mercredi 22 août 2007
3 amis
Un film de Michel Boujenah
Avec : Mathilde Seigner (Claire), Pascal Elbé (César), Kad Merad (Baptiste), Yves Rénier (Antoine), Daniel Duval (Francis), Philippe Noiret (le patron du garage)...
Genre : Comédie sentimentale
Sortie : 22 août
Ma note : 5/10
L'histoire : Qu'est-ce qu'un ami ? Est-ce que j'en ai un ? Est-ce que j'en suis un (ou une) ? C'est quoi cette relation étrange qu'on appelle l'amitié ? Qui sont ces gens qu'on aime d'amour et avec qui on ne le fait pas ? Qui sont ces gens avec qui ce n'est jamais fini parce que ça n'a jamais commencé ? Comment je peux faire du bien à mes amis ? Est-ce que j'ai le droit d'intervenir dans leur vie sous couvert d'amitié ? Et jusqu'à quel point ? Et au fond, quel est ce sentiment étrange qui m'habite quand un ami a besoin de moi ? Un bonheur, ou un besoin ?
Mon avis : J'aime beaucoup Michel Boujenah. L'homme. Ayant eu le plaisir de le côtoyer quelques fois, j'ai pu apprécier sa sincère et profonde humanité. C'est un grand sentimental, un tendre, un émotif. Il a en lui un besoin viscéral de donner de l'amour et d'en recevoir. Il est donc tout naturel que ses films ne soient qu'à son image. C'est bien sûr le cas de 3 amis.
Or, ce film souffre justement des trop grandes qualités de coeur de son réalisateur. Trop de générosité, trop de complicité, trop d'indulgence engendrent paradoxalement un manque de rigueur et d'esprit critique. On voit bien qu'il a laissé volontiers la bride sur le cou de ses trois comédiens. Et, si Mathilde Seigner s'en sort à merveille, on ne peut pas en dire autant des personnages masculins interprétés par Pascal Elbé et Kad Merad.
Je m'explique. Le problème avec César et Baptiste c'est qu'ils sont un peu outrés. On a un peu de mal à trouver certains de leurs comportements crédibles. Faute, la aussi, à la tendance à l'exagération toute méditerranéenne de Michel Boujenah. On aurait aimé plus de simplicité, plus de retenue ; plus de pudeur aussi. Et pourtant, dans la vie, Michel Boujenah est quelqu'un d'extrêmement pudique. César (Pascal Elbé)est timoré, foncièrement gentil et carrément fragile. C'est le loser-type. Baptiste (Kad Merad) est plus terre à terre, plus pragmatique jusqu'au moment où sa vie bascule. Son personnage vire alors quasiment au burlesque avec un toc, amusant et plausible au départ, mais qui lasse en devenant excessif (la scène avec le camion).
D'autres scènes sont d'ailleurs vraiment surjouées : celles entre César et la fille de son patron, et puis celle de la permière rencontre entre Baptiste et la call-girl, qui est digne d'un épisode des Nuls... Le problème, c'est que tout ceci sonne un peu faux.
Heureusement, il y a tout de même des moments de grâce dans ce film. Tout d'abord la prestation de Mathilde Seigner. Entière, solitaire, fragile, elle est réellement touchante. Avec son jeu tout en justesse, elle nous livre la composition d'un personnage normal. En dépouillant son jeu, elle a vraiment pris de l'envergure... Deuxième point appréciable : des dialogues qui font souvent mouche (on sent l'école du one-man show). Troisième point : même si Kad Merad en fait un peu trop dans la caricature, il confirme toute l'étendue de son registre. Il fait désormais partie des valeurs sûres du grand écran. Et enfin, quatrième point : on sourit souvent devant les agitations de ce trio que l'on ne peut que trouver éminement sympathique. On ressent beaucoup de tendresse pour eux.
Vous l'aurez compris, ce film est gentillet, un peu brouillon. Il est moins bien réussi que Père et fils. Mais, surtout, que Michel Boujenah ne se décourage pas. Il a un vrai univers, un authentique amour de la vie et des acteurs. On a besoin de sa vision du monde.
3 amis nous réserve surtout un intense moment d'émotion pure avec l'ultime participation à un film de Philippe Noiret. Sa première apparition nous porte un coup terrible tant il est marqué par la maladie qui le ronge. C'est tout à la fois dur à accepter et sublime. En dépit de son visage amaigri, de ses cheveux clairsemés, il nous laisse en dernier cadeau le son de sa voix incomparable et l'étincelle scintillante d'ironie de ses prunelles. Respect Monsieur Noiret. Et merci à Michel Boujenah de lui avoir offert cet ultime plaisir de jouer.
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