Théâtre La Boussole
29, rue de Dunkerque
75010 Paris
Tel : 01 85 08 09 50
Métro : Gare du Nord
Une comédie de Jean-Paul Bathany
Mise en scène par Bernard Malaka
Décor de Sophie Jacob
Lumières de Marie-Hélène Pinon
Musique originale de Michel
Winogradoff
Avec Marie Arnaudy (Véronique) et Marie
Perrin (Térébenthine)
L’histoire : Une femme que vous ne connaissez pas sonne chez
vous un soir pour vous annoncer que vous allez la supprimer… Oui, vous avez
bien lu. Cette inconnue ne dit pas qu’elle VA vous supprimer, mais que VOUS
allez la supprimer. Les statistiques sont formelles : cent pour cent des
sondés mettraient cette inconnue à la porte parce qu’on ne discute pas avec une
folle. Oui, mais voilà… La folle n’est peut-être pas si dingue que ça…
Mon avis : Lorsqu’on repère le nom de l’auteur, Jean-Paul
Bathany, sur l’affiche, cela ne peut laisser indifférent si l’on a aimé la
grande époque des Guignols et la
série H sur Canal+ ou Caméra Café sur M6 pour lesquels il a
prêté sa plume incisive. Si l’on sait en outre qu’il a participé à l’écriture
de scénarii de films destinés entre autres à Kad Merad, Pierre Richard,
Florence Foresti, Omar Sy, Pef, Franck Dubosc, Ary Abittan… on ne peut qu’avoir
envie de découvrir une de ses pièces.
De fait, lorsque le rideau se
baisse sur la représentation au théâtre de La Boussole de Le crime était parfait…
ou presque, les deux éléments forts qui s’imposent immédiatement sont la
qualité de l’écriture et le jeu des deux comédiennes. Les dialogues sont
remarquablement ciselés. Ils sont vifs, mordants, drôles, intelligents.
Jean-Paul Bathany a placé dans la bouche des deux actrices des réparties acides
et des formules savoureuses d’un niveau particulièrement élevé.Justement, parlons-en de
Térébenthine et Véronique, les deux héroïnes de ce thriller
comico-psychologique. Le choix de Marie Perrin pour la première et de Marie
Arnaudy pour la seconde est fort judicieux. En effet, c’est sur leur
antagonisme et leurs différences de personnalité que tout repose… Térébenthine
est une femme au caractère fort. Elle est cultivée, automatiquement cynique, autoritaire,
rouée ; elle a la dent dure. Pourtant, au fur et à mesure que la pièce
avance, on s’aperçoit qu’elle cache une faille, une blessure qui vont finir par
éroder sa belle assurance… Véronique, c’est tout le contraire. Elle est naïve,
crédule, spontanée, un peu primaire et foncièrement bonne…
Tous les tandems qui fonctionnent dans les comédies théâtrales ou cinématographiques sont construits autour de cette opposition dans les personnalités et les tempéraments. Plus leurs différences sont affirmées, plus leur complémentarité est efficace. Et plus, nous, spectateurs, nous en profitons… Grâce donc aux deux prestations, fines, justes, généreuses et jubilatoires des deux Marie, servies ainsi que je l’ai dit auparavant par des dialogues réellement percutants, on ne s’ennuie pas une seconde. La construction de la pièce est telle qu’on ne sait jamais comment le scénario va évoluer. On navigue et à vue et au son. De curieux on devient captivé. Eu égard à l’appétence pour l’amoralité qui anime l’auteur, on se demande comment tout cela va-t-il se terminer…
Reste l’histoire. Là aussi ce sont deux attitudes qui s’opposent. Le cartésianisme versus le spiritisme. Autant Térébenthine est pragmatique, autant Véronique est sensible aux forces ésotériques. En résumé, faut-il croire aux rêves, à la voyance et aux mondes parallèles ? Tout dépend finalement comment vous êtes vous-même. Personnellement, je penchais du côté de Térébenthine. Si bien que, parfois, je trouvais certaines situations invoquées par Véronique peu crédibles, un peu fumeuses. Mais c’est un postulat que, progressivement, on en vient à accepter. C’est le jeu, complètement sincère, de Véronique qui nous y amène. Ainsi, dès qu’on a basculé dans cet état d’esprit, la pièce n’est plus que plaisir.
Le crime était presque « parfait »,
la pièce l’est quasiment aussi…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire