vendredi 21 novembre 2008

Les aventures de la Diva et du Toréador


Petit Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 22 83 04
Métro : Edgar Quinet / Gaîté

Un spectacle de Raphaëlle Farman et Jacques Gay
Piano : Fabrice Coccito
Costumes : Monika Eder

Ma note : 8/10

L'histoire : Au cours d'une réception, une diva célèbre, fraîchement veuve (mais pas très éplorée), fait la connaissance d'un toréador auréolé de gloire (et un tantinet arrogant).
Entre eux deux, le coup de foudre est immédiat... Et nous volià entraînés dans une histoire d'amour pleine de rebondissements, prétexte à un voyage musical à travers les plus belles pages de l'opéra, de l'opérette et de la comédie musicale (Carmen, La Vie parisienne, West Side Story, la Traviata, Night and Day, Véronique...)

Mon avis : Un délire total ! Mais un délire parfaitement maîtrisé. L'action se déroule dans un décor espagnol cossu très stylisé en rouge et noir. Un laquais emperruqué en livrée répondant au nom de Firmin commence à vaquer dans la pièce. A l'apparition de son maître, El toréador, il se glisse prestement au piano pour y interpréter l'ouverture du Barbier de Séville. La terreur des toros, gommeux et suffisant, se la pète un peu. Mais à l'entrée de la Diva, superbe créature élégante et féline, il a plutôt tendance à se métamorphoser en loup de Tex Avery et à vouloir lui faire une cour effrenée. Il ne perd d'ailleurs pas son temps pour commencer à planter des banderilles.
Le duel est lancé. Tant sur le plan vocal que dramaturgique. La mise en scène déborde d'inventivité. il faut rester tout le temps en éveil car l'action, comme le décor, sont truffés de détails saugrenus. Comme la présence symbolique de paires de cornes disséminées un peu partout... Nos deux protagonistes prennent des poses et des postures très théâtrales, gentiment outrées. Au fur et à mesure de leur joute par chansons interposées, des accessoires apparaissent judicieusement pour souligner et illustrer l'action. La Diva joue les allumeuses, le torédor les amoureux transis. On est dans un remake burlesque de la Femme et le Pantin.
Nos deux héros ne s'épargnent rien, ne se refusent rien. Avec des mimiques dignes du cinéma muet, ils n'ont pas peur du ridicule. C'est plein de petites astuces. Les (nombreuses) tenues de scène de la Diva sont magnifiques. Il faut bien reconnaître qu'elle porte admirablement la toilette. Y compris quand elle arbore une superbe panoplie de dominatrice SM !

Les aventures de la Diva et du Toréador sont un trépidant duel à fleurets pas toujours mouchetés. C'est un bras de fer dans un gant de velours. Le rythme est soutenu. On est plié de rire par des gags dignes de cartoons, par des clins d'oeil appuyés vers des film ô combien kitsch. On sent venir le quiproquo gros comme l'Opéra Bastille, et ils s'engouffrent dedans à fond les manettes pour notre plus grand bonheur. C'est complètement déjanté, farfelu à souhait, mais c'est également de la haute voltige théâtrale et vocale. Aidés en cela par Fabrice Coccito, un inénarrable pianiste facétieux et débordant de talent, Raphaëlle Farman, la Diva soprano, et Jacques Gay, le toréador baryton, comblent autant de plaisir les mélomanes avertis que les amateurs de comédie pure. Dans un domaine comme dans l'autre, il n'y a pas une seule fausse note. Cette fantaisie lyrique est une véritable prouesse à tout point de vue. De vue et d'ouie, d'ailleurs car ces deux sens sont réellement comblés. Il y a là un travail incroyable, fin et intelligent, qui fonctionne au millimètre. C'est le genre de spectacle qu'il faudrait voir une deuxième fois tant il est riche en péripéties.

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