Polydor / Universal Music
Sincèrement, il y a belle lurette
que, personnellement, je n’avais pas oui un album aussi intégralement abouti.
Les Folies
douces d’Emji m’ont emballé, séduit, transporté, conquis. C’est un
album qui possède un réel univers, une identité affirmée, une cohérence et une
homogénéité rares.
Je sais, je suis dans les
superlatifs, mais cet opus les mérite amplement. Peut-être certaines personnes
passeront-elles à côté de cette œuvre magistrale, mais il suffit que l’on
s’attarde un peu dessus pour tomber sous son charme envoûtant. Folies
douces est un album dont on écoute les mélodies, dont on savoure les
arrangements, dont on succombe au climat et dont il faut lire les textes. Quant
à la voix d’Emji, elle est tout simplement étonnante. Avec une maîtrise
parfaite de son organe, elle traduit remarquablement les ambiances et les
intentions des paroles. C’est fin, intelligent et totalement personnel. Il faut
également donner une mention spéciale aux deux réalisateurs, Mathias Malzieu
(de Dionysos) et Olivier Daviaud. Quel raffinement, quelle esthétique !
Personnellement, j’ai dégusté là
un cocktail, que dis-je, un élixir dans lequel j’ai reconnu certaines saveurs :
un quart de Mylène Farmer, un quart de Queen, un quart des Sparks et un dernier
quart qui relève le tout… Emji, bien sûr.
Dans cette pure merveille, chacun
des titres vous comble d’aise les trompes d’Eustache. Même s’il y en a au moins
quatre qui sont encore plus éblouissantes (dans l’ordre d’apparition : Dame Love, Lost, Dur dur et La Belle au Bois de l’Eveil) chaque
chanson est un petit bijou. Un petit mot sur chacune d’entre elles :
1/ Dame Love. Carrément
symphonique. Cordes somptueuses prédominantes. Ambiance 18ème siècle
(ça m’a fait penser à Barry Lyndon).
Aérien et scandé.
2/ Pas à pas. Surprenant et
provocant. Frôle le lyrique. Léger, refrain primesautier. Climat « mozartien »…
Tout cela au service d’une fine analyse d’un amour qui meurt.
3/ Lost. Superbe refrain en
anglais. Texte quasi ésotérique. Ecriture soignée avec recherche de mots qui
sonnent. Chœurs judicieux. Montée en symphonie façon Queen. Une splendeur !
4/ L’oiseau vert. Plus
tonique, sautillante. « Folie douce » autant dans le texte que dans l’atmosphère
musicale. Joli jeu avec les chœurs.
5/ Dur dur. Chanson sur l’étouffement
sentimental. Un sujet rarement évoqué, surtout par une jeune femme. Chant de
libération, dynamique et positif. Mts volontairement « durs, durs »
pour celui à qui ils sont adressés. C’est bien envoyé. Là aussi utilisation
efficace des chœurs… Un tube !
7/ Embrasse-moi. Un bien
beau piano accompagne cette autopsie du désir. Refrain en forme de supplique langoureuse.
Exigence dans les couplets. Jolies métaphores autour de l’appétit et des
plaisirs de la table. Finalement, ce n’est qu’une question de bouche… Fin (faim ?)
littéralement orgasmique.
8/ Désaccordée. Lyrique et
aérien. Seul titre, à mon goût, où l’on écoute plus les sonorités des mots que
leur sens.
9/ Picasso. Idée magistrale
de l’auteure, Elodie Frégé, que cette métaphore entre un état d’âme amoureux d’une
fille paumée et un tableau déstructuré de Picasso. Remarquablement écrit.
11/ C’est si doux. Ecriture
très féminine pour décrire l’état de dépendance à l’autre. Relation violente.
Montée en puissance. Sentiments autopsiés au scalpel. Soumission et révolte à
la fois. Surprenant !
12/ Jules. Quelque part, c’est
un peu la suite de Embrasse-moi. Joli
jeux avec les mots, beau travail sur les sons, début malin des phrases avec la
syllabe « con ». Habile et étonnant. Confirmation de la très belle
plume d’Elodie Frégé.
13/ Féline en été. De la
poésie pure. Musique éthérée. Echos. On est comme dans un film illustrant le
combat entre deux fauves à la conquête d’un mâle. Quelle ambiance !
14/ La belle au bois de l’éveil.
D’un romantisme total. Histoire un peu moins idyllique que le conte qui l’a
inspirée. Plus réaliste. Princesse désabusée. Voix à la fois puissante et
cristalline. Magnifique !
Nul besoin de critiquer le disque
2 (bonus). Il ne sert qu’à confirmer le talent extravagant d’Emji.
Au risque de me répéter et de
passer pour un enthousiaste béat, je tiens Folies douces pour un des albums les
plus originaux et les plus réussis de ces dernières années. Il y a tout dedans :
mystère, onirisme, réalisme cru, mélancolie, épicurisme… mais surtout un
raffinement absolu dans un univers qui n’appartient qu’à elle.
Total respect !
D’ailleurs, je vais vous laisser
là car j’ai envie de me replonger immédiatement dans les délices acoustiques de
ces Folies
douces…
Gilbert « Critikator »
Jouin
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