La Cigale
120, boulevard de Rochechouart
73018 Paris
Tel : 01 49 25 89 99
Métro : Pigalle / Anvers
Seul en scène écrit et interprété
par Ary Abittan
Présentation : My Story,
c’est l’histoire d’un enfant traumatisé ! Traumatisé par un père marocain,
chauffeur de taxi, qui lui a transmis cette manie de parler fort. Marqué
également par sa mère, Tunisienne, qui lui prenait sa température comme un
toréro qui plante une banderille dans le dos du taureau, une maman qui le
coiffait et l’habillait sans délicatesse aucune.
Mais la cerise sur le gâteau,
c’est que la mère Abittan obligeait le petit Ary à chanter dès l’âge de 7 ans
devant toute la famille, debout sur la table, en slip rouge. Madame Abittan
aurait pu écrire un livre intitulé « Comment traumatiser mon fils en dix
leçons », avec entre autres chapitres « perdre mon fils dans un grand
magasin ». Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Ary soigne bien sa mère
dans son spectacle…
Mon avis : Avec My Story,
Ary Abittan nous propose un spectacle très différent du précédent, A la folie. Laissant totalement de côté
sa galerie de personnages et ses sketchs, il nous offre un stand-up très autobiographique.
Si, personnellement, je le trouve irrésistible de drôlerie dans le premier
registre, j’ai compris les raisons qui l’ont amené à écrire ce nouveau seul en
scène. C’était pour lui un passage obligé, plus risqué certes, mais nécessaire.
En effet, justifiant le titre de ce spectacle, Ary se livre devant nous à une véritable
introspection. On comprend rapidement son besoin de mettre son âme à nu. En
nous racontant son enfance, en mettant ses parents en scène, en dévoilant sa
vie privée, son mariage, son divorce, sa sœur, ses trois filles, il voulait
partager avec nous son intimité. C’est courageux, osé, inattendu, mais psychologiquement
primordial. My Story est le sas de
décompression qui va lui permettre d’atteindre un nouveau palier et le libérer
pour ses prochains spectacles. Il fallait qu’il se débarrasse de tout cela et nous
le confie pour pouvoir enfin s’affranchir.
Mais rassurez-vous. Ary Abittan
reste Ary Abittan. C’est un conteur, un bateleur hors pair (pas hors père). Il
a l’art de tourner en dérision ses problèmes les plus intimes… Silhouette
affutée, très élégant, sourire ravageur, voix de stentor, il est visiblement
heureux d’être de nouveau face au public. Il occupe la scène pendant une heure
et demie avec une débauche d’énergie époustouflante. Incroyable comme il bouge !
On dirait que ses jambes ne lui appartiennent pas, qu’elles sont
incontrôlables, indépendantes de son corps.
N’hésitant pas à afficher sa
fragilité et à assumer son désarroi face à sa filiation, à ses relations
homme-femme, à ses rencontres amoureuses, à l’infidélité, il choisit de s’en
amuser et, en nous prenant à témoin, de nous faire rire avec. Ary, qui possède
déjà un incroyable capital sympathie, le renforce encore. Nous sommes en
empathie avec lui. Ses doutes, ses questionnements, nous les partageons.
Mené tambour battant, son
spectacle est un modèle de communication et d’interaction. Il joue avec la
salle. Et le public, victime consentante, se fait complice. Champion de la
rupture, il ne cesse de nous surprendre. En plein milieu d’un délire tonitruant,
il s’arrête, prend une voix grave et se livre à une réflexion chargée de sens
dont il tempère l’émotion en lui collant l’étiquette France Culture… Ou alors,
soudain, il pousse une beuglante, interprète une chanson, se livre à un
exercice de gymnastique… Il s’autorise deux petits clins d’œil à son précédent
spectacle en convoquant brièvement l’ineffable Michel Varuk ou en jouant un
extrait d’un de ses meilleurs sketchs, T’es
ou ?... De même se sent-il un peu obligé de consacrer une petite
parenthèse de reconnaissance en rappelant tout ce qu’il doit sur le plan de la
popularité au succès du film Qu’est-ce qu’on
a fait au Bon Dieu ?
My Story est un spectacle que l’on n’attendait pas ; du moins
sous cette forme. Il confirme néanmoins la virtuosité, la sympathie et la
générosité de l’humoriste. Il nous dévoile également une sensibilité que l’on n’imaginait
pas lorsqu’on le voit faire le pitre sur les plateaux de télé. Ce one-man show
est bien plus subtil qu’il n’y paraît. On rit tout le temps et, en même temps,
il y a un double niveau de lecture qui donne à réfléchir un tantinet. Finalement,
ce n’est pas si facile que ça d’être Ary Abittan…
Gilbert « Critikator »
Jouin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire