis, soudain, comme s’il réalisait qu’il était allé trop loin, son
naturel bonhomme efface tout. Sa bouille malicieuse se fend d’un large sourire,
son œil scintille de malice. Genre le sale gosse qui vient de donner un petit
coup d’épingle dans les varices de la grand-mère mais dont le sourire candide
provoque le pardon immédiat.
Patrick Timsit n’épargne rien ni personne. Même lui, il y
passe. A son corps défendant certes (ce n’est pas de sa faute qu’il est juif,
les responsables ce sont ses parents). D’ailleurs tout au long du spectacle il
se retranche derrière des assertions d’une hypocrisie jouissive : « J’aime
pas balancer »… On ne peut pas me soupçonner de mauvais esprit »… « Je
suis taquin »… Patrick Timsit est un champion toutes catégories de la
mauvaise foi. Pourtant, dans toutes les médisances qu’il profère, il y a
toujours un fond de vérité. Timsit s’ingénie à jouer les faux-culs, mais ce n’est
jamais sans fondement !
Le trio qu’il forme avec Gaccio et Halin est parfaitement
rôdé, huilé. Ils savent pertinemment jusqu’où ils peuvent aller trop loin. Ce
qui ne les empêche pas, tellement ils sont gourmands et mal intentionnés, de poser
parfois un orteil insolent en dehors des limites. Et c’est systématiquement ce
qui nous plaît le plus.
Il est joueur le Patrick. Il s’amuse avec nous autant qu’il
s’amuse tout seul. Même quand, comme hier soir, il y a un crétin irrespectueux
qui croit malin de l’apostropher, il reste parfaitement zen, étouffant ainsi dans
l’œuf toute velléité d’affrontement.
Ils ne sont plus très nombreux hélas, les artistes qui,
comme lui, pratiquent cet humour corrosif, politiquement incorrect, caustique,
insolent et décomplexé. Un humour salvateur et réjouissant. Bien sûr qu’il FAUT
rire de tout, y compris à nos dépens. Connaissant Mimie Mathy, je suis
pratiquement certain qu’elle serait la première à s’amuser des bêtises qu’il
profère à son « envers »… Il n’y a guère qu’Arthur qui rira jaune.
Pour lui, c’est sûr, toute vérité n’est pas bonne à rire.
Gilbert « Critikator » Jouin
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