samedi 27 février 2016

Noëlle Perna "Super Mado"

Alhambra
21, rue Yves Toudic
75010 Paris
Tel : 01 40 20 40 25
Métro : République / Jacques Bonsergent

Seule en scène écrit par Noëlle Perna et Richard Chambrier

Présentation : Quand Mado et son « reproducteur » ne sont pas sur la même longueur d’ondes… Quand celui-ci met sa star du « chauve binz » dans l’impasse… Elle seule saura trouver la sortie… Armée de sa devise « Celui qui veut faire trouve le moyen, celui qui ne veut pas trouve une excuse ».
Enfin une mission pour transformer Mado en Super Mado !

Mon avis : Dès qu’elle revêt la robe rose électrique de Mado, Noëlle Perna devient une autre personne. Une personne extravagante, attachante, infiniment drôle. Sur scène, ce n’est pas une brise de Nice qui soufflote, c’est une véritable tornade. Mado, c’est la reine des pipelettes. Pendant une heure et demie, elle n’arrête pas de parler, de s’agiter, de trottiner, de s’indigner, de s’esclaffer, de se moquer, d’analyser. Elle a un avis sur tout et une façon de le donner qui n’appartient qu’à elle. Elle s’exprime avec énormément de bon sens et d’esprit d’observation. Ce qui la caractérise le plus, c’est son incroyable générosité à vouloir communiquer, échanger, mais avec son langage si particulier. Mado a le sens inné de la formule imagée, de l’expression déformée, des jeux de mots approximatifs. Elle utilise pour cela une langue très vivante, dans tous les sens du terme.


Le prétexte de Super Mado est simple : son (re)producteur lui a conseillé de beaucoup moins parler. C’est tout juste qu’il n’exige pas d’elle un spectacle quasiment mimé. Mais comment endiguer un torrent de paroles, comment assagir une rebelle pleine de fougue qui n’en fait qu’à sa tête. On ne peut pas chasser son naturel, il est déjà au galop lorsqu’elle fait irruption sur scène. Une entrée qui pète, « à l’Américaine », devant une salle chaude, et c’est parti pour quatre-vingt-dix minutes de folie.
Mado s’adresse à nous comme à des confidents, comme à des amis d’un jour rencontrés au Bar des Oiseaux. Elle nous prend à témoins et se raconte. Bien sûr, elle nous narre avec force détails pittoresques ses relations avec son mari Albert et ses tribulations avec leur fils Toinou ; lesquels ont, en plus, le malheur d’être ses plus proches collaborateurs pendant le spectacle, l’un en « couilles-lisses », l’autre aux lumières « bien qu’il soit loin d’en être une ». Mais plus elle les critique, plus on sent poindre en elle sa tendresse à leur égard. Mado est très féminine.


Comme elle parle tout-à-trac, elle aborde moult sujets. Elle passe sans vergogne du plus général au plus intime : les expressions périmées, l’éducation nationale, les vertus du rire, la télévision, le foot, le rugby, la politique, la conception de Toinou, le speed dating, les méfaits des gâteaux « aux herbes », les vacances avec Albert… Certains sketches sont de purs et grands moments de comédie et de truculence. Et puis, soudain, rupture de rythme. Son chauvinisme pour sa ville s’exprime alors avec lyrisme. Son exaltation se mue en propagande attendrie. En plein milieu d’un spectacle sur-vitaminé, elle nous offre une plage, sa plage, une plage de poésie. Un ange passe, qui nous laisse bouche Baie…


Mado la Niçoise, c’est tout cela. Comme dans la salade du même nom, il y a un peu de tout et, surtout, pas mal de crudités. Il y a parfois un ingrédient un peu facile, un peu léger (comme une image ou un calembour quelque peu éculé), mais la majorité du plat est vraiment goûtue, originale, bien relevée, parfaitement assaisonnée. En tout cas, le menu qu’elle nous propose se digère aisément. Son ingestion est certes un peu retardée par les spasmes qui nous font tressauter le ventre de rire, mais qui s’en plaindrait ?
Noëlle Perna aborde le public parisien avec une certaine appréhension. A tort. Car vu la chaleur des applaudissements, la spontanéité des rires, et les cris de contentement, elle ne peut qu’être rassurée. Il règne dans la salle de l’Alhambra un microclimat quasi méditerranéen. Bien sûr, cela est dû en grande partie à la folle énergie de Super Mado. A l’image de ses formes, tout en elle est généreux.


Gilbert « Critikator » Jouin

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