samedi 25 août 2007
Happy Hanouka !
Théâtre Michel
38, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 35 02
Métro : Auber/Havre-Caumartin/Madeleine
Une comédie d'Alex Pandev et Sylvie Audcoeur
Mise en scène : Jean-Luc Moreau
Avec : Maaïke Jansen (la mère), Ary Abittan (David), Alex Pandev (Julie), Sylvie Audcoeur (Betty)
Ma note : 5/10
L'histoire : David a rencontré Julie à Las Vegas. A l'issue d'un pari fou, il l'épouse sur place. Il omet hélas d'en informer sa famille. De retour à Paris avec sa toute nouvelle épouse, il va bien lui falloir officialiser cette union... Nous sommes le soir de Hanouka, la fête juive des Lumières. David décide de profiter de cette réunion familiale pour annoncer son mariage avec une "goy" à ses parents ; et plus particulièrement à sa mère, possessive, intolérante, qui avait rêvé de bien d'autres choses pour son fils...
Mon avis : Le premier tiers de cette pièce est joué sur un rythme trépidant, sans aucun temps mort. Il est dominé par la présence extravagante et envahissante de Maaïke Jansen, plus vraie que nature en mère juive. Avec une invraisemblable énergie, elle campe une femme absolument insupportable : possessive, égocentrique, futile, intarissable, pénible. Son jeu est d'une justesse parfaitement maîtrisée. Et pourtant, il ne doit pas être évident de tenir la route avec un rôle qui tient plus des montagnes russes que du long fleuve tranquille. Elle s'en sort à merveille et sa performance force tout à la fois notre admiration et notre respect.
Pour lui faire face, Ary Abittan, qui joue son fils David, tire admirablement son épingle du jeu. Pris en tenailles entre trois furies, tel un bouchon emporté par un torrent tumultueux, il surnage on ne sait comment. Lui aussi se révèle impeccable. On passe son temps à se demnder, écartelé qu'il est, à quel moment il va exploser. Il n'a aucun moment de répit, il est en tension permanente. Un rôle éprouvant certes, mais qui doit être réeellement jouissif et bénéfique pour un comédien.
La pièce repose donc presque exclusivement sur cet impitoyable affrontement mère/fils. Après ce début tonitruant, la pièce perd quelque peu de son rythme et de sa percussion. Elle s'égare parfois en petits sketches de remplissage (l'audition de la soeur, par exemple) et en saynètes un peu superflues. Et puis elle rebondit de nouveau, souvent grâce aux numéros de Maaïke Jansen, parfois en fonction des névroses de la soeur.
La pièce, émaillée de très bonnes répliques, de vacheries bien senties, tourne peu à peu au règlement de comptes. Il faut dire que le personnage de la mère s'avère d'une intolérance et d'un aveuglement crasses. La pauvre Julie se voit déverser sur son innocente tête tout un tombereau d'immondices injustes. Si bien, qu'à certains moments, on se met à ressentir un réel malaise devant autant de férocité. Difficile de rire de bon coeur devant tant de malveillance. Julie-la-biche est acculée, blessée, insultée, humiliée ; la mise à mort est inéluctable.
Au final, on ressort du théâtre Michel avec une sensation douce-amère. Trop d'amour tue l'amour. Trop d'intolérance provoque incompréhension et révolte. Une sacrée leçon de manque patent d'humanité. Mais nous sommes au théâtre, et on se doit de saluer à sa juste valeur l'immense prestation de Maaïke Jansen. Même quand elle se transforme en gorgone furibonde, elle ne perd pas une once de son élégance naturelle. Grande, grande, très grande artiste !
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