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lundi 6 octobre 2014

Geluck passe à table

Editions Casterman
Tome 19. 192 pages.17,95 €
Sortie le 8 octobre 2014

Hallelujah ! J’ai retrouvé mon Geluck !
Il est vrai que, l’an dernier, La Bible selon le chat, ou plutôt selon Saint(Ge)luck, ne m’avait pas emmené au ciel.
Mais là, avec son dix-neuvième, Le Chat passe à table, j’ai retrouvé tout ce qui fait de Philippe Geluck un artiste aussi prolifique qu’inventif. Il est, à mes yeux, un des esprits les plus fins de ces quarante dernières années. Je suis sidéré par la largeur de son éventail. Avec lui, on ne peut même pas parler de « largeur » car c’est carrément du 360° qu’il nous offre ! C’est du panoramique.
Ici, Le Chat est à son meilleur : iconoclaste, gouailleur, sentencieux, truculent, voire paillard et, surtout, philosophe. Certaines de ses élucubrations nous clouent littéralement, soit par leur évidence (pourquoi j’y ai pas pensé moi-même ?), soit par un message qui nous donne à réfléchir. Il touche à tout, aborde tous les domaines, il est curieux de tout et, heureusement pour nous, il a un avis sur tout le matou. Le Chat rit, varie (ses effets) et Le Chat vit, ravi de ses blagues.


Le Chat passe à table est particulièrement nourrissant et roboratif. Ses deux tomes proposent un menu varié destiné à des gourmets. Le Chat se déguste, se garde longtemps en bouche avant de l’ingérer, puis remonte insidieusement dans nos synapses pour nous faire profiter souvent d’un délicieux arrière-goût. Ça fait un drôle d’effet de croquer délicatement les bulles d’un croqueur hors pair. Pour ce nouvel opus, c’est comme dans le cochon : tout est bon dans Le Chat. Mais on n’est jamais repu. On réclame toujours du rab.
Après la Bible, Geluck nous sert au mess. Pas celui des officiers du culte, mais celui des officiers de bouche. Il nous y propose un menu dégustation. Attachez bien votre serviette de table autour du cou (il peut vous arriver de baver de rire), armez-vous de vos couverts et picorez, picorez ; n’ayez pas peur d’avoir les yeux plus gros que le ventre. De toute façon, vous allez vous bidonner. A juste titre, car là, il y a vraiment de quoi en faire un plat.
Le Chat passe à table ? On rêve d’une rallonge !... Et le cher vice est compris…


Cerise sur le gâteau (car il y a entrée, plat ET dessert), dans le coffret contenant les deux tomes, vous découvrirez La Gazette du Chat, un vrai journal de 8 pages qui traite de multiples sujets, du plus sérieux au plus farfelu. Tous les pigistes qui ont participé à son élaboration s’appellent Geluck. La relève est assurée. Les siens ne font pas des chats ? Et bien, si !

En fin (en faim ?), je ne veux pas déflorer une astuce qui, personnellement, va m’apporter beaucoup deux fois par an : page 7, dans la rubrique « Nos lecteurs ont la parole », c’est Le Chat qui nous la livre. Quand vous l’aurez lu, votre existence, soudain considérablement simplifiée, ne sera plus du tout la même. Rien que pour cette information d’utilité ô combien publique, Le Chat mérite d’entrer à l’Académie des Sciences… A la bonne heure !... Mais pour être initié, il faut acheter le coffret. 17,95 €, ce n’est pas cher le tuyau…

Je vous donne juste une piste en forme d’énigme : « Elle a aussi ses chats, l’heure »…

Gilbert "Critikator" Jouin

lundi 14 octobre 2013

Philippe Geluck "La Bible selon le Chat"

La Bible selon le Chat
Editions Casterman
Coffret contenant deux albums de 96 pages
14,95 €

Présentation : Philippe Geluck ne respecte décidément rien. Son 18è album se prend carrément pour l’Ancien Testament. Et pour réaliser cette fresque fondatrice, le dessinateur s’est adjoint les services d’un co-scénariste célèbre : Dieu en personne.
La Bible selon le Chat répond à toutes les questions que se posent les humains depuis la nuit des temps. Fini le doute, voici la lumière. Avec cet album, la communauté des hommes va enfin comprendre pourquoi il était vain de s’entre-massacrer depuis tant d’années.

Mon avis : Alléluia !
« Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer » a écrit Voltaire. Alors, comme Dieu n’existe pas, Geluck a décidé de l’inventer. Il a créé le Créateur. A dessins. Et sans complexe. Evidemment, quitte à se la péter, autant y aller à fond : Geluck a créé Dieu à Son image. C'est-à-dire celle du Chat.
Cela fait plus de vingt ans que je suis un inconditionnel de Philippe Geluck ; de l’homme, de son esprit, de son humour, et de son personnage. J’ai toujours apprécié ses albums, ses dessins dans VSD, ses interventions à la télévision et à la radio. Je le tiens pour un des hommes les plus fins de ces trente dernières années. Et, en plus, j’adore son côté iconoclaste. Bref ; je suis un fan absolu.

Vous comprendrez donc combien je suis marri à l’idée de reconnaître que je n’ai pas du tout aimé ce dix-huitième opus. Dieu sait à quel point je me réjouissais à l’annonce du thème de ce nouvel ouvrage. Hélas, à Dieu ne plaise, la lecture de ce diptyque m’a rarement fait sourire.
En effet, dans ce cas précis, la Bible ne fait pas le (Chat)moine, même si Geluck en a la tonsure, et le ton sûr. En dépit des meilleures dispositions et de ma plus grande indulgence, j’ai rarement retrouvé le Geluck qui me ravit par ses trouvailles. Paradoxalement, ce presque sexagénaire – et ceci n’engage que moi – s’est laissé aller à une erreur de Genèse.


La Bible selon le Chat, en deux volumes, est pour moi un aimable fourre-tout, totalement disparate, qui souffre d’un terrible manque de rigueur. Ça débute pourtant bien, mais dès que la lumière fut, ça se gâte. Le problème, c’est qu’on n’en est qu’à la page 7 ! Après, c’est du grand n’importe quoi. Le ciel m’est tombé sur la tête. Hormis le personnage du mouton qui trouve grâce à mes yeux, le bestiaire saugrenu qui défile au fil des pages, ne m’a pas arraché un sourire. De même ; je me suis demandé ce que la Mort venait faire là (la Faucheuse de Brassens est bien plus bandante).
Même sensation de gêne à la lecture des textes d’habitude si subtils. Ça tourne en rond, ça ne décolle jamais et, pour la première fois, j’ai trouvé que Geluck se laissait aller à une certaine vulgarité potache et à quelques jeux de mots faciles.

Je le dis sincèrement, j’ai de la peine. Ma déception est proportionnelle à mon immense attente. Comment, avec un tel sujet, Philippe Geluck a-t-il pu se planter ainsi ? Peut-être que, à l’instar de son Héros, il a réalisé ses deux livres en six jours ? Quand on fait les Six Jours, il faut drôlement pédaler !
Maintenant, je n’ai qu’une hâte : que grâce à son dix-neuvième album il me permette de retrouver le paradis geluckien.


mardi 30 octobre 2012

Le Chat Erectus


Le Chat Erectus
De Philippe Geluck
Editions Casterman
Sorti le 24 octobre 2010

Mon avis : L’auteur et son personnage fétiche sont vraiment félins pour l’autre. Au fil des albums, le matou matois est devenu le prolongement naturel du crayon et de la pensée de son créateur. Il en est la griffe. On peut dire même affirmer aujourd’hui qu’il en est arrivé à la suppléer car, hélas pour lui, Geluck n’est plus un minet. En effet, au printemps prochain, Philippe Geluck et Le Chat, célébrerons une union de trente ans. Ça ne s’invente pas : ce seront leurs noces de perles ! Et des perles, il y en à foison dans ce dix-septième opus…

Une fois encore, il y en a pour tous les goûts. Geluck ratisse large. Il se met en Cat. Il passe du premier degré à l’absurde, pratique l’évidence comme personne, se montre aussi impertinent ou satirique que subversif. Il pille sans vergogne le patrimoine artistique pour détourner le sens d’œuvres célèbres en leur juxtaposant des légendes imparables. Et chacune des réflexions du Chat fait que, au minimum, on y sourit… Le fait le plus marquant de ce nouvel album, c’est que Geluck, qui fait également partie de la bande de Siné, s’est aventuré du côté du dessin politique en croquant par exemple Sarkozy et Chirac et en faisant allusion à l’affaire DSK.

J’ai tout aimé dans cet ouvrage plein d’esprit et de trouvailles. Cet homme est fin, très fin. Et tellement prolifique ! Si je devais ne citer qu’une réflexion du facétieux Mistigri, ce serait celle-ci : « Les papillons qui ne vivent qu’un jour prennent leur retraite vers 17 h 30 »… C’est tout simplement génial. Il faut avoir un esprit particulièrement tortueux pour pondre de telles bulles. Ce sont des bulles dignes d’un pape de la BD. En toute objectivité, je nourris une admiration sans borne pour l’humour foisonnant de Philippe Geluck. Les albums du Chat, qui me font ronronner d’aise, font beaucoup pour tempérer la morosité ambiante. La seule crise qu’ils provoquent, c’est la crise de rire. Alors, vive Geluck, vive Le Chat !...

vendredi 7 septembre 2007

Les Zenvahisseurs


Une BD scénarisée par Chanoinat
Dessinée par Marniquet
Ecrite et dialoguée par Laurent Gerra

Editions Albin Michel (12,90 €)

Ma note : 5/10

L'histoire : Très librement adaptée du spectacle Laurent Gerra flingue la télé, cette BD raconte la tentative de prise de pouvoir de la terre par une bande d'extra-terrestres venus de la planète Zétronus. Ces Zétroniens, dirigés par le maléfique Darkisson (Ardisson), n'ont qu'une idée en tête : "envahir la terre pour propager le chaos, la médiocrité et opérer un décérébrage général". En langage moins crypté - après tout Ardisson est diffusé en clair - leur mission est tout simplement de nous rendre encore plus cons.
S'appuyant, comme son nom l'indique, sur la célèbre série télé de la fin des années 60, l'histoire, narrée par Pierre Tchernia, commence par la rencontre inopinée de David Vinsang avec les sinistres occupants d'un vaisseau spatial. Bien qu'affublés d'oreilles pointues, on reconnaît sans trop de mal les clones de la plupart de nos animateurs télé. Le sinistre Darkisson a dépêché sur terre une armée dirigée par trois lieutenants du nom de Chevalier Rouquette (Laurent Ruquier), Professeur Millerusse (Gérard Miller), et "le pleutre" Marco Fauderche (Marc-Olivier Fogiel) avec, comme estafette, le très ahuri Steevy Brator (Steevy Boulay)... Terrifié par cette rencontre du troisième type, David Vinsang, se hâte d'en avertir la police. Mais le commissaire Bétounaro, qui ressemble furieusement à Roger "Navarro" Hanin, ne croit pas une seconde à son histoire... Comment la résistance va-telle s'organiser pour affronter une telle menace ?...

Mon avis : La patte et les aversions audiovisuelles de Laurent Gerra sont omniprésentes dans cette BD. En effet, peu d'amimateurs et peu d'émissions de notre PAF actuel trouvent grâce à ses yeux. La liste ce ceux qui composent la troupe des Zétroniens, outre bien sûr les principales têtes de turc que sont Ardisson Ruquier, Fogiel, Miller et Steevy, est particulièrement fournie. On peut ainsi repérer avançant en ordre serré Christine Bravo, Cauet, Bataille et Fontaine, Sébastien, Aliagas, Magloire, Courbet... Tous les sbires qui composent la garde ont les traits de Joey Starr (le sâle air du rappeur !) et la musique qu'ils écoutent pour se ressourcer et se nettoyer le cerveau est celle de Diam's, la pasionaria à la langue rappeuse.
Le premier fait d'armes de ces Zétroniens va être le saccage de la bibliothèque Léo Ferré d'Epernay dont le directeur n'est autre que Jean d'Ormesson. Et ils choisissent pour cadre de leur chaos apocalyptique la Fête de la Musique (à ce propos, Michel Drucker ayant manifesté l'intention de ne plus les animer, Nagui a déclaré songer à Diam's comme coprésentatrice ! Et pourtant l'homme de Taratata ne fait même pas partie des Zétroniens. Serait-il sympathisant ? Affaire à suivre...°
Heureusement, face à eux, vont se dresser une poignée de héros sortis des étagères naphtalinées de l'INA, ceux de célèbres feuilletons des années 60-70 que furent Thierry la fronde, La petite maison dans la prairie, Chapeau-melon et bottes de cuir, Amicalement vôtres, Les Mystères de l'Ouest et Au nom de la loi.
Je ne vous dis pas la fin, mais ce sont deux super héros, deux "légendes" qui vont devoir venir leur prêter main forte pour renvoyer les vandales sur leur planète merdeuse... Mais le fataliste "la guerre ne fait que commencer" prononcé par un Pierre Tchernia hilare, nous promet un "Les Zenvahisseurs, le Retour"...

Laurent "Lucky Luke" Gerra a donc ressorti sa pétoire pour arroser à tout va sur pratiquement tout ce qui sévit dans le domaine du talk-show. Les personnages qu'il vilipende sont bien plus ridicules que méchants. Nous avons affaire là une vraie bande de benêts oui-oui, des ravis de la crêche (la crêche étant ici la télévision). Loin d'un déchaînement massif de remarques perfides et atrabilaires, Chanoinat, le scénariste, et Gerra se comportent plus comme des potaches en train de faire des niches. On les imagine bien d'ailleurs, pliés en quatre en train de rire de leurs propres bêtises. Ce sont des sales gosses, des garnements, qui auraient dessiné les tronches de leurs victimes sur des boîtes de conserve et qui joueraient au chamboule-tout en se marrant.
A propos des dessins, justement, je les ai trouvés très inégaux. Parfois, ils sont d'une fidélité confondante, parfois on a du mal à reconnaître le même personnage. Mais en règle générale, on arrive à peu près à retrouver qui est qui.
Ce que j'ai personnellement estimé de plus réjouissant, c'est de découvrir que l'antidote le plus efficace pour combattre les Zétroniens était le lancement de disques ; de disques de Brassens et de Brel. Ces rondelles agissent à la manière de l'ail et de l'eau bénite contre les vampires.
En défintive, Les Zenvahiseurs m'est apparu comme un gentil fourre-tout mêlant la télé de nos parents et celle qui inonde aujourd'hui les deuxièmes parties de soirée. J'attendais un peu plus de vitriol, mais Gerra, Marniquet et Chanoinat, dont les initiales donnent "GMC", ont choisi de se conduire en poids lourd coloré et bruyant plustôt qu'en auto-mitrailleuse dévastatrice. En fait, ils n'arrivent pas à être aussi méchants qu'ils s'échinent à essaiyer de le faire croire. Tout cela reste bon enfant, dans la tradition française des chansonniers. Ils savent bien que leurs petites perfidies ne changeront pas grand chose au paysage audiovisuel de notre pays car les chiens aboient, et la télé... commande !