Un film de Jalil Lespert
Scénario et adaptation de Jalil
Lespert et Jérémie Guez
Avec Romain Duris (Max Lopez), Charlotte
Le Bon (Claudia), Jalil Lespert
(Antoine Doriot), Camille Cottin
(Nathalie Vasseur), Adel Bencherif
(Malek Ziani), Sophie Verbeeck (Nina
Lopez)...
Sortie le 16 novembre 2016
L’histoire : Iris, la femme d’Antoine Doriot, un riche
banquier, disparaît en plein Paris. Max, un jeune mécanicien endetté, pourrait
bien être lié à son enlèvement. Mais les enquêteurs sont encore loin d’imaginer
la vérité sur l’affaire qui se déroule sous leurs yeux…
Mon avis : Après Yves
Saint Laurent, Jalil Lespert reste dans le domaine de la haute couture
mais, cette fois, dans le registre du thriller. Non seulement le scénario d’Iris, c’est du cousu main, mais il nous
livre une marchandise de luxe au niveau de la photo, de la lumière et des
décors, tous incroyablement léchés.
Iris, c’est surtout et avant tout une histoire. Une histoire qui
nous prend aux tripes dès le début et qui ne nous lâche plus pendant 1 h 40.
Climat angoissant, musique oppressante (elle contribue vraiment à rendre les
sensations encore plus stressantes) et distribution impeccable… Le scénario,
machiavélique à souhait, joue délicieusement avec nos nerfs. Lespert utilise
très habilement le procédé du flashback pour nous permettre de revenir dans le
bon chemin… avant de nous embarquer sur une nouvelle (fausse ?) piste. En
clair, il nous balade tout le temps. Et c’est franchement très éprouvant.
C’est Hitchcock qui aurait
réalisé un film sur un scénario bien tordu de Harlan Coben.
Ce film est d’une esthétique
remarquable. La beauté des images va jusqu’à rendre le glauque sublime, à le
magnifier. Il est vrai que l’on évolue dans un univers friqué dans lequel
Antoine Doriot (Jalil Lespert), grand patron, est comme un poison dans l’eau. A
travers lui, nous avons l’expression du pouvoir sulfureux de l’argent et du
sexe, de l’argent sur le sexe…
Les acteurs sont véritablement
épatants. Jalil Lespert campe un homme riche et puissant, habitué à ce qu’on
lui obéisse. Apparemment, rien ni personne ne peut lui résister. C’est un
animal à sang froid, un prédateur pragmatique et méprisant, un joueur d’échecs
qui a toujours un coup d’avance sur ses éventuels adversaires. Malheur à qui
veut l’affronter… Max Lopez (Romain Duris), est tout son contraire. C’est un
besogneux, un revanchard à qui la vie n’a pas fait de cadeaux. Jouet d’une
aventure qui le dépasse, il est d’abord comme un insecte pris dans une toile
dont il ne soupçonne pas la dangerosité. Mais quand un homme comme lui, qui n’a
pas grand-chose à perdre, se retrouve le dos au mur, il peut trouver des
ressources inattendues…
Quant à Charlotte Le Bon, avec le personnage de
Claudia, elle a hérité d’un rôle aussi complexe que magnifique. Elle a, bien
involontairement, l’art de semer le doute. Qui est-elle vraiment ?
Manipulatrice ou victime ? Elle nous offre là une superbe composition.
Fragile et forte, intense, la densité de son jeu lui fait franchir un palier. Elle
n’est plus seulement une belle fille, elle devient sous la direction de Jalil
Lespert un comédienne avec laquelle il va désormais falloir compter.
Il faut également mettre en
exergue la prestation subtile de Camille Cottin en policière accrocheuse, un
peu désabusée et fataliste, mais terriblement pugnace.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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