Théâtre des Bouffes
Parisiens
4, rue Monsigny
75002 Paris
Tel : 01 42 96 92 42
Métro : Pyramides / Quatre
septembre / Opéra
Seul en scène écrit et interprété
par Michel Drucker
Note d’intention : « J’avais cette envie depuis longtemps :
d’être seul avec vous l’espace d’une soirée, pour évoquer mes souvenirs
accumulés au cours d’une carrière dont la longévité n’en finit pas de m’étonner.
Rendez-vous compte, cinquante ans ! Cinquante ans de complicité avec trois
générations de stars, chanteurs, acteurs, sportifs, hommes politiques, vedettes
de télévision… Mais surtout cinquante ans de complicité… avec vous !
Ce soir, je vais vous raconter
les coulisses, l’envers du décor. J’espère vous étonner, vous émouvoir, mais
aussi vous faire rire. Je suis très impatient d’être devant vous » (Michel
Drucker)
Mon avis : J’avais découvert le seul en scène de Michel
Drucker le 27 février à Lyon. Neuf mois plus tard, je suis retourné le voir aux
Bouffes Parisiens où il a pris ses quartiers d’hiver. Force m’est de
reconnaître que j’y ai pris encore plus de plaisir. Je savais certes à quoi m’attendre
mais, une fois de plus j’ai été bluffé, emballé et séduit par sa prestation.
Déjà, son spectacle dure une
demi-heure de plus. Il atteint désormais les deux heures. Et on ne s’ennuie pas
une seconde. Au contraire, on ne voudrait pas que ça s’arrête tant on imagine
le nombre de confidences et d’anecdotes qu’il a dû garder en réserve. Comme on
dit en cyclisme, il en a encore sous le pied. Nous ne sommes qu’à la première
étape de ce qui devrait être un tour au long cours. Fort de sa tournée de 26
dates en province, Michel Drucker a gagné en aisance et en assurance. Il a pris
du métier. Pas dans le sens mécanique, mais dans ce sens où, s’étant aguerri au
fur et à mesure des représentations, il peut désormais être totalement
lui-même.
Dans sa note de présentation,
Michel Drucker cite trois verbes qui sont autant de leitmotive pour lui : « étonner,
émouvoir, faire rire »… Mission largement accomplie. Même si c’est le rire
qui prédomine largement. Son atout majeur, c’est l’autodérision. Il a pris
tellement de recul ! Il n’a visiblement que faire des paillettes. Il est
aux antipodes de la mégalomanie.
S’il a acquis la célébrité, c’est
à force de travail, d’abnégation et de doutes. A la télévision, il est devenu
le bon élève qu’il n’avait pas été dans sa jeunesse. Il a énormément bossé et,
petit à petit, il est devenu l’égal de ses maîtres, puis il les a dépassés,
devenant, un peu contre son gré, une institution. Michel Drucker, c’est l’histoire
vivante de la télévision française. Sa carrière est unique, incomparable.
C’est tout cela qu’il nous narre
durant deux heures. Il est un conteur-né. Ça ne s’apprend pas, c’est en lui, c’est
inné. Après plus de cinquante ans de bons et loyaux services, il a décidé de
lâcher enfin la bride, d’ouvrir en grand l’album de ses/nos souvenirs et de
nous révéler ce qu’il a vécu en coulisses. Projections à l’appui dans un décor
mitonné par sa fille Stéphanie Jarre, il balaie un demi-siècle de divertissements
sur le petit écran. Il a rencontré tout le monde. La différence avec nous, c’est
qu’il a connu les vedettes de la télévision, du showbiz, du sport et de la
politique, dans leur intimité. Avec son regard amusé, tendre et lucide, il nous les
fait découvrir autrement. Son chapitre sur Léon Zitrone est à mourir de rire.
Jamais méchant, toujours respectueux, foncièrement bienveillant, il évoque les travers ou les manies de
certains avec une tendre malice.
Pour avoir souvent fréquenté ses
plateaux pendant plus de trente ans, j’ai remarqué que Michel Drucker apportait
autant d’intérêt aux anonymes, aux modestes, qu’aux grands de ce monde. Il ne
compose pas un personnage, il est en permanence à l’écoute des autres. Le
public ne s’y trompe pas qui a établi avec lui une forme de compagnonnage, de
camaraderie toute simple.
Son spectacle est à son image :
chaleureux et drôle. Il ne craint pas non plus de montrer ses émotions. Il a
perdu tant de gens qui lui étaient chers et nécessaires. Il leur rend hommage,
sans pathos aucun, tout simplement parce qu’ils méritent que, de temps en
temps, on se souvienne d’eux. Et puis, dans son spectacle actuel, il n’hésite
pas de s’offrir quelques commentaires sur l’actualité (en mimétisme sans doute
avec Guy Bedos). Il ne faudrait pas le pousser beaucoup pour qu’il nous fasse
sa revue de presse. Alors, par ci par là, il évoque les élections américaines,
les Primaires de la droite… Il a de la matière, il en connaît tous les
protagonistes !
Ce spectacle aurait pu s’appeler
aussi « Drucker en liberté ». Il ne s’interdit rien. Même si l’on se
doute qu’il garde pour lui tant de choses que déontologiquement et surtout,
humainement, il n’a pas le droit de confier. Mais, quand même, il se lâche
beaucoup, il balance un peu, n’hésitant pas à livrer quelques confidences savoureuses
ou croustillantes. Il nous offre vraiment un spectacle total, un concentré sur
cinquante ans de sa vie et de la notre intimement entremêlées. S’il y a parfois
de la nostalgie, elle est carrément souriante. Si bien qu’on sort des Bouffes
Parisiens le cœur heureux car plein de tant de beaux souvenirs. Il suffit d’écouter
les commentaires enthousiasmés et ravis de ceux qui, pendant deux heures, ont
quitté leur statut de téléspectateurs pour celui, plus proche et plus
gratifiant, de spectateurs.
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