Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 48 74 74 40
Métro : Blanche / Pigalle
Une farce de Neil Simon
Adaptée par Dominique Deschamps
Mise en scène par Eric Delcourt
et Dominique Deschamps
Décor de Juliette Azzopardi
Costumes de Pauline Yaoua Zurini
Lumières de Thierry Alexandre
Avec Samantha Benoit (Claire),
Alain Bouzigues (Ken), Christophe Canard (Eddy), Eric Delcourt (Lenny),
Jean-Marie Lhomme (le flic), Amélina Limousin (la fliquette), Amandine Maugy
(Cathy), Marie Montoya (Chris), Lucie Muratet (Cookie), Romain Thunin (Glenn)
Présentation : Là-haut, dans la chambre de sa très chic
résidence secondaire, Charly Brook, le premier adjoint au maire de New York,
baigne dans son sang. A-t-il essayé de mettre fin à ses jours, ou est-ce sa
femme Myra qui lui a tiré dessus ? Telle est la question qui va se poser
aux invités que le couple a conviés à une fête ce soir-là pour célébrer le
dixième anniversaire de ce mariage apparemment exemplaire.
Heureusement, la blessure n’est
que légère. Mais voila, Myra a disparu et Charly, sous valium, dort en suçant
son pouce… Réduits aux conjectures, son avocat, son chargé d’affaires, son psy,
un jeune loup de son parti politique et leurs épouses vont tout faire pour
éviter un énorme scandale et empêcher que les sales rumeurs qui couraient déjà
sur le couple ne prennent des proportions catastrophiques.
Mon avis : Je suis très partagé. D’abord parce que je n’ai pas
vu la pièce à laquelle je m’attendais (problème de fond). Ensuite parce que son
traitement m’a parfois indisposé (problème de forme).
Commençons par la forme. A
vouloir faire trop survolté, on risque de tomber dans l’hystérie. Attitudes
outrées, réactions exagérées, situations grotesques, trop de cris, voire de
hurlements (ceux de Cookie m’ont véritablement agressé les trompes d’Eustache)…
Pourtant, j’aime ce genre de pièces où plus rien n’est under control, où tout
échappe aux protagonistes. Le problème, ici, c’est la gestion de l’excès. Les
metteurs en scène ont misé sur la surenchère. Un vent de folie, c’est bien, à
condition de savoir le maîtriser et le maintenir dans un cadre rigoureux. Il
faut qu’il y ait toujours un zeste de crédibilité pour que le spectateur garde
ses repères. Plus les ficelles sont grosses, moins il faut forcer le trait.
Bien sûr, ces propos n’expriment
que ma propre perception. Nombreux étaient les gens qui riaient autour de moi.
Et je reconnais m’être amusé et avoir ri à plusieurs reprises. Surtout grâce à
de bonne répliques et à quelques saillies cinglantes. Par rapport au jeu
intrinsèque, les dialogues tiennent plutôt bien la route. Et puis, il y a aussi
quelques prestations qui méritent le respect. Avec ses intonations et sa
gestuelle si caractéristiques, Marie Montoya est toujours aussi épatante.
Chris, son personnage, est complètement soumis à son hyper-émotivité. Elle le
tient de bout en bout avec une parfaite stabilité… Alain Bouzigues (Ken), même
s’il est amené hélas à en faire des kilos, tire lui aussi son épingle du jeu
grâce à quelques scènes vraiment désopilantes… Eric Delcourt (Lenny) joue
remarquablement au type infect, odieux, égocentrique et pédant. Il possède une maîtrise
aigüe de l’effet comique. Et son monologue en fin de pièce est un formidable
numéro de voltige… J’ai bien aimé également la composition de Samantha Benoit
(Claire), assez sobre, très féminine, cédant parfois à de brefs moments de
Panique… Et puis Christophe
Canard, dans le rôle d’Eddy, le psy infatué et libidineux, apporte son grain de
fantaisie et de drôlerie.
Si tous les comédiens sans
exception se montrent d’une générosité incontestable, ils sont hélas desservis
par un scénario quelque peu fumeux et manquant de rigueur. Je n’ai pas vu la
pièce adaptée par Jean Poiret et mise en scène par Pierre Mondy en 1988, je n’ai
donc pas d’éléments de comparaison. Ce qui aurait pu s’apparenter à de l’Agatha
Christie revisité par Tex Avery ne rend pas vraiment l’atmosphère qui devrait
se dégager d’un penthouse accueillant quatre couples de la high society
new-yorkaise. On ne comprend pas vraiment pourquoi ces gens sont autant en
panique. Ça ne nous est pas clairement expliqué. Et puis j’aurais goûté à
beaucoup plus de cynisme. Ils sont trop gentillets nos personnages. Eric
Delcourt est le seul à apporter cette note d’arrogance et d’amoralité qui sied
aux nantis.
En conclusion, en baissant un
tantinet le survoltage, en atténuant les décibels et en recadrant un peu le
jeu, Rumeurs est une pièce qui se
laisse voir sans déplaisir. En cela, Grâces soient rendues aux dix comédiens
qui se dépensent sans compter et dont il faut saluer l’implication sans faille.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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