Gymnase Marie-Bell
38, boulevard de Bonne Nouvelle
75010 Paris
Tel : 01 42 46 79 79
Métro : Bonne Nouvelle
Seul en scène écrit et interprété
par Sami Ameziane
Présentation : Après avoir présenté pendant huit ans son premier
spectacle à Paris et dans toute la France, Le Comte de Bouderbala revient avec
son second spectacle.
Mon avis : Sami Ameziane ouvre (enfin) le très attendu tome 2
de son picaresque Livre de Comte (définition de « picaresque » :
œuvre dont le héros traverse toute une série d’aventures qui sont pour lui
l’occasion de contester l’ordre social)…
Ce deuxième opus est, dans la
lignée du précédent, un volet de bois vert. Fidèle à lui-même, notre Comte se
complaît à poser son regard malicieux sur toutes ces petites choses qui
dysfonctionnent dans notre monde. Il faut dire qu’il ne manque pas de matière.
Depuis son premier spectacle, il s’est en effet écoulé presque neuf ans. Même
s’il a conservé quelques thèmes qui lui sont constants (étude de textes de
rappeurs, les Etats-Unis, les Roms…), ces dernières années ont été tellement
riches en événements en tous genres, qu’il a eu de la matière où puiser ses indignations,
ses taquineries, ses brocards.
Arpentant la scène du Gymnase de
long en large, ne s’arrêtant que pour nous prendre à témoin ou pour jeter son
dévolu sur un spectateur, il se livre à un exercice où il excelle, le stand-up
à l’américaine. C'est-à-dire qu’il ne nous laisse aucun répit, qu’il enchaîne
les sujets sans aucun temps mort (on n’est pas dans un match de basket !).
Sami Ameziane est un fin observateur de notre société. Il en possède une vision
très personnelle qu’il traduit sur scène avec un mélange détonnant de sarcasme
et de sagacité.
Né à Saint-Denis de parents
algériens, il sait évidemment qu’on attend de lui sa position sur le djihadisme
et les attentats. Du coup, il est pratiquement obligé de commencer son
spectacle avec ça. S’appuyant énormément sur l’autodérision il explique, à
grand renfort d’images savoureuses, ce que c’est que d’être Musulman en France
aujourd’hui. Sa façon très décalée d’aborder la tragédie des terrasses et,
surtout, leur épilogue avec l’opération policière à Saint-Denis du 18 novembre,
est très habile. Et très drôle. Son évocation du comportement du
« héros » de cette fameuse nuit, l’affligeant Jawad Bendaoud, est à
hurler de rire.
Cette page tournée, il revient à
des choses plus légères… S’appuyant sur des extraits audio, il fustige les
lacunes grammaticales des rappeurs ; là où le Booba blesse ! Puis il
élargit le débat avec la chanson française en général… Ensuite, il parle
pêle-mêle des élections américaines, de la famille, du célibat, des sites de
rencontre, de l’homosexualité avec son corollaire le mariage gay, les
cyclistes, la crise, les braquages, les réfugiés, la police… Sami ratisse
large. Visiblement, tout l’intéresse. S’il a souvent la dent dure, jamais il ne
se montre gratuitement méchant ni agressif. Il a plus l’humour sale gosse que
bon enfant. En même temps, il se dégage de ses propos beaucoup de vérités, d’évidences.
Il ne parle pas pour ne rien dire. Il critique, il dénonce, mais toujours sur
le ton de la vanne, ce qui le rend foncièrement sympathique.
Ses spectacles s’apparentent aux
formidables « Rubriques à brac » du divin Gotlib car il sait être
dans la caricature joviale tout en dénonçant travers, défauts et turpitudes. Il
provoque ainsi un rire à la fois complice et libérateur. Comme quoi, les bons
comtes font les bons Sami. Et réciproquement…
Gilbert « Critikator »
Jouin
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