Splendid
48, rue du Faubourg Saint-Martin
75010 Paris
Tel : 01 42 08 21 93
Métro : Strasbourg Saint-Denis
Ecrit par François Rollin, Arnaud Joyet et Arnaud Tsamère
Mis en scène par François Rollin, Aranud Joyet et Arnaud
Tsamère
Présentation :
Après avoir triomphé pendant trois ans en incarnant Patrice Valenton dans Chose promise, L’inénarrable Arnaud
Tsamère est de retour sur scène avec un nouveau spectacle qui promet d’être
tout aussi délirant et jubilatoire. Car ce roi de la digression sait jouer avec
les mots et les situations les plus absurdes comme personne, mettant ses
talents de comédien au service de l’humour avec une énergie folle…
Mon avis :
Arnaud Tsamère fait partie de cette toute petite famille d’humoristes qui ont
élevé l’absurde au rang de postulat. Associer « absurde » et « postulat »
c’est, dans son cas, un véritable oxymore. En effet, alors qu’un postulat est « un
principe de base qui ne peut être mis en discussion » (Petit Larousse), Arnaud
Tsamère s’ingénie à détricoter ce qui est indéniablement contradictoire pour nous
le faire admettre comme une évidence. C’est du moins dans son cerveau que ça se
passe. Ou que ça se sasse…
Arnaud Tsamère est une sorte de furet de l’humour. Oui, le
fameux furet « du bois, mesdames ». Celui qui court, qui est passé
par ici et qui repassera par là… Il emprunte un sentier, bifurque sur un chemin
de traverse, revient sur ses pas, fait un grand détour et se retrouve
bizarrement à son point de départ. Nous, et bien, on essaie de le suivre. On a
l’impression qu’il va nous semer en route, mais notre facétieux mustélidé, nous
rattrape au dernier moment par un bout de l’esprit.
Avec lui un embrouillamini se métamorphose en logique
irréfutable. C’est vraiment du grand art…
Dans ce spectacle, il ne cesse d’annoncer qu’il va nous
parler de lui. Mais, de digressions alambiquées en démonstrations fumeuses, il
n’en fera jamais rien. Cet homme est dans un autre monde. Indécrottables
cartésiens, fuyez-le. De toute façon, il assume sa différence. Il le reconnaît
lui-même vers la fin de son spectacle : « Je ne suis pas quelqu’un de
normal ! »… Heureusement pour nous ; sinon, on n’irait pas le
voir. C’est le dépaysement total. Cet as de la rupture, cet ouvreur invétéré de
parenthèses et de guillemets ne nous fait pas rire aux éclats. Mais qu’est-ce
qu’on pouffe ! C’est ça, le show Tsamère est un opéra-pouffe. Il est inracontable.
C’est bric-à-brac, un fourre-tout, un jeu de construction formé de pièces hétéroclites
que ce diable d’alchimiste réussit on ne sait comment à assembler et à faire
tenir. On trouve de tout quand on le suit dans son « bois joli » :
des blagues potaches comme de doctes déclarations émises sur un ton
professoral, un intermède chanté d’une folle virtuosité (un des grands moments
du spectacle), des gags visuels, une gestuelle aussi inattendue qu’approximative
(mais drôle), des intrusions dans le public (impossible donc de dormir, d’autant
qu’il fait à chaque fois allumer la salle) et, bien sûr, l’utilisation de son inséparable
paperboard… En raison du froid qui règne actuellement à l’extérieur, il est même
allé sur le site « Adopte un pingouin.com » !
C’est tout ça Arnaud Tsamère et c’est même plus encore. Ce n’est
pas un hasard si le Maître François Rollin l’a adoubé, reconnaissant en lui une
sorte de neveu (très) spirituel. Il y a là une véritable filiation. C’est du
haut niveau. On y jouit du plaisir des non-sens, on se vautre dans l’incongru,
on se délecte de loufoquerie. Bref, pendant près d’une heure et demie, on est
en terre inconnue, totalement déboussolés par ce furet qui, lui, ne perd jamais
le nord…
Gilbert « Critikator » Jouin
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