samedi 18 juin 2011
Nettoyage de printemps
Théâtre du Gymnase
38, boulevard Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle
Une pièce de Jean-Michel Wanger et Olivier-Martial Thieffin
Mise en scène par Pierre Laur
Avec Nelson Monfort (Jacques-Emile Delaville), Virginie Stevenoot (Anabella Delaville), Ludovic Berthillot (Polo), Stéphane Rodin (Sylvain), Victoria Monfort (Sandra)
Ma note : 5,5/10
L’histoire : Pour la sortie de son dernier livre, un philosophe très médiatique reçoit chez lui une équipe de télévision. Mais de la préparation jusqu’à l’interview, rien ne se passe comme prévu entre le philosophe, sa femme, le présentateur, le caméraman et l’assistante qui, elle, n’est pas là par hasard. Tout ceci se termine par un chaos général dont le philosophe ne sort pas indemne.
Mon avis : Et bien, me voici bien circonspect. J’ai reçu cette pièce avec un mélange de plusieurs sentiments contradictoires.
Parlons d’abord de ce qui m’a plu. J’ai trouvé la performance de Nelson Monfort vraiment encourageante. Pas évident pour une icône de la télévision et des Guignols comme lui de franchir le pas de la comédie. Certes je l’avais déjà vu pousser la chansonnette à l’Olympia avec une interprétation très acceptable de Yesterday entre autres, mais là l’exercice est totalement différent. D’autant qu’il a un texte très dense et très riche en mots peu courants et en en citations latines. Ceci dit, avec le personnage compassé, sûr de lui, limite pédant de Jacques-Emile Delaville, il a hérité d’un rôle taillé sur mesure. Il lui apporte en bonus son élégance naturelle, son phrasé si reconnaissable et aussi son sens aigu de l’auto-dérision… Autre excellente surprise, sa fille, Victoria. Avec sa fraîcheur, sa frimousse, sa modernité, elle peut envisager sans problème de faire carrière. C’est une actrice en devenir… Tous les deux sont parfaitement épaulés par une Virginie Stevenoot complètement déjantée, mélange réussi de Chantal Ladesou (pour la folie) et de Maaïke Jansen (pour la maîtrise), et par un Ludovic Berthillot truculent et haut en couleurs à souhait… Vous aurez donc compris qu’il n’y a pas grand-chose à reprocher aux comédiens. Qu’ils soient débutants (je n’emploie pas volontairement le terme de » néophyte » car je vais y revenir) ou professionnels aguerris, ils font le job.
Ce qui m’a vraiment moins plu, ce sont les nombreuses inégalités que comporte le texte de cette pièce. Le postulat en est tout-à-fait original et respectable, mais c’est fait de bric et de broc. Il y a de très bonnes idées. Par exemple : c’est une bonne chose que de faire se vouvoyer monsieur et madame Delaville. C’est un petit clin d’œil malicieux en direction du couple BHL-Arielle Dombasle… Le personnage d’Annabelle est parfaitement dessiné même s’il lui arrive d’être de temps en temps dans l’excès. Elle est impeccable autant quand elle fait la nunuche que lorsqu’elle joue la femme blessée et révoltée… Autre très bon point : l’antagonisme entre le philosophe et le caméraman, entre l’intellectuel et l’homme du peuple. Ça, c’est vraiment bien trouvé. Et physiquement et textuellement. D’ailleurs, il faut souligner que c’est l’arrivée de Polo qui donne enfin son impulsion à la pièce, qui la booste, qui l’élève d’un bon cran. Car, jusque là, on était dans l’approximation. Le pire étant une petite série de jeux de mots dignes du cours élémentaire. Il n’y avait vraiment pas besoin de saupoudrer les dialogues d’un « Comme disent les Indiens, See you ! » ou, pire encore, l’éculée réplique : « Il est néophyte ? – Je ne sais pas où il est né… ». Je me suis soudain un peu plus enfoncé dans mon fauteuil sous le poids de l’accablement… Le rôle de Sylvain, le présentateur, est mal défini. Flou et ambigu, on ne sait jamais trop qui il est vraiment. Et puis il surjoue trop, il est trop dans la caricature pour qu’on arrive à s’attacher à lui…. Quant aux rebondissements, y compris le dernier, ils sont prévisibles, tout comme les quelques quiproquos sont plutôt téléphonés. Mais bon…
Cette pièce est donc un patchwork de bonnes intentions, de bons moments, de départs avortés, de dialogues frisant parfois l’indigence, de belles envolées, d’une vraie générosité de la part des comédiens… C’est une sorte de soufflé qui serait bien gonflé et appétissant sur une moitié et dont l’autre moitié serait tristement flasque.
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