Théâtre Rive Gauche
6, rue de la Gaîté
75014 Paris
Tel : 01 43 35 32 31
Métro : Edgar Quinet / Gaîté
Un spectacle musical de Roland
Romanelli et Rébecca Mai
Mis en scène par Eric-Emmanuel
Schmitt
Lumières de Jacques Rouveyrollis
Décor de Nils Zachariasen
Vidéo d’Antoine Manichon
Costumes de Nathalie Chevalier
Avec Rébecca Mai (chant), Roland
Romanelli (accordéon et piano), Jean-Philippe Audin (violoncelle)
Présentation : L’homme qui accompagna Barbara, à la scène
comme dans la vie, nous raconte enfin cette femme unique, surprenante, drôle,
passionnée, différente, géniale. Roland Romanelli, accordéoniste et pianiste,
est choisi tout jeune par Barbara pour effectuer une tournée.
Cette rencontre fulgurante,
féconde, complexe, qui devint amoureuse, c’est avec Rébecca Mai, sa compagne
d’’aujourd’hui, chanteuse amoureuse du répertoire de Barbara, que Romand
Romanelli nous la raconte. Vingt chansons interprétées en direct entrecoupent
le récit où alternent confidences de Roland Romanelli et extraits d’interviews
données par Barbara…
Mon avis : Roland Romanelli a la nostalgie souriante. Et
heureusement ! Heureusement parce que les chansons de Barbara, elles, le
sont rarement, souriantes. Elles sont en effet pour la plupart teintées au
minimum de mélancolie. Mais, en même temps, ce sont des chansons qui nous
plaisent.
Roland Romanelli, alias
« L’Homme en Habit Rouge » (j’ai compris le titre en voyant le
spectacle), nous raconte dons SA Barbara, la femme qu’il a accompagnée
professionnellement durant une vingtaine d’années et, plus
« bibliquement », pendant huit ans… Même si notre ardente curiosité
de voyeur, n’est pas complètement satisfaite, car on aimerait en savoir plus,
on sait se contenter des quelques anecdotes qu’il accepte de nous livrer.
Roland Romanelli est un pudique. Je pense qu’il a fallu qu’Eric-Emmanuel
Schmitt déploie des trésors de persuasion pour l’amener à se confier. Et
encore, je suis convaincu qu’il n’en a obtenu que la partie émergée de l’iceberg.
Ceci dit, « iceberg »
n’est guère un terme approprié pour qualifier Barbara qui, apparemment, était
plutôt dotée d’un tempérament de feu. Mais on ne peut non plus la réduire à
cela. Elle était bien plus complexe. Le sang slave qui coulait dans ses veines
ajouté aux drames de son enfance et de son adolescence ont fait d’elle un être
instable, cyclothymique, d’un romantisme exacerbé ; une femme passionnée
aussi, généreuse, à l’humour dévastateur, une femme qui s’est donnée corps et
âme à son métier. Barbara était un monstre sacré. Et dans « monstre
sacré », il y a « monstre ».
La personnalité hors norme de
« La Chanteuse de minuit » est fidèlement transposée dans ce
spectacle. Plus qu’une reconstitution, j’y ai vu une restitution. Discret
chronique, Roland Romanelli se complaît visiblement dans son rôle de
prédilection, celui d’’accompagnateur. Il est tout entier au service de
l’artiste. La nouvelle « Dame brune » de sa vie, Rébecca Mai, réussit
le tour de force de ne jamais tomber dans le piège de l’imitation. Elle
interprète une vingtaine de titres de Barbara en en respectant fidèlement le sens
profond. Elle en a soigné le fond tout en y amenant sa forme. La voix est
prenante, mouvante et émouvante, et sa gestuelle est légère, gracieuse,
féminine. Il n’y a pas de confusion possible, pas d’accaparation. C’est un
authentique hommage, vibrant, sensible, intelligent.
La mise en scène, remarquablement
secondée par les effets de lumières et les images projetées, est aussi sobre qu’efficace.
L’Absente est ici symbolisée par son rocking-chair. Quelques extraits d’entretiens
nous permettent de réentendre sa voix, si caractéristique avec son débit
saccadé, de partager l’intimité de ses confidences, nous la rendant ainsi encore
plus proche, plus vivante.
Mais si Barbara est toujours
aussi vivante pour nous, c’est grâce à ses chansons. Le choix qui en a été fait
n’est pas anodin. Il illustre certains pans de sa vie que Roland Romanelli
éclaire de ses propres souvenirs. Il y en a donc de moins connues que l’on
écoute avec encore plus d’attention et d’acuité. Et puis, il y a les
incontournables, les indispensables, les nécessaires... J’ai vécu, en totale
fusion avec tous les spectateurs du Rive Gauche, deux moments d’exception, deux
moments d’une force rare. D’abord avec le superbe arrangement qui accompagne et
habille Dis, quand reviendras tu ?.
Et surtout, il est quasiment impossible de décrire l’émotion qui a étreint
toute la salle lors de l’interprétation de L’aigle
noir. J’en ai eu le corps parcouru de frissons. Devant moi, une dame
essuyait furtivement ses larmes pendant que sa voisine avait ses verres de
lunettes complètement embués… Une telle émotion se passe de commentaires. Elle
se vit et se partage.
Ne serait-ce que pour vivre ce
moment-là, cette communion aussi intense, il faut aller voir Barbara et l’Homme en Habit Rouge.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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