jeudi 1 février 2007
Chocolat Piment
Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère 75009 Paris
Métro : Saint-Georges
Tel : 01 48 74 76 99
Comme chaque année, c'est le même rituel : Stéphanie, l'aînée, et sa cadette Caroline, accompagnée de son mari, Franck, viennent fêter l'anniversaire de Paul, leur père, veuf depuis longtemps, dans la maison de leur enfance. Or, si Stéphanie joue sincèrement le jeu, on sent bien que c'est plus une contrainte polie pour les autres protagonistes. Le papa, qui n'apprécie guère les gâteaux, reçoit avec une certaine indifférence la pâtisserie que lui a concoctée Caroline ; d'autant qu'elle a tenté un audacieux mélange chocolat... piment !
Très vite, les masques de composition commencent à se fissurer. Les deux soeurs, que tout oppose, se chamaillent au moindre accroc. Stéphanie traîne son célibat et ses échecs sentimentaux comme autant de boulets. Caroline, qui lui jette à la face la réussite apparente de son ménage, s'avère en réalité d'une fragilité et d'une susceptibilité qui témoignent de son mal-être. Il faut dire que son mari, obsédé par sa carrière, est un véritable mufle, égoïste et d'une goujaterie à toute épreuve. Des travers que Paul ne supporte pas, et qu'en authentique misanthrope, il ne se gêne pas de critiquer. Cerise sur ce gâteau d'anniversaire déjà lourd avant que d'être digéré, Stéphanie vient de découvrir que son cher papa avait eu une liaison à l'époque de leur naissance. Prétextant la mise en vente de la maison, elle a invité l'ex-maîtresse à venir la visiter...
Evidemment, les trois-quarts de cette pièce sont plus placés sous le signe du piment que du chocolat. Certaines vérités se font jour. Les non-dits commencent à soulever le couvercle des conventions.
"Chocolat Piment" est une excellente comédie de moeurs. Comme elle repose sur les relations filiales, chacun de nous peut se retrouver dans les personnages du père et de ses deux filles. Mieux vaut en effet ne pas se projeter dans le personnage absolument infect du gendre. Il faut bien admettre que c'est un fieffé con, le genre de type arriviste et sans gêne qu'il nous arrive hélas de croiser parfois... A ce propos, il faut saluer la performance d'acteur de celui qui le campe avec une absolue perfection, Eric Savin. Quant aux autres comédiens, ils sont en tout point justes, chacun dans la psychologie remarquablement bien dessinée de son personnage. Jacques Marchand, campe le père tout en finesse, avec certaines mimiques aussi éloquentes que des répliques. Un tantinet lâche, il n'aime rien tant que sa tranquillité et déteste toute cette agitation qui entoure un anniversaire qu'il n'aime pas fêter.
En compagnie de ce quintette, on passe un excellent moment au théâtre La Bruyère. On rit beaucoup, on est parfois ému, on s'indigne devant le comportement du gendre, on compatit devant les efforts d'apaisement de la fille aînée, et on plaint la vie complètement bancale de la cadette... Une pièce à voir qui, en recentrant bien les problèmes relationnels, donne en outre l'envie de porter un peu plus d'amour et d'attention à ses parents ou à ses enfants.
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