Le Zénith Paris-La
Villette
211,
avenue Jean Jaurès
Parc
de la Villette
75019
Paris
Tel :
01 44 52 54 56
Métro :
Porte de Pantin / Porte de la Villette
Jusqu’au
31 décembre
Au
Paradis Latin du 14 janvier au 16 avril 2019 (lundi et mardi)
Puis
en tournée
Mon avis : Le
nouveau spectacle de Florence Foresti après trois ans d’absence s’intitule « Epilogue ».
Pris dans son sens brut, ce titre alerte. Florence Foresti nous
annoncerait-elle « la conclusion » (Petit Larousse) de son histoire d’amour avec son public ? Même
en nous proposant elle-même deux définitions, elle s’évertue à nous laisser
dans le flou, le flou artistique bien sûr :
Epiloguer :
S’ingénier à faire des critiques par le détail, faire des commentaires longs et
superflus.
Epilogue :
Dernière partie d’une œuvre.
A
la fin du spectacle, on est (presque) rassuré. Florence a passé une heure et
quart à « épiloguer », c’est-à-dire à « critiquer » et à « commenter »,
un exercice dans lequel elle excelle… Pourtant, à un moment, elle s’attarde sur
ce titre pour le moins inquiétant. En fait, elle l’a choisi en manière d’exorcisme.
A plusieurs reprises, elle revient sur son (grand !) âge, 45 ans… C’est
quand même loin d’être l’âge de la retraite ! D’autant plus qu’elle se
reconnaît « en pleine forme ». En nous faisant craindre une fin, elle
se rassure. C’est son côté gentiment parano.
Une
chose est certaine : en dépit de son âge "canonique", Florence Foresti est
au sommet de son art. Epilogue est d’une
efficacité redoutable. Elle occupe la scène avec une formidable maestria. LA
Foresti est unique. Que ce soit sur le plan de la gestuelle ou sur celui des
expressions, elle n’a pas d’égal(e). La moindre de ses attitudes, la moindre de
ses mimiques sont d’une force comique incomparable. Elle est véritablement
cartoonesque… Mais Florence, ce n’est pas que cela. Au-delà de la démonstration
physique et de sa science de la pantomime, il faut prendre en compte ce qu’elle
nous raconte. Sans jamais appuyer le trait, elle aborde des thématiques qui ont
du fond, qui nous donnent à réfléchir. Loin de s’ériger en donneuse de leçon,
elle se complaît à disséquer et à analyser les petits sujets de société qui
ponctuent notre quotidien.
Après
avoir effectué une entrée digne des plus grandes divas de la chanson
américaine, rien que pour le plaisir de la parodie, elle se lance sans plus de
cérémonie dans un stand-up ininterrompu. La boîte à vannes est ouverte. Pas une
seconde de répit. Florence est cash. Elle a la franchise impertinente. Elle
nous assène en préambule toute une série de vérités sur sa façon d’appréhender
sa relation avec son public, son rapport avec l’argent. Une fois cette page
tournée, elle attaque les différents thèmes qui l’ont interpellée, nous livrant au gré de sa fantaisie ses états d'âme comme ses états dame.
Sans coup férir, chaque coup fait rire... Elle
s’en prend à l’invasion de la « culture » américaine, s’offre une
petite parenthèse un tantinet scato, revient malicieusement sur la privation de
nos smartphones durant son spectacle, s’attarde sur ses différentes coupes de
cheveux, nous narre par le menu sa passion irrépressible pour Ikéa, surtout le
dimanche matin… Et puis, elle enfourche un de ses chevaux de bataille favoris :
les relations homme-femme et la parité ; ensuite, après avoir abordé les réseaux
sociaux, elle se confie sur des sujets bien plus personnels comme la fréquentation
de l’Hôpital Américain, l’alcool, la cigarette et… la mort. C’est tout de même
gonflé de nous faire rire avec ce thème. Un thème qu’elle développera d’ailleurs
en « épilogue » de son spectacle…
Florence
Foresti est toujours aussi performante, aussi percutante, aussi audacieuse.
Elle traite de lieux communs, de faits banals, mais toutes ses constatations,
marquées du sceau du bon sens et de son sens suraigu de l’observation, elle a
une façon unique de les raconter. Ses formules sont imparables, incisives, les
images qu’elle utilise sont confondantes de drôlerie, elle se moque de tout et
de tous, et surtout d’elle-même. Florence est une sacrée performeuse. J’adore
comme elle bouge, comme elle occupe l’espace, comme elle joue avec ses deux
meilleurs partenaires : son corps et son visage. Bref, ce nouveau seule en
scène est un pur régal et je suis convaincu que cet Epilogue aura encore de nombreuses suites…
Gilbert
« Critikator » Jouin
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