Théâtre Fontaine
10, rue Pierre Fontaine
75009 Paris
Tel : 01 48 74 74 40
Métro : Blanche / Saint-Georges / Pigalle
Une comédie de Patrick Haudecoeur
et Gérald Sybleiras
Mise en scène par Patrick
Haudecoeur
Décors de Jean-Michel Adam
Costumes de Juliette Chanaud
Lumières de Marie-Hélène Pinon
Bande-son et bruitages de
François Peyrony
Avec Isabelle Spade, Philippe Uchan, Patrick Haudecoeur, Nassima Benichou,
Jean-Pierre Malignon, Stéphane Roux, Véronique Barrault, Adina Cartianu, Gino
Lazzerini
Musiciens : Patricia Grégoire, Jean-Louis Diamant, Jean-Yves
Dubanton
L’histoire : Une équipe de cinéma a investi un théâtre pour le
tournage d’un film. Aujourd’hui, on tourne la séquence du mari trompé qui
interrompt une représentation pour tuer l’amant de sa femme. Au cours du
tournage, on va découvrir que le producteur est véreux, que le réalisateur,
amoureux de la jeune actrice et dévoré par la jalousie, s’est promis de
démasquer son rival pour lui faire la peau. L’éternel second rôle, quant à lui,
est prêt à toutes les crapuleries pour faire décoller sa carrière et l’assistant-réalisateur
doit ménager les uns et les autres d’autant qu’il rêve de réaliser son premier
film avec la jeune actrice dans le rôle principal…
Mon avis : Succès garanti ! Une fois encore la mécanique théâtrale
parfaitement huilée de ce bidouilleur fou qu’est Patrick Haudecoeur fonctionne
à merveille.
Quand on connaît ses précédentes
créations, et plus particulièrement Thé à
la menthe ou t’es citron ?, on sait à peu près parfaitement à quoi s’attendre.
Et malgré tout, tout en restant dans le même registre, il réussit encore à nous
surprendre et à nous faire hurler de rire. Les ressorts sont simples :
sous le prétexte de nous faire assister à l’enregistrement d’une scène de
tournage, il réunit une bande de comédiens tous plus déjantés les un(e)s que
les autres et il les lâche dans un scénario où rien de ce qui devrait logiquement
arriver ne se passe.
Chacun de ses personnages est
spécial. Chacun a quasiment une double personnalité car il doit essayer de
composer à la fois avec la tâche professionnelle qu’il doit accomplir et les
aléas de sa vie personnelle. Tous deux étant en permanence totalement
imbriqués. En ce sens, alors qu’ils nous paraissent complètement loufoques, ces
personnages possèdent un profil psychologique très finement dessiné. Ils sont
tout le temps dans le double « Je » et dans le double jeu.
Cette réunion de bras cassés, tour
à tour exaltés, déprimés, agressifs, sournois, menteurs, mytho, jaloux,
arrivistes, et j’en passe, est on ne peut plus réjouissante. Tous les comédiens
sont excellents car ils ont laissé dans leur loge tout amour-propre. Ils se
foutent royalement de leur quant-à-soi. Ils jouent de leur médiocrité avec un
tel naturel qu’ils ne sont jamais ridicules. Ils sont tellement vrais qu’ils en
deviennent touchants et que l’on ressent pour eux plus d’attachement que de
moquerie.
Le casting de ce tournage lamentable
est parfait. Autour ce génial hurluberlu qu’est Patrick Haudecoeur, il se
dégage un réel esprit de troupe. Ça a l’air de partir dans tous les sens, or c’est
formidablement maîtrisé. Les gags sont millimétrés. Ils nous surprennent sans
cesse. La salle hoquète littéralement de rire. Comique de répétition, cascades,
effets spéciaux, objets incontrôlables, bagarres, numéro de claquettes, poème
improbable, répliques incisives… Pris au cœur d’un véritable cartoon interprété
en live, nous sommes en décalage et en jubilation permanents.
Difficile de mettre un comédien
en exergue tant chaque personnage est essentiel à la dramaturgie. Ils sont
vraiment tous épatants. Petites mentions spéciales néanmoins à Patrick
Haudecoeur, à la fois maître de cérémonie et premier assistant empêtré avec ses
ambitions d’auteur et ses sentiments ; à Stéphane Roux, impayable en
rayonnant invisible ; à Véronique Barrault, tornade autoritaire et seul
élément solide de l’équipe de tournage ; à Philippe Uchan absolument irrésistible
dans le rôle du producteur odieux, veule et totalement égocentré…
Lorsqu’on voit l’ambiance qui
règne dans la salle, lorsqu’on assiste à la folle interaction existant entre la
scène et le public, on ne peut que prédire à Silence, on tourne ! le même succès qu’à Thé à la menthe ou t’es citron ?...
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