L’Européen
5, rue Biot
75017 Paris
Tel : 01 43 87 97 13
Métro : Place de Clichy
Seul en scène écrit et interprété
par Lamine Lezghad
Mis en scène par Lamine Lezghad
et Fabrice Pelette
Présentation : En ces temps troublés, il est bon de rire sans
réserve… Et rire de tout, c’est bel et bien ce qui est au programme de ce
spectacle. Lamine ose tout avec une liberté sans limite.
Mon avis : Le contenu du nouveau seul en scène de Lamine
Lezghad est dans on titre : Rire de
tout !... Ce qui est important, c’est le point d’exclamation. Lamine
ne se pose pas de questions métaphysico-philosophiques, il affirme. Oui, on
peut rire de tout, et il ajoute même en conclusion de son spectacle :
« et de tous ».
Pas de publicité mensongère, il
ne triche pas sur la marchandise. Il arrose à 360 degrés. Du coup, tout le
monde est éclaboussé et certains sont mêmes copieusement douchés. Avec lui, pas
de round d’observation. Il ne virevolte pas autour du pot, il lui rentre
dedans. Il nous cueille d’emblée aux zygomatiques avec le sujet le plus brûlant
et le plus délicat à traiter : le terrorisme. Visiblement, tout ce qu’il
énonce est parfaitement assumé. Il en rit lui-même et, forcément, nous avec.
C’est qu’il va loin, le bougre ! Il ne s’autorise aucune limite.
Après une entrée en matière aussi
« explosive », il peut tout se permettre. Il a poussé le curseur
tellement loin dans la zone de l’humour noir et grinçant, qu’il ne peut – ni ne
veut – plus reculer. Alors, il y va. La mine rieuse, l’œil pétillant, les
fossettes ravageuses, il dézingue à tout-vat. Les religions, les communautés,
les vieux, les Arabes, les Noirs, les Juifs, les racistes, les handicapés, les
nains, le viol, ses collègues humoristes… Il n’exclut même pas les plus exclus,
les SDF. Tout le monde passe à la moulinette réjouissante de son joyeux
cynisme. Il possède tant de charme et de charisme qu’on lui pardonne tout.
Mais, ce qu’il y a de plus abouti
dans son spectacle c’est que, au milieu des pires insanités et des horreurs qu’il
distille ou profère, il glisse quelques messages et quelques vérités profondes qui
nous donnent à réfléchir. Et ça, c’est très fort.
Pour avoir vu tous ses
spectacles, j’ai constaté une irrésistible évolution. Lamine Lezghad est aujourd’hui
à maturité. Il a trouvé son juste ton. Très à l’aise, il occupe l’espace scénique
de façon magistrale. Là où il a formidablement progressé aussi, c’est dans l’improvisation.
Il joue avec son public comme personne. Sa faculté à rebondir dans l’échange, à
prendre une spectatrice en otage ou un spectateur comme tête de Turc, est
impressionnante. Il détecte tout ce qui se passe dans la salle. Malheur à celui
ou celle qui grignote, qui bâille, qui se met à l’écart, qui tente de s’éclipser
pour aller aux toilettes, qui ose une apostrophe. Son radar est assassin. Mais si
les mots sont plutôt hard, sa bonhommie les enrobe et les fait passer. Il ne
cherche pas la fleur qui pousse sur le fumier, il balance tout en vrac, les
fleurs et le fumier. A nous de faire le tri.
Son spectacle est très bien
écrit. Il contient des vannes de très, très haut niveau. Comme il a éradiqué
toutes les limites, il peut gambader loin. Il est comme un cerf-volant dont on
a coupé la ficelle. Radieux, il évolue en pleine liberté dans un ciel pourtant
lourd de nuages. Il ne les élude pas, au contraire, il slalome entre eux en
leur appliquant au passage d’espiègles et virulents coups de pique. Ça fait vraiment
un bien fou, par les temps qui courent, de se laisser distraire par quelqu’un
qui bafoue aussi allègrement la morale, la bien pensance, le consensuel et le
politiquement correct.
La mine Lezgahd a trouvé son
univers et c’est très sympathique à lui de nous le faire partager aussi
joyeusement.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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