vendredi 28 mai 2010
Le Médecin (malgré lui)
Vingtième Théâtre
7, rue des Plâtrières
75020 Paris
Tel : 01 43 66 01 13
Métro : Ménilmontant
Une pièce de Molière
Adaptée et mise en scène par David Friszman et Frédéric d’Elia
Avec Frédéric d’Elia (Sganarelle), David Friszman (Valère/Léandre), Aurélie Bargème (Martine/Jacqueline), Maia Guéritte (Lucinde), Arnaud Maudeux (Lucas), Cédric Tuffier (Géronte)
Costumes et chorégraphie de Mattéo Porcus
Décors et lumières de Christophe Fouet
Ma note : 7/10
L’histoire : Sganarelle est un petit malfrat, un peu recéleur, un peu dealer, un peu proxénète. Il violente sa conjointe et il a la bouteille facile.
Piégé par sa femme Martine, il va se retrouver plongé dans un univers opposé à celui de sa cité HLM. En effet, deux hommes de main recherchent quelqu’un pour guérir Lucinde, la fille de Géronte, un mafieux aussi riche que naïf. En fait, Lucinde fait semblant d’être muette depuis que son père veut qu’elle épouse un riche trader. Pour se venger des coups qu’elle reçoit régulièrement, Martine arrive à persuader les truands que Sganarelle est médecin. Il est emmené dans la propriété de Géronte qui lui promet la fortune s’il parvient à rendre la parole à sa fille…
Mon avis : Une totale réussite que cette transposition dans l’univers d’aujourd’hui de cette pièce de Molière. S’il n’était l’emploi de quelques mots et formules aujourd’hui désuets, on n’y penserait même pas tant elle est actuelle et dans le fond, et dans la forme. Et pourtant, tout est respecté ; Mais il est vrai qu’en la modernisant ainsi elle nous permet de nous rendre compte combien ce cher Jean-Baptiste Poquelin est tout-à-fait intemporel.
Sganarelle est une « caillera » de la pire espèce. Ivrogne, faignant, négligé, ce petit malfrat de banlieue qui n’hésite pas à lever la main sur sa femme, n’est vraiment pas sympathique. Et on est bien content quand elle a sa petite revanche en le dénonçant comme médecin à deux fripouilles au service d’un parrain de la mafia, en leur recommandant bien de ne pas hésiter à le bousculer un tantinet s’il niait appartenir à l’ordre d’Esculape.
La mise en scène est à la fois habile et dépouillée. Sgnanarelle et Martine vivent dans un véritable taudis, envahi par la musique agressive diffusée par un ghetto-blaster. En revanche, le palace où vit Géronte, le mafieux, est symbolisé par une bâche dorée. En réalité, ce qui compte, ce sont les situations et les relations que chacun des principaux protagonistes entretient avec les autres. Les costumes eux aussi ont leur importance dans les profils psychologiques de chacun. Martine, que l’on devine un peu tapineuse, porte des tenues provocantes, Sganarelle est en pantalon de treillis et marcel, les deux sbires portent la panoplie du parfait truand napolitain, Géronte arbore des tenues voyantes que l’on devine coûteuses et les deux soupirants, Lucinde et Léandre, ils sont carrément gothiques.
Le pire, c’est qu’on réussit à en occulter totalement Molière pour se plonger dans une histoire d’aujourd’hui totalement crédible avec des caractères superbement bien dessinés (et interprétés). Les dialogues sont forts, l’utilisation de termes argotiques y est pour beaucoup ; La mise en scène est alerte. Et les comédiens, qui ne s’économisent guère, sont impeccables. C’est absolument captivant, même si on connaît la fin (Larousse classiques obligent). C’est une délicieuse redécouverte.
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