Cabaret Sauvage
Parc
de la Villette
211,
avenue Jean Jaurès
75019
Paris
Tel :
01 42 09 03 09
Métro :
Porte de Pantin / Porte de la Villette
Jusqu’au
9 mars 2018
Coordination
artistique : Régis Truchy
Musiques
de Chinese Man
Lumières
d’Elsa Revol
Scénographie
de Claire Jouë Pastré
Costumes
de Nadia Léon
Avec
Andrea Catozzi, Clara Huet, Ann-Katrin
Jornot, Guillaume Juncar, Xavier Lavabre, Vincent Maggioni
Présentation :
Quand le cirque fait son cinéma, cela s’appelle « Speakeasy ». Ciomme
dans les films noirs ou muets, de l’action il y en a, de l’ambiance aussi. Avec
du jeun un sens particulier du détournement, des situations acrobates et
cocasses qui ne laissent aucun répit au public. Un spectacle haletant aux
rebondissements assurés. Ici, le cirque s’invite dans la fiction et fait ses
tours dans un espace en huis-clos…
Mon avis :
E-POUS-TOU-FLANT !
D’abord,
il faut expliquer aux plus ou moins jeunes ce qu’était un « Speakeasy » :
c’était le nom donné aux bars clandestins aux Etats-Unis dans les années 1930
au temps de la prohibition durant laquelle la vente d’alcool était interdite… L’histoire
de ce spectacle se déroule donc dans ce type d’établissement. Nous sommes à la
fois en plein théâtre classique avec le respect des « trois unités »,
temps, lieu, action, et dans une attraction dont le traitement est bien loin de
l’être, classique.
Présentons
les six protagonistes de ce drame qui va se jouer devant nous : un parrain
de la mafia, sa « régulière », son garde du corps, une pin-up et un
petit truand vont s’affronter sous les yeux d’un barman maladroit et survolté.
Tous les clichés des films noirs des années 30 sont donc réunis. La musique est
swing, l’alcool, bien qu’interdit, coule à flot, ça fume, les colts peuvent
jaillir au moindre prétexte, les femmes sont sensuelles. Bref, il y a tous les
ingrédients pour que cette soirée soit explosive.
Le
ton est donné dès le début. Le barman, sorte de Valentin le Désossé, se livre à
des pirouettes et à des sauts périlleux défiant les lois de la pesanteur. Et la
jeune femme (la favorite du gangster), sorte de Betty Boop frisottée, n’est pas
en reste. Elle accomplit des prouesses physiques que je ne pensais pas qu’un
corps soit capable de réaliser. Or, notre ébahissement n’a pas fini d’être
provoqué. Les quatre autres acteurs vont eux aussi apporter leur grain de
folie. Le mafioso et sa gonzesse se lancent dans un incroyable corps-à-corps,
aussi fluide qu’athlétique. Elle est comme un pantin désarticulé dans ses bras.
Tout est chorégraphié au millimètre.
Le
jeune voyou se met à évoluer le long d’un mât chinois avec des acrobaties faisant
oublier qu’il existe une loi de la gravité. Il grimpe, glisse, se met en
drapeau avec la même aisance que je mets pour marcher dans mon salon. Ça semble
tellement facile qu’on en oublierait presque les heures de travail que cela
représente en amont. Et ce compliment vaut pour ses cinq camarades. De son côté
la pin-up, superbe femme fatale de saloon, se révèle être une championne du
cerceau aérien sous le regard énamouré du barman. Quant à l’homme de main, sa spécialité
est la roue cyr. Agrippé à son cercle, il se fait malmener par son patron et
par le jeune malfrat. C’est très spectaculaire.
Toutes
ces prouesses étonnantes sont mises au service d’une réelle intrigue.
Evidemment, la pin-up va taper dans l’œil du gangster, ne pas déplaire au petit
voyou et, partant, susciter la jalousie hostile de la maîtresse légitime. La
guerre est déclarée. Tous les coups, surtout les bas, son permis. Ça part dans
tous les sens, on ne sait plus où donner de la tête. Le rythme est effréné. Les
prouesses athlétiques sont d’un niveau insensé. Et puis il y a l’humour ;
il est omniprésent. Les gags (surtout ceux qui se déroulent autour du bar) et
les cascades sont dignes des meilleurs films burlesques de Mack Sennett. On ne
s’ennuie pas une seconde ; les yeux et la bouche grand ouverts, on reste
estomaqué devant tant de performance(s).
On assiste à des numéros de cirque racontant
une histoire. C’est du jamais vu. Aucun mot, ou presque, n’est prononcé. Tout
est mimé, joué, interprété. En fait, c’est la bande-son – vraiment excellente –
qui se substitue aux dialogues, définit l’ambiance et souligne les sentiments.
Speakeasy
est un superbe spectacle, à nul autre pareil. De la haute voltige au sens
propre. Non contents d’être des athlètes plus qu’accomplis, les six héros de
cette histoire se révèlent être de remarquables comédiens. Chacun dans son rôle
est parfait et assume et beaucoup de dérision l’aspect caricatural de son personnage.
J’ai pris un plaisir fou
en assistant à ce show gymnastico-théâtral qui pourrait être sous-titré « Moveeasy ».
Comment peut-on réaliser de telles performances avec son corps ? La
réponse est simple : être doué physiquement, travailler, être humble,
travailler et travailler encore… Grand respect mesdames et messieurs !
Dépêchez-vous, ce spectacle à ne pas manquer ne se joue que jusqu'au 9 mars.
Gilbert « Critikator »
Jouin
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